(2e partie et fin)

Résumé : Manal, 17 ans, ne pouvant plus supporter les colères et la violence de son père aussi bien envers sa mère qu’envers elle, quitte la maison familiale et se rend chez sa grand-mère maternelle habitant Aïn Naâdja. Comme tous les immeubles se ressemblaient, à ses yeux, elle a eu du mal à trouver celui où habitait sa grand-mère. Elle aperçoit un jeune homme d’une vingtaine d’années qui lui avait paru avenant sympathique et elle décide de lui demander de l’orienter.
Le jeune homme se déplaçait d’un pas rapide comme s’il était pressé d’arriver à un rendez-vous pour lequel il était déjà en retard. C’est la raison pour laquelle Manal avait été quelque peu gênée de s’adresser à lui mais en même temps, s’était-elle dit, il valait mieux adresser à quelqu’un de pressé plutôt qu’à quelqu’un qui avait du temps à perdre et qui risquerait de s’avérer collant. La jeune lycéenne allait découvrir, à ses dépens, que sa manière de raisonner n’était pas bonne du tout.
- Excuse-moi, mon frère, tu habites le quartier ? lui demanda-t-elle au moment où il passait devant elle.
- Oui, j’habite le quartier… En quoi puis-je t’être utile petite sœur ?
Elle émit intérieurement un soupir de soulagement. Le fait qu’il l’appelle petite sœur prouvait qu’il avait le sens du respect et de la famille, se dit-elle.
- Voilà, je suis venue voir ma grand-mère mais je n’arrive pas à trouver son immeuble.
- Tu es déjà venue chez elle ?
- Oui, plusieurs fois mais comme à chaque fois je viens avec ma mère … je n’ai jamais éprouvé le besoin de repérer les lieux pour le jour où je viendrais seule.
- Bon… Ta grand-mère a un nom de famille… donne-le moi.
Une fois que le jeune homme eut entendu le nom, il se mit à réfléchir.
- Hum… ce nom me dit quelque chose…
- Si cela peut t’aider, ma grand-mère habite près d’un château d’eau…
- Exactement… c’est dans un des immeubles tout proches du château d’eau que j’ai vu une boîte aux lettres portant ce nom.
- Tu vois ou habite ma grand-mère ?
- Oui, oui… mais je reconnais que pour quelqu’un qui n’habite pas la cité, il est extrêmement difficile de s’y retrouver… Allez, suis-moi…
- D’accord…
Il était un peu plus de 13h et il faisait encore un peu chaud en ce début du mois de septembre. C’est peut-être la raison pour laquelle il n’y avait pas beaucoup de monde dans la cité.
- Voilà, c’est dans cette cage d’escaliers que j’ai vu la boîte aux lettres portant le nom de ta grand-mère. Nous allons vérifier ?
- D’accord…
Dès que la jeune fille fut entrée dans la cage d’escaliers, le jeune homme referma la porte en fer et se transforma soudain en fauve. Manal se mit hurler et des gens du voisinage accoururent, arrachant la malheureuse des griffes du monstre à visage humain. Les deux jeunes gens se retrouvèrent au poste de police. La pauvre Manal s’était retrouvée dans une très mauvaise situation parce que son agresseur n’arrêtait pas d’affirmer que c’était telle qui l’avait provoquée avant de «changer d’avis» au dernier moment pour des raisons qu’il ignorait. Le jeune agresseur, âgé de 23 ans, s’était retrouvé, il y a quelques jours, au box des accusés au tribunal d’Hussein dey. Deux ans de prison ferme ont été requis contre lui. Il sera finalement condamné à une année de prison ferme. Quant à la petite Manal, sa vie s’est «enrichie» d’une autre forme de violence supplémentaire aux séquelles insoupçonnables pour le moment.