Le Midi Libre - Culture - «L’absence» ou les affres de l’exil
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Edition du 21 Septembre 2011



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Cycle de projection cinématographique au CCF
«L’absence» ou les affres de l’exil
21 Septembre 2011

Le film du réalisateur sénégalais Mama Keit, «L’absence» sera projeté aujourd’hui au Centre culturel français d’Alger, dans le cadre de son cycle cinéma organisé chaque mercredi. Prix du meilleur scénario FESPACO 2009, cette projection est une occasion pour les cinéphiles de découvrir ou redécouvrir le cinéma africain.

Dakar, de nos jours. Un taxi jaune et noir se gare dans une cour. En descend un jeune homme, muni pour seul bagage d’une valise à roulettes. Il sonne à une porte de jardin. Adama, polytechnicien de formation, rentre chez lui, après 15 ans d’études passés en France…
L’absence, c’est celle d’Adama aux siens : sa grand-mère, sa cadette Aïcha, son ami d’enfance Djibril. 15 ans de silence, de quasi indifférence puis ce retour fêté dans la joie de la grand-mère et les larmes d’Aïcha. Or, très vite, la présence d’Adama dans la maison met à jour l’état de décomposition dans lequel se trouve la famille Diop. A l’image d’Aïcha qui se prostitue par dépit et par colère envers elle-même, la famille se désagrège, et Adama se sent pour la première fois de sa vie impuissant.
Tout comme cette sœur qu’il lui est devenu impossible d’aider, il y a son pays, le Sénégal, auquel il manque cruellement. «Tu es aux premières loges pour assister à l’agonie de tout un peuple, le tien», lui crie son ancien professeur avant de le congédier, car Adama vient de lui avouer qu’il ne resterait pas travailler au pays. Des dialogues âpres, durs mais riches de sens pour dénoncer le phénomène de la fuite des cerveaux.
Des rues mal famées de Dakar aux scènes de violence à la maison, dans des clubs ou des chambres d’hôtel, L’absence, par son jeu d’acteurs et ses dialogues crus, est un film qui nous empoigne et nous oblige à faire face à des réalités qu’on aimerait bien pouvoir ne pas voir. Au fond, pour Adama, son pays et sa sœur Aïcha relèvent d’une même quête. Il lui faut porter secours à l’un et à l’autre mais sa marge de manœuvre n’est pas bien grande. Tel un héros des tragédies grecques faisant face à des forces qui le dépassent, Adama subira alors un choix qui n’est pas sien.
«Je ne vise pas l’or, nous ne sommes pas aux jeux olympiques. Je suis comme un cuisinier qui, quant il apporte le plat sur la table, pense seulement au plaisir de l’invité», affirme le réalisateur de L’absence. Mama Keita ne pense qu’au plaisir du public.
Le sujet principal traité est surtout l’exil, plutôt la désertion selon les propres termes du réalisateur. Le brillant universitaire est resté figé dans son enfance, difficile enfance d’orphelin. Avec ce jeune homme immature, ayant manqué son évolution d’un point de l’affectif, le réalisateur déporte les spectateurs dans un milieu pervers avec des images obscènes frisant quelquefois la pornographie. Certains spectateurs, dans quelques villes d’Afrique, ont été choqués par la tragédie d’un drame intime mais encore plus par ces images de nudité.
Espérons que les cinéphiles algériens dépasseront, quant à eux, ce stade tabou et transgresseront les idées préconçues de la tradition et de la religion pour des idées basées sur la critique universelle voire universitaire de l’analyse cinématographique.

Par : Kahina Hammoudi

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