Le documentaire "Rencontre à Djelfa"est un documentaire projeté mercredi dernierà Alger en avant-première, reflète à travers une amitié sincère et durable tissée entre un nomade sédentarisé et un missionnaire français dans la région de Djelfa, des valeurs humaines qui dépassent l’aspect religieux ou culturel. Pendant 52 minutes, le documentaire réalisé par Mohamed Chérif Béga, met en avant une histoire réelle mais exceptionnelle de deux hommes hors pairs. Leur passion pour l’art rupestre a fait d’eux deux personnes inséparables, unies par l’amour des trésors archéologiques légués par les premiers hommes, dont l’empreinte est restée gravée à jamais sur les rochers. Il s’agit d’une histoire à la fois originale, distinguée et saisissante d’El Hadj Delloula Bellabès (nomade sédentarisé) et le père François de Villaret, venu en Algérie en 1935, qui se sont connus en 1965 à Djelfa, une région de l’Atlas tellien riche en sites et monuments historiques datant de l’âge de la pierre, où l’homme affrontait encore la nature et ses aléas avec des moyens primitifs. L’intérêt qu’accordaient les deux hommes à la préhistoire et à l’anthropologie les a poussés à s’investir avec dévotion dans l’exploration des parcs archéologiques à ciel ouvert de la région, sans aucune formation dans le domaine. Leur amour éprouvé pour les peintures et les gravures rupestres a "accouché" d’une amitié solide surpassant tout ce qui "devait" les opposer (religion, culture et histoire). Réalisé en 2011, même si l’idée du film était née en 1993 lors d’un repérage pour un documentaire sur le sel à Djelfa, le film comporte des témoignages vivants d’El Hadj Bellabès et du père de Villaret, appelé par les gens de la région "Abderrahmane le Marabout", sur les moments vécus ensemble à la recherche et le recensement des gravures rupestres préhistoriques et autres objets de l’époque, ainsi que les orientations qu’ils fournissaient aux équipes d’archéologiques. D’autres témoignages élogieux de personnes de la région ainsi que de l’archéologue Malika Hachid pour les deux concepteurs du musée de la ville de Djelfa, autrefois centre de torture et dans lequel El hadj Bellabès a subi toutes sortes de supplices, ont marqué le documentaire, produit par "Machahou" de Belkacem Hadjadj.
En somme, le documentaire est fait de paroles spontanées mais riches en émotions. Ces paroles, qu’elles soient émises par les deux principaux hommes, des autres témoignages ou encore du commentaire qui les entrecoupait, écrit par le chercheur Ahmed Benaoum, étaient lourdes de sens. Elles résumaient l’acceptation de l’autre dans sa différence, religieuse ou culturelle.