Les colonisateurs qui ont envahi le monde musulman juste après la chute du dernier rempart à Grenade ont œuvré d’abord pour l’émiettement de la nation islamique en s’attaquant directement à sa foi authentique.
Leur but étant de rendre aisée, au fil du temps, sa défaite sur le plan de la pensée et du dogme, ils n’hésitèrent pas à envoyer en éclaireurs les différentes missions ecclésiastiques pour un jeu double que l’on désignait à l’époque sous la terminologie de la politique de la carotte et le bâton. Côté officiel, le colonisateur est venu pour civiliser, la preuve en sont ces écoles des pères et sœurs blancs, qui non seulement dispensaient de l’enseignement, de l’apprentissage et des soins aux autochtones, le tout gracieusement offert.
Côté officieux, c’est toute l’armada occidentale qui s’installe, pille, tue et saccage, en accaparant, en toute impunité, les terres les plus fertiles ainsi que les richesses du sol et du sous-sol.
Dans leur plan diabolique, ils utilisèrent tous les subterfuges possibles et imaginables jusqu’à créer dans certains pays la notion des nationalités, tendant à affaiblir la conviction islamique qui lie tous les Musulmans et faisait autrefois leur force. ‘‘Viendra le jour où toutes les nations s’uniraient contre vous et vous serez dévorés pareil à une meute dévorant sa proie. Est-ce parce que nous serons peu nombreux ce jour là ? Au contraire, vous serez très nombreux, seulement votre force sera pareil à l’écume d’une rivière.’’
Dans leur entreprise, les colonisateurs allèrent jusqu’à diviser les nationaux pour éliminer les facteurs d’unité au sein d’un même pays. Les choses allèrent si vite que certains prêchèrent sous des prétextes divers, l’abandon, de la langue au profit d’une autre et sa substitution parfois, même par des dialectes locaux. Une fois cette première phase réussie, il fallait passer à la deuxième étape consistant à substituer les valeurs occidentales à celles de l’Islam. Pour ce faire, ils s’attaquèrent directement à l’essence d’une natio, à savoir son éducation. La référence exclusive aux études orientalistes dans les affaires islamiques et les changements des systèmes et des programmes d’enseignement dans le monde musulman ont été décrétés comme une priorité. De par sa puissance et sa force, le colonisateur instaura différents modes de vie et de mesures par le biais d’éléments allogènes qui s’établirent en pays musulmans. Ces modes de vie ne tardèrent pas à s’étendre au domaine de la pensée et de la vie sociale. Pour mieux faciliter les rapports du colon et faire admettre le fait colonial, l’Etat occidental imposa sa propre langue et sa propre culture dans les pays conquis.
Le meilleur exemple de ces faits est illustré par des plans spécifiques consistant à élaborer la politique de l’enseignement dans un pays musulman antique. Ce plan tendait à écarter l’université d’El-Azhar du rôle de direction non seulement en Egypte, mais dans l’ensemble des pays musulmans. L’Université d’El-Azhar se débattait à l’époque dans les mêmes problèmes dont souffraient toutes les autres institutions.
C’est ainsi que les écoles gouvernementales ouvrirent leurs portes. Les nouveaux diplômés étaient recrutés à de hauts salaires et l’on assista peu à peu au déferlement d’élèves dont le but était d’occuper des postes. Il ne resta plus à l’Université d’El-Azhar que les parents pauvres. Progressivement, les matières culturelles diminuaient et, comme par hasard, elles étaient dispensées à la fin de la journée, c’est-à-dire au moment où la capacité d’assimilation de l’étudiant se trouve annihilée. La politique de Dunlop ne s’arrêta pas là. Il fonda les établissements secondaires qui contribuèrent à la relance des Croisades, en ce sens que ces établissements excluaient de leurs programmes tout ce qui a trait à l’Islam.
( à suivre)