Le Midi Libre - entretien - L’épouvantable solution (2e partie)
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Edition du 16 Novembre 2011



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Horreur
L’épouvantable solution (2e partie)
16 Novembre 2011

Résumé : Zakia est en colère contre son mari parce qu’il s’oppose au mariage de leur fille avec un jeune homme qui semble être bien en tous points.

Zakia avait du mal à contenir sa colère. - Tu es sourd au souhait de ta fille ! Tu es sourd devant ce que je te dis et c’est moi que tu soupçonnes d’être sourde ? Réveille-toi, Tahar ! Ta fille aura bientôt 30 ans et à cet âge-là, seuls des « vieux » s’intéresseront à elle. C’est ce que tu veux ? Tu as parmi tes connaissances un vieux commerçant milliardaire ?
- Zakia, tu me casses les pieds ! Tu veux que je boive de travers mon café ou quoi ?
- Je te parle de l’avenir de ta fille et toi tu me parles de ton café que tu as peur de boire de travers ? Je vois que je perds mon temps avec toi, Tahar. De toutes les manières, ma fille et moi avons pris notre décision. A 10h, je téléphonerai à cette famille et je lui dirai que nous sommes d’accord pour leur donner notre fille.
- C’est une décision qui n’engage que toi. Le jour de la Fatiha installe-toi en face de l’imam…Et n’oublie pas de mettre ma chéchia du vendredi pour qu’il voie que tu es un homme…Vas-y, téléphone à cette famille… Donne-leur ta fille sans le consentement de son père. Tu ne réussiras qu’à te rendre ridicule dans le quartier ! Tu deviendras la risée de toute l’Algérie !
Ayant dit cela, Tahar avala sa dernière gorgée de café et s’en alla à son travail. Comme elle l’avait prévu, à 10h, Zakia téléphona à la famille qui voulait sa fille et leur dit :
- Je vous appelle pour vous dire que nous serions heureux de voir nos deux familles n’en faire qu’une. Il ne restera plus qu’à fixer toutes les modalités ainsi que les dates des fiançailles et du mariage.
Le soir quand Tahar fut rentré, Zakia lui fit part de son initiative et il entra dans une colère aveugle. Il se mit alors à hurler et lui donna plusieurs gifles. Wahiba était si choquée par la colère de son père et la violence dont il avait fait montre envers sa mère qu’elle sortit de la maison. Elle se rendit chez sa tante maternelle, chez qui il lui arrivait de passer quelques jours chaque fois que le climat à la maison l’étouffait.
Quand elle revint au bout de trois jours, elle fut tout étonnée d’apprendre que son père était parti pour un voyage.
- Mon père est en voyage ? s’étonna-t-elle. Où est-il parti ? A l’intérieur du pays ou à l’étranger ?
- Je ne sais pas… Il m’a juste dit qu’il partait en voyage et qu’il s’absenterait pour quelques semaines…
- Il ne t’a rien dit d’autre, maman ?
- Il ne m’a rien dit d’autre.
- Tu ne sais pas s’il s’agit d’un voyage d’affaires ou d’un voyage de tourisme…
- Mais laisse-moi tranquille, Wahiba ! Tu sais bien que ton père ne me dit pas tout ce qu’il fait…
- Oh ! maman…Tu te laisses faire … Et s’il a une autre femme dans sa vie ?
- Je m’en fous ! Pour le moment tout ce qui m’intéresse est que tu te maries. Tes frères sont mariés et sont partis vivre seuls avec leurs femmes et leurs enfants. Ils auraient pu m’aider à faire entendre raison à leur père…
- Tu sais bien qu’ils n’ont jamais osé lever les yeux sur lui. Cela fait partie de l’éducation qu’il leur a donnée… Il s’agit d’une bonne éducation mais de temps en temps, ils peuvent ne pas respecter les règles de cette éducation trop rigide et rappeler à l’ordre leur père lorsqu’il se fourvoie…
- Bon, maman…Tu t’es disputée avec lui comme d’habitude, tu peux le bouder si tu veux, mais moi, je vais lui téléphoner.
Wahiba eut beau téléphoner, elle recevait invariablement la même réponse de l’enregistrement qui lui disait que l’appareil devait être éteint ou en dehors du champ de couverture.
- Maman, mon père n’a jamais éteint son téléphone…Si la communication ne passe pas c’est qu’il doit être à l’étranger. C’est curieux… parce que d’habitude lorsqu’il part à l’étranger, il prépare sa valise et il ne cesse d’en parler pendant toute la durée des préparatifs. A mon avis… Il a une seconde femme… Que Dieu me pardonne de parler ainsi de mon père…
- Même s’il a deux femmes, je m’en fous !
Deux semaines s’étaient écoulées et Tahar n’avait toujours pas donné signe de vie. Wahiba était rongée par l’inquiétude. Elle téléphona à ses deux frères ainés et ces derniers s’inquiétèrent sérieusement parce que leur père n’avait pas l’habitude d’être cachottier. Le frère cadet de Tahar vint de l’intérieur du pays et se montra à son tour très inquiet.
- Tahar, quand il s’absente, m’avertit toujours… Je suis certain qu’il n’est pas en voyage. Il a dû lui arriver quelque chose… Et j’ai très peur parce que s’il lui est arrivé quelque chose, la police ou la gendarmerie nous aurait avertis… Je pense que nous avons assez perdu de temps. Je vais déclarer sa disparition à la police…
Les enquêteurs de la police, au bout de quelques jours parvinrent à trouver Tahar mais en… différents point de d’Alger et de ses environs… Sa tête avait été découverte à Tamentfoust, entre Bordj El-Bahri et Ain Taya et les autres parties de son corps éparpillées en différents endroits ! Tahar avait été tué puis, suprême horreur, découpé en morceaux !
Après avoir interrogé les membres de sa famille, ses voisins, ses amis, ses proches, les soupçons se dirigèrent vers sa femme ! Wahiba en apprenant que les policiers s’étaient mis à soupçonner sa mère d’avoir tué son père s’était mise à hurler. Pour elle, s’était inimaginable. Mais voilà que la mère finit par avouer : « Oui, je l’ai tué ! J’ai profité de ce qu’il n’y avait personne à la maison et je l’ai tué pendant son sommeil. »
Wahiba eut une syncope et il avait fallu l’hospitaliser. Et pendant qu’elle était à l’hôpital, sa mère fit d’autres déclarations. Les enquêteurs lui avaient demandé qui l’avait aidée à commettre son crime. Après avoir longuement hésité, elle avoua : « Le jeune homme qui voulait épouser ma fille ! Moi, je voulais tout faire pour que ma fille ait un foyer et des enfants et lui, il voulait à tout prix être son mari ! »
Le jeune homme, qui était instruit et aisé, n’avait pas hésité à aider sa future belle-mère à supprimer l’ultime obstacle susceptible de l’empêcher d’épouser la fille qu’il aimait à la folie…Et c’est le cas de le dire, ici. La mère de Wahiba et de son prétendant ont été incarcérés.
Il y a quelques jours, et après que le verdict eut été reporté à trois reprises, ils sont été condamnés à la peine capitale par la cour de Boumerdès. Ils n’ont bénéficié d’aucune circonstance atténuante.
Le jeune homme avait voulu fabriquer un petit scénario pour bénéficier d’une peine moins lourde, en affirmant que c’était lui qui avait tué le père de Wahiba… accidentellement. Comment ? Il s’était rendu chez lui pour le supplier de lui accorder la main de sa fille. Celui-ci lui avait répliqué qu’il était libre de donner sa fille à qui il voulait. Pour lui montrer qu’il n’avait plus envie de discuter avec lui, il lui avait demandé de quitter sa maison. Puis comme il l’avait bousculé, celui-ci se retourna et le frappa. Son coup l’avait fait tomber et sa tête avait cogné mortellement contre un meuble. Pour dissimuler le meurtre, il avait décidé de faire disparaître le cadavre avec la complicité de celle qui devait être sa future belle-mère. Les enquêteurs avaient une autre explication et c’était celle-là qui tenait la route : la mère avait décidé de tuer son mari pendant son sommeil et elle avait sollicité l’aide de celui à qui pouvait profiter ce crime. Une thèse qui glaça le sang tous ceux qui l’avaient entendue parce que la mère avait avoué son meurtre.
Un meurtre qui ne profitera à personne. Et surtout pas à Wahiba…Qui voudra d’elle comme épouse, elle dont la mère a commis le plus horrible des crimes ?

Par : K. A.

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