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Edition du 19 Mai 2011



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Bahiyyih Nakhjavani à Alger
Un nouveau regard, une nouvelle littérature
19 Mai 2011

Dans le cadre des rencontres littéraires initiées par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) en partenariat avec les éditions Actes Sud, l’écrivaine iranienne Bahiyyih Nakhjavani sera le samedi 21 mai à partir de 16h l’invitée d’honneur de Diwan Dar Abdellatif.

Après l’écrivain libanais Jabbour Douaihy qui a été l’écrivain phare le 7 mai passé, l’AARC renoue avec les événements culturels originaux avec cet autre invité. Depuis novembre 2010, l’AARC, le Diwan Dar Abdellatif, en partenariat avec les éditions Actes Sud, propose un cycle de rencontres avec des écrivains issus des cinq continents. Le Diwan Dar Abdellatif a déjà reçu Nimrod, Luigi Guarnieri, Andreï Guelassimov et Emmelene Landon. Jusqu’à juin 2011, il accueillera Jabbour Douaihy, Bahiyyih Nakhjanvani, Waciny Laredj, José Carlos Somoza, Mathias Enard et Farouk Mardam Bey. Ainsi, avec cet événement organisé depuis 2009, l’AARC, par le biais de Diwan Dar Abdellatif, fait de son espace un lieu pour des échanges culturels ouverts aux artistes de toutes disciplines, écrivains, chercheurs et acteurs divers de la vie culturelle. Diwan Dar Abdelatif vise, en effet, à donner de la visibilité à leurs créations et idées et à leur offrir des occasions de rencontre avec les publics dans un cadre magnifique qui incarne l’histoire culturelle du pays. C’est un programme qui se déroule principalement à Dar Abdellatif mais rayonne aussi dans divers lieux culturels. Des thèmes nouveaux et originaux sur les divers territoires de l’art ont été proposés au Diwan Dar Abdellatif en privilégiant les aires géoculturelles du Monde arabe, de l’Afrique et de la Méditerranée. Bahiyyih Nakhjavani est née en Iran, mais elle a grandi en Ouganda et a fait ses études secondaires et universitaires en Angleterre et aux Etats-Unis. Elle s’est consacrée durant ces vingt dernières années, dans diverses régions du monde, dont en Belgique, à l’enseignement de l’anglais, des littératures anglophones et de l’art. Elle vit actuellement en France.
Son premier roman, La sacoche, paru en 2000 en anglais The Saddlebag, a rencontré un succès international. Traduit dans de multiples langues, le livre raconte l’histoire d’une sacoche singulière. Au milieu du 19e siècle, une caravane de voyageurs progresse dans le désert sur une route proche de La Mecque. Se croisent alors neuf destinées qui toutes basculent au moment où chacune entre en possession de cette sacoche remplie de textes dont la teneur reste mystérieuse. Se succèdent un voleur romantique épris de liberté, une jeune fiancée mystique, un chef de bandits fier de sa puissance, un changeur roublard, un pèlerin menant une quête spirituelle nihiliste, un religieux inquisiteur à la dévotion excessive, un espion de Sa Majesté déguisé en derviche et enfin un cadavre. L’une des raisons ayant poussé Bahiyyih Nakhjavani à écrire ce livre était de voir comment les chemins de personnes de races, de cultures et d’origines différentes pouvaient se croiser et se recroiser par pur hasard, tout en ayant un sens. Si cela est possible à travers un roman, il n’y a pas de raison que cela ne puisse pas également être utilisé comme une métaphore valable à d’autres niveaux : politique, religieux, économique. En 2003, elle a publié son deuxième roman, « Les rêves du scribe » The Dreams of A Scribe.
En octobre 2007, elle publiera chez Actes Sud, La femme qui lisait trop, histoire dédiée à une femme «en avance sur son temps» qui vécut en Perse au 19ème siècle. La trame de ce dernier ouvrage se passe à Téhéran, seconde moitié du XIXème siècle : la cour du shah fourmille d’intrigues de palais, complots et autres tentatives d’assassinat plus ou moins abouties, sous l’ironique et cruel regard de la mère du souverain persan... Voici que cette fois, pourtant, ce très ancien royaume va se trouver ébranlé non tant par les menées factieuses des uns ou des autres (menées qu’observe l’ambassadeur de Sa Royale Majesté la reine d’Angleterre) mais par l’irruption inattendue d’une poétesse fort lettrée dont, d’un bout à l’autre du territoire, les vers et les propos semblent agir sur quiconque en prend connaissance comme de puissants catalyseurs d’énergies « subversives » voire
« hérétiques » : entre ces deux adjectifs, que certains sont tentés de prendre pour des synonymes, reste à savoir qui, de la poésie ou de la violence, va trancher... A travers la figure historique de la poétesse Tahirih Qurratu’l-Ayn, à laquelle la postérité se montra si peu soucieuse de rendre justice, et qui osa, en femme libre et en exceptionnelle rhétoricienne, affronter au péril de sa vie les tenants du pouvoir tant séculier que théologique de son temps, Bahiyyih Nakhjavani met en scène les enjeux éternels - et plus incandescents que jamais aujourd’hui - de la liberté d’expression dès lors qu’elle s’affronte aux puissants comme aux dogmes religieux. Ecrit dans une langue étincelante, qui croise subtilement les fils de l’Histoire, de la religion, de l’art et la question de la condition féminine, ce roman propose, sur le mode d’une fiction historique, une réflexion d’une indéniable actualité.

Par : Kahina Hammoudi

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