L’une des figures emblématiques de la littérature algérienne, à savoir Anouar Benmalek a été avant-hier l’invité du café littéraire organisé dans le cadre de la 16e édition du Salon international du livre d’Alger. Une occasion à travers laquelle il a présenté son nouvel ouvrage «Tu ne mouras plus jamais » et à travers laquel il est revenues sur les événements phares de sa vie lié a son pays natal.
L’auteur de Des amants désunis Calmann-Lévy), de L’Enfant du peuple ancie, de Ô Maria et Le rapt, dont les œuvres furent traduite en dix langues et pour lesquelles il a reçu plusieurs prix, n’a pas manqué de rendre hommage à sa défunte mère «Qui s’étonnera que j’écrive ? Ma généalogie est un roman. Mais aujourd’hui maman est morte. Et le seul roman que j’aimerais écrire, c’est celui de l’amour que je ne lui ai pas assez manifesté», annonce-t-il dans son œuvre.
Nous comprendrons que ce livre est né d’un chagrin incommensurable et d’une colère débordante.
D’abord le chagrin de voir la mort arracher le dernier souffle à sa maman puis de la colère contre les hôpitaux algériens qui en sont la cause, puisque «ma mère a été laissée à l’abandon ».
Il dira à ce propos «il est insupportable de voir autant de mépris envers les malades qui ont le plus besoin d’attention et de
réconfort ».
A l’occasion de cette rencontre il reviendra sur ses écrits caractérisés par une la violence et la colère «j’aurai peut-être écrit des choses plus clémentes si j’avais vécu ailleurs, mais lorsqu’on a vécu en Algérie on n’arrive pas a se détacher de cela ».
Le plus grand regret d’Anouar Benmalek est de n’avoir pas confié à sa mère ses sentiments profonds envers elle «je regretterai toute ma vie le fait de n’avoir pas dit à ma mère que je l’aime ». C’est ainsi qu’il justifiera ce récit autobiographie «je n’ai pas pu écrire autre chose maintenant qu’un récit personnel dans lequel le narrateur et l’auteur n’en font qu’un»
Anouar Benmalek écrivain, poète, nouvelliste, romancier et journaliste, est né d’un mariage mixte (mère marocaine et père algérien) le 11 janvier 1956 à Casablanca. Il est aussi l’auteur de plusieurs œuvres littéraires, l’écrivain a pourtant fait des études dans un domaine autre que la littérature et est professeur de mathématiques à l’université des sciences et des technologies d’Alger à Bab-Ezzouar (doctorat d’État en probabilités et statistique à Kiev et maîtrise de mathématiques à Constantine). Durant cette même époque, Anouar Benmalek était journaliste au quotidien Algérie-Actualité.
Les événements d’octobre 1988 le contraignent à laisser momentanément en marge ses «activités littéraires», pour se mettre entièrement au service d’une autre cause. Il a été l’un des fondateurs, après les émeutes, du Comité algérien contre la torture. Ce n’est qu’en 1998 qu’il décide de reprendre l’écriture, faisant dans la prolifération de romans.
Il obtient plusieurs prix : Médaille de la ville de Rennes (France) pour son activité littéraire, le Prix Rachid Mimouni pour son roman Les Amants désunis ; sélection Fémina, sélection Médicis pour son roman les Amants désunis, traduit en dix langues; et son roman l’Enfant du peuple ancien, traduit en huit langues, obtiendra aussi en 2000 les prix Millepages, celui des auditeurs de la RTBF (Radio Télévision Belge) et le prix RFO (Réseaux France Outre-mer) en 2001, ainsi que d’autres prix tout aussi honorables.
Ses livres ? Un jardin littéraire parsemé de mots, de scènes, d’images et de décors, autant d’éléments qui révèlent une écriture qui fourmille d’imagination. Son univers? L’Algérie. Mais pas seulement. Mais plutôt l’exploration d’une multitude de territoires géographiques (Damas, Beyrouth, Los Angeles, l’Australie, l’Espagne...), attitude qui dénote un souci d’ouverture sur l’extérieur. Sa temporalité ? Passé. Présent. L’un imbriqué dans l’autre. L’un faisant écho à l’autre, une démarche qui attribue à ses fictions une dimension essentiellement contemporaine. Ses personnages ? Des êtres humains ordinaires aux histoires de vie marquées par les blessures de la vie, en quête d’amour et de bonheur. Son œuvre ? Un Livre ouvert qui met en évidence une parole inspirée et qui inspire ; une écriture qui vous touche par l’élégance de son verbe et vous transcende par son amour pour la Liberté et son désir d’Humanité. Tout simplement. Et c’est un coup de projecteur sur l’écrivain et la lumière de grâce qui illumine son esprit inventeur de rêves hors d’atteinte, nichés çà et là, dans les jardins aux secrets mystérieux, que nous propose A. Benmalek à travers cette parole qui dit, témoigne et marque son empreinte dans l’histoire de la littérature algérienne et universelle.
La plupart des écrivains commencent par un ouvrage autobiographie, car cela est nécessaire pour eux afin de dépasser le stade de l’enfance pour arriver à celui de la maturité littéraire. Cela n’a pas été le cas d’Anouar Benmalek qui a d’abord écrit des œuvres de fictions. il racontera ainsi la généalogie de toute sa famille issu d’un métissage méditerranée. De la généalogie tourmentée de sa mère, née des amours, hors normes à l’aube du XXème siècle, d’une trapéziste suisse et d’un Marocain lui-même fils d’une esclave mauritanienne ; de l’histoire de son père, passionné de théâtre, qui s’enfuit de Constantine où il ne pourrait jamais devenir comédien vers un Maroc où finalement il devint professeur ; de leur rencontre digne de mille livres, de mille films : elle à sa fenêtre, lui dans la rue, se regardant, ne disant rien, mais s’aimant déjà ; de tout cela, Anouar Benmalek envisageait de tirer une de ces vastes sagas familiales qui font s’embrasser les siècles et s’épouser les pays.
Mais sa mère vient de mourir. Et c’est un autre récit que l’amour filial lui impose d’écrire. Récit plus intime, même s’il est traversé parfois par des personnages extraordinaires comme cet ancêtre bavarois, Juif peut-être, constructeur de synagogues, cet autre, Suisse, choisissant d’être Allemand à un mauvais moment du siècle dernier, ou cette tante, algérienne, que la passion claquemure tragiquement dans la folie.