Sur le plan culturel, la rentrée sociale rime aujourd’hui avec le Salon international du livre d’Alger( Sila). C’est peu de le dire. Car chaque année les étudiants et les parents accompagnés par leurs enfants se ruent vers le lieu de cet événement dans le souhait de trouver les substances essentielles pour le développement intellectuel de leurs progénitures. Quelles seront les nouveautés cette année ? Les organisateurs vont-il remédier aux lacunes affrontés l’an dernier ? Sur le plan logistique y aura-t-il une meilleure organisation des étals du livre ? Les organisateurs auront –ils raison du taux de l’humidité élevé dans la Khaïma et qui causé plusieurs évacuations des évanouies ?
Le Commissariat du salon international du livre d’Alger à leur tête le commissaire Smaïn Amziane annonce que le Sila cette année, qui soufflera sa seizième bougie, se déroulera du 21 septembre au 1er octobre à l’esplanade du Complexe olympique Mohammed-Boudiaf. Pour aux cette nouvelle édition s’annonce comme un enracinement supplémentaire de cette grande manifestation dans la société ainsi qu’une étape nouvelle de son évolution. «Le Sila parvient ainsi à un âge de maturité à partir duquel un évènement culturel peut se prévaloir d’une expérience et envisager des avancées significatives».
Il est ainsi considéré que le Sila comme étant une tradition culturelle établie et un moment fort de la vie nationale. «Il est reconnu aujourd’hui comme le plus grand évènement culturel national du point de vue de la fréquentation. Il brasse en effet des publics divers représentatifs d’une grande partie de la société. Les enfants, accompagnés de leurs parents et, parfois, de leurs éducateurs, sont devenus des visiteurs d’importance. Les jeunes, et notamment les lycéens et étudiants, manifestent des intérêts divers liés à leurs apprentissages des langues et des savoirs comme à leurs goûts de la fiction ou la curiosité envers les nouveaux univers». Parmi les lectorats plus âgés se retrouvent des enseignants et des cadres passionnés par leurs domaines d’activités, mais également par les différentes formes de littérature. Ce rendez-vous est aussi celui de l’affirmation de la place des femmes dans le monde du savoir et de la création. Nombreuses, elles sont devenues un public privilégié du Sila. Enfin, ce rendez-vous est celui de toutes les générations dont la rencontre autour du livre exprime un lien symbolique fort.
Il est à noter que, lors de la dernière édition, les entrées, comptabilisées électroniquement par les portiques de sécurité, ont atteint plus d’un million deux cent mille visiteurs ! Ce chiffre, particulièrement encourageant pour l’avenir de la lecture dans notre pays, fait du Sila une des manifestations du genre parmi les plus importantes au monde.
La fréquentation d’un Salon du livre n’est pas un indicateur suffisant de sa qualité, mais il exprime son attractivité et son audience dans un pays. Il est aussi un révélateur de l’intérêt d’une société pour le livre et la lecture. Les Algériens et les Algériennes portent en eux un potentiel énorme en la matière, et l’importance comme la diversité de leurs besoins soulignent la nécessité d’une meilleure diffusion du livre mais, aussi, du développement de la lecture publique engagé à travers un programme important de construction de bibliothèques. En se positionnant favorablement au niveau international, le Sila attire aujourd’hui des participations plus larges.
Un carrefour professionnel
La 15e édition du Sila a connu une augmentation de 30% de la participation par rapport à celle de l’année précédente avec 460 stands dont 320 étrangers issus des cinq continents. Ainsi, le Sila permet aujourd’hui de présenter une vitrine conséquente de l’édition internationale tout en jouant son rôle prioritaire de promotion de l’édition algérienne.
Ce regroupement exceptionnel de professionnels de l’édition est l’occasion d’échanges intenses d’expériences et de points de vue sur la situation du livre dans le monde. Il permet également aux éditeurs de rencontrer les autres opérateurs de la chaîne du livre (diffuseurs, libraires, imprimeurs…) et d’envisager ou de conclure des collaborations.
Fête populaire du livre, le Sila est aussi un lieu et un moment privilégiés de réflexion et de travail sur des projets d’édition, de coédition, de traduction ou de cessions de droits.
Le livre au service de la culture
En tant que support et véhicule de la culture, le livre ouvre des champs immenses de réflexion et d’expressions que le Sila accueille à travers un riche programme de conférences, de tables rondes et d’échanges intellectuels de diverses formes. Cette année, ce volet du Sila sera particulièrement fourni et embrassera, comme lors des éditions précédentes, les univers de la littérature, des sciences humaines, de l’histoire, des arts, etc. Ce programme permet surtout, en dehors des séances de dédicaces dans les stands, d’offrir aux lecteurs et lectrices des rencontres directes avec les auteurs autour de leurs oeuvres et de leurs visions sur l’édition et le monde. Ces occasions précieuses de discussion avec des écrivains, confirmés ou montants, sont particulièrement appréciées par les visiteurs du Sila par leur caractère convivial et leurs débats souvent passionnés.
Le pays du Cèdre, l’invité d’honneur
Après avoir accueilli la Palestine en 2009 puis la Suisse en 2010, le Sila propose pour cette 16e édition un autre pays arabe, le Liban, dont la littérature et l’édition présentent une histoire et une expérience particulièrement édifiantes. Dans la période moderne de l’histoire du Monde arabe, ce pays a joué un rôle précieux dans la diffusion de la connaissance et des expressions. Contrée de grands traducteurs, le Liban a été, et demeure, une passerelle indispensable de la littérature arabe dans le monde. L’édition de dictionnaires bilingues et trilingues et les recherches sur la langue arabe font partie des apports estimés de ce pays. Aujourd’hui encore, sa contribution à l’édition du monde arabe et sa participation, à travers de nouveaux auteurs, à l’affirmation de la littérature arabe contemporaine sont reconnues. Les visiteurs du Sila pourront rencontrer certains de ces auteurs parmi les plus en vue ainsi que des professionnels libanais du livre.
Après le Panaf…
c’est toujours le Panaf
La 14e édition du Sila en 2009 avait coïncidé avec la tenue du deuxième Festival culturel panafricain d’Alger, quarante ans après la première, restée gravée dans les mémoires. A cette occasion, le Sila avait réservé une large place aux littératures africaines. De là est née l’idée de l’«Esprit Panaf» en tant qu’espace inclus définitivement dans le programme du Sila.
Accueillant des écrivains, des éditeurs et des critiques de l’ensemble du continent, l’Esprit Panaf se veut l’affirmation d’une appartenance et, surtout, la mise en œuvre d’une promotion des expressions littéraires africaines, trop souvent négligées. L’Esprit Panaf sera donc au rendez-vous de cette seizième édition avec toute la passion et la raison qu’il mérite. Les visiteurs du Sila pourront ainsi retrouver ou découvrir des auteurs dont les œuvres les touchent directement.