Le Midi Libre - Culture - Une édition dédiée au regretté M’hamed Issiakhem
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Edition du 4 Mai 2011



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3e festival international d’art contemporain au MAMA
Une édition dédiée au regretté M’hamed Issiakhem
4 Mai 2011

« Je considère qu’un pays sans artistes est un pays mort. J’espère que nous somme vivants », avait l’habitude de dire le grand artiste algérien, M’hamed Issiakhem.

Dans le cadre de la tenue du 3e Festival international d’art contemporain d’Alger, le Musée national d’art moderne et contemporain (Mama) organise à partir d’aujourd’hui et ce jusqu’au 30 juin prochain une exposition de peinture à l’occasion de la commémoration du 20e anniversaire de la disparition de l’artiste peintre M’hamed Issiakhem. Le vernissage de cette exposition est prévu aujourd’hui de 18 heures à 20 heures. L’ouverture pour le grand public est prévue à partir de demain. A travers cet hommage, les organisateurs prévoient deux conférences la première le 7 mai sous le thème «Khadda, l’art de décliner son identité en termes d’avenir», la seconde pour le 8 mai sous le thème «Les modernités hors d’Europe». Kateb Yacine, un ami d’Issiakhem, avait déclaré l’avoir «vu, plus d’une fois, finir une toile en quelques heures, pour la détruire tout à coup, et la refaire encore, comme si son œuvre était une grenade qui n’a jamais fini d’exploser dans ses mains». Le 17 juin 1928 nait Mohamed Issiakhem qu’on surnommera plus tard M’hamed, à Taboudoucht des Aït Djennad ( Azeffoun) en Kabylie. A partir de 1931, son père, gérant de hammam à Relizane, le ramène dans cette ville. Il vit ainsi sa première enfance séparé de sa mère. En 1934, début de scolarité à l’école indigène de Relizane. Œil de lynx, comme le surnomme son ami Kateb Yacine, pour sa clairvoyance, il disait de lui : « C’était un narrateur inépuisable. Il me racontait son enfance, sa vie de tous les jours jusqu’à notre rencontre. Il se livrait entièrement, ce qui ne l’empêchait pas d’affabuler et de brouiller les pistes, lorsqu’il se laissait prendre au charme du récit. Il devenait alors un grand écrivain, sauf qu’il parlait au lieu d’écrire. » En 1942, débarquement des troupes alliées anglo-américaines. En 1943, à l’âge de quinze ans, Issiakhem manipule une grenade, ramassée dans un camp militaire américain. Dans l’explosion deux de ses sœurs et un neveu meurent, il sera lui-même amputé d’un avant-bras. La souffrance algérienne durant les années de guerre comme celle qu’endure le Tiers Monde dans la revendication de sa liberté ne cesseront de réactiver le climat angoissé de sa peinture qui exorcise tout à la fois les douleurs d’un drame personnel et les violences de l’histoire collective. Dans une solidarité rageuse avec les femmes et les hommes sous toutes les latitudes murées dans le silence de la misère ou de l’oppression, le geste d’Issiakhem fait surgir de pâtes épaisses tous les visages du malheur. Les célébrations de l’univers maternel, d’une sérénité dont le peintre s’est trouvé privé, constitueront autant de conjurations du tragique de la condition humaine. Issiakhem est placé, avec Aksouh, Ben Anteur, Guermaz, Baya, Khadda ou Mesli, parmi les artistes de la « génération de 1930 » (tous ces peintres étant nés autour de cette année) qui, après les précurseurs des années 1920, ont été les fondateurs de l’art algérien moderne. Elève de Omar Racim, Issiakhem fréquenta l’Ecole nationale des Beaux-arts d’Alger de 1947 à 1951, puis celle de Paris de 1953 à 1958. Enseignant à l’ENBA d’Alger et y exerçant plusieurs responsabilités, il « collabora » à Alger républicain. Facette méconnue du comparse du père de Nedjma, Issiakhem a même exercé en tant qu’ergothérapeute pour enfants handicapés mentaux dans une clinique française. Il fonda en 1963 l’Union nationale des artistes peintres (UNAP). En 1967, il réalisa les illustrations de Nedjma de Kateb Yacine et participa, la même année, à la réalisation d’un film pour la télévision «Poussière de juillet». De 1965 à 1982 il crée les maquettes des billets de banque et de nombreux timbres-poste algériens. Il dirige en 1977 la réalisation d’une fresque pour l’Aéroport d’Alger. En 1978 Issiakhem séjourne quelques mois à Moscou et reçoit en 1980 le Premier Simba d’Or (Lion d’Or) de Rome distinction de l’UNESCO pour l’art africain. M’hamed Issiakhem s’éteint le 1er décembre 1985 à Alger, des suites d’une longue maladie. Un ami fidèle, assure le sociologue Benamar Mediene, qui a beaucoup écrit sur lui en ces termes : «Devant sa peinture, Issiakhem est le déconcertant, le paradoxal, l’irrévérencieux démiurge qui, dans sa lucidité prophétique, avale de la poudre à canon et allume une cigarette. L’art, pour lui, est toujours un risque qui engage l’existence même de celui qui l’assume.»

Par : Kahina Hammoudi

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