Les transporteurs, assurant les liaison entre les wilayas de Tizi Ouzou, d’Alger, de Boumerdès, de Bouira et de Béjaïa sont en grève illimitée depuis près de deux semaines. Les raisons de la colère sont dues à la décision prise par la direction des transports d’attribuer la désormais ex-gare routière située au centre-ville aux taxis alors que les bus, eux, seront transférés vers la nouvelle station dite intermodale de Kaf Naâdja.
Cette mesure prise à la hâte et sans consultation préalable des concernés, à savoir les propriétaires des bus, a provoqué une réaction négative et énergique de la part de ces derniers qui disent refuser de céder au «chantage». Il faut reconnaître que dans le fond, la décision prise par la wilaya de délocaliser l’ensemble des stations de transport situées au centre-ville est louable à plus d’un titre. Un tel choix est judicieux dans la mesure où il a permis de désengorger complètement la ville. Désormais, les bouchons interminables qui paralysaient parfois carrément la cité sont inexistants. Toutefois, il aurait été souhaitable, de l’avis des transporteurs, que les choses se fassent avec moins de précipitation et de manière plus réfléchie. Les commodités dans les nouvelles stations mises en œuvre depuis la mi-juin dernier n’existent pratiquement pas. A titre d’exemple, la station de fourgon située au lieu dit le Pont de Bougie n’est quasiment pourvue d’aucun confort. «Il n’y a même pas de sanitaires ni d’endroit où s’abriter contre le soleil ou la pluie», déplore une vieille femme, visiblement décontenancée par ce changement inopiné pour elle. Il est vrai que des petits abris ont été aménagés mais ils pourraient contenir, à tout casser, huit voyageurs. Quand on sait que le nombre de personnes qui empruntent cette destination se compte par milliers, il est évident que cette station ne pourrait pas faire l’affaire. Ceci sans oublier l’aspect économique car avec cette délocalisation, le prix d’un aller vers les localités des communes de Boudjima, Ouaguenoun et Aït Aïssa Mimoun augmentera systématiquement de 15 DA. Donc, le trajet aller-retour enregistrera une hausse de 30 DA. Pour un travailleur, cette augmentation est l’équivalent de
900 DA par mois, ce qui n’est pas rien pour un simple fonctionnaire. Ajoutez à cela les désagréments qu’engendre le fait d’être contraint à chaque fois de recourir à une escale. Le bus qui relie cette station et les autres vers le centre-ville ne démarre qu’une fois plein alors qu’il est d’une capacité qui dépasse les soixante places.
Un petit calcul fait ressortir que pour un trajet de 22 kilomètres, il faudrait un peu plus d’une heure et demie de temps, donc trois heures en aller-retour. «Ce sont donc à tous ces paramètres que les responsables de wilaya du secteur des transports n’auraient pas pensé ou du moins
négligé», souligne un employé au siège de la wilaya habitant dans la commune d’Aït Aïssa Mimoun et qui est obligé de prendre le fourgon matin et soir. Le constat est le même pour la majorité des autre stations. C’est le cas par exemple de la nouvelle station de la daïra d’Ath Douala située dans un endroit complètement isolé et où il n’y a pas âme qui vive. Cette station n’est pas non plus dotée du strict minimum en matière de commodités. «Il n’y a même pas des sanitaires», déplore un transporteur assurant la ligne Tizi Ouzou-Aït Aïssi.
Mais le problème crucial reste celui de la station des bus interwilayas, les transporteurs des autres destinations ayant trouvé un terrain d’entente avec les autorités wilayales. Les premiers qui payent les frais de cette situation, ce sont les voyageurs qui sont obligés de rallier régulièrement Alger. Leur calvaire est indescriptible. Certains fraudeurs profitent de cette crise et de cette grève pour fixer le prix d’un trajet Tizi Ouzou-Alger à 1.500 dinars alors que le prix de la même distance par bus est de 120 DA. Les voyageurs sont ainsi contraints d’avoir recours au train lequel n’est pas non plus bien indiqué car il ne s’agit pas d’un train express et il marque des arrêts à chaque localité se trouvant entre Alger et Tizi-Ouzou. Mais pour l’instant, à défaut de mieux, les voyageurs optent pour cette solution.