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Edition du 9 Août 2011



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Cheikh El Hasnaoui
Le chantre de l’exil
9 Août 2011

Sa vie n’a pas été de tout repos. Il n’a cessé de chanter sa Kabylie. Elle était dans tous ces rêves. Cheikh El Hasnaoui était l’image même de ce proscrit arraché à sa terre, aux siens, à son identité... L’exil amer fut le fruit d’une liberté recherchée, d’un amour interdit et d’une solitude meurtrie.

Il a fait couler de l’encre. D’ailleurs le journaliste et écrivain Rachid Mokhtari lui a rendu un hommage personnel et tranchant dans son livre Cheikh El Hasnaoui, la Voix de l’errance paru aux éditions Chihab en 2002. il soulignera ainis que « Face à cet exil de la passion, Cheikh El Hasnaoui a déconstruit le modèle chaâbi ». « Le corps de ses mélodies, bien que constituant une macro-chanson thématisée, est erratique comme l’absence du corps aimé. Télégraphiques, conçues comme des appels fulgurants au manque passionnel de l’amour tardif et à la carence maternelle, ses chansons sont brèves car elles ne peuvent se permettre, quand la voix a perdu sa référence fondatrice, la répétition, la redondance ».
Cheikh El Hasnaoui est né le 23 juillet 1920 à Taâzibt (Ihasnaouène à 9 km seulement de Tizi-Ouzou) sous le nom d’état civil de Mohamed Khalouat. Mais les gens l’appelaient communément Si Moh n’Amar u Moh.
Il a eu une enfance douloureuse puisqu’il a perdu sa mère (après une maladie suite à la perte de deux enfants) alors qu’il n’était qu’un enfant. Entre temps, son père avait été enrôlé par l’armée française pour aller se battre (Première Guerre mondiale). Il s’est donc retrouvé tout seul. Parti à Alger avec l’espoir de retrouver des membres de la famille de sa mère, il fit plusieurs boulots pour survivre. Démobilisé à cause d’une blessure, son père revint au pays et le ramena à la maison. Juste pour quelques années, le temps de découvrir que ce milieu ne lui convenait plus, et qu’il ne pouvait pas lui permettre d’exercer son talent. Il repartit donc à Alger et le hasard a voulu qu’il rencontre El Anka et Nador. Il les côtoya, se frotta à eux tout jeune pour leur montrer son talent. C’était en chantant dans des soirées qu’il se fit remarquer. A 16 ans il revint dans son village et au bout de quelques années, déçu par son milieu et par cet amour qu’on lui refusait, il retourna à Alger avant de s’exiler définitivement en France, en 1936 ou 1937. C’est en France qu’il vécut le plus d’années, mais sans côtoyer trop de monde. Son premier disque est sorti en 1949. On raconte que les seuls Kabyles avec lesquels il s’était vraiment lié d’amitié sont Iguerbouchène et Fathma Zohra. A 68 ans (1988) il s’installa avec sa femme Denise à St-Pierre (Ile de la Réunion). Il a même été rejoint par d’autres chanteurs, Behdja Rahal et Abdelli. Ce fut dans cette île qu’il rendit l’âme à l’âge de 92 ans, le 6 juillet 2002, sans laisser de descendance.
Mehena Mahfoudi est le premier à écrire sur El Hasnaoui. Il lui a fallu 4 voyages à l’île de La Réunion (le dernier pour les funérailles) pour le rencontrer et écrire El Hasnaoui, chanteur algérien moraliste et libertaire.
Il a composé plus de 74 chansons dont 37 en Kabyle. Il a chanté l’exil et l’émigration mais surtout l’amour. Peut-être à cause de celle qu’il aimait et qui lui a été refusée.

Par : Kahina Hammoudi

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