D’importantes quantités de figues précoces, communément appelés "bakour" sont proposées, durant ces premiers jours de Ramadhan, dans les marchés de fruits et légumes de la wilaya d’El Tarf. Cédé entre 120 et 150 dinars le kg, selon le calibre et le degré de mûrissement, ce fruit semble faire le bonheur des jeûneurs dont quelques-uns, aisés et partant peu regardant en matière de prix, en emportent par paniers entiers. Le prix de ce fruit, disponible à profusion, sera toutefois forcément revu à la baisse dans peu de jours, avec l’arrivée du "hendi" (figue de barbarie) et des figues fraîches qui "feront de l’ombre"’ au bakour dont les vendeurs, concurrence oblige, devraient "casser" les prix. C’est du moins l’opinion de Abdelmadjid, qui s’empresse cependant de faire la chaîne pour s’offrir cette "gâterie", apparemment peu enclin, en ce qui le concerne, d’attendre l’arrivée du hendi et de la figue fraîche ! Les boxes des marchés n’ont pas le monopole de la commercialisation de cette figue précoce et si appréciée. Installés à même les trottoirs, des marchands ambulants, généralement des jeunes, parfois même des enfants, vantent leur produit à gorge déployée, réussissant à attirer des clients aussi sensibles aux cris de ces jeunes gens qu’aux gargouillis de leurs estomacs. Interrogés sur la provenance de ces fruits, des enfants pratiquant leur commerce dans un esprit de bon voisinage répondront, le menton haut, qu’ils proviennent de "leurs" figueraies. Salim (11 ans) assure, devant un énorme cageot de figues qu’il propose au bord de la route, que la production de cette année est "assez bonne". Il peut donc se permettre d’en "vendre quelques kilogrammes pour avoir de l’argent de poche et pouvoir faire plaisir à (sa) maman, ce soir, en achetant (lui)-même la zlabia". Au regard du nombre d’automobilistes immobilisés sur les bas-côtés de la RN 84-A (El Kala-Annaba par Berrihane) pour se payer quelques bakours, à un prix moins cher qu’au marché, c’est pendant tout le mois sacré que Salim pourra faire plaisir à sa maman.