La musique traditionnelle avec ses divers genres : andalou, hawzi et populaire, constitue un art authentique du patrimoine artistique que recèle la ville de Tlemcen, qui la préserve jalousement, transmise de génération en génération.
Tlemcen, qui accueillit depuis 1212 un nombre important d’immigrants andalous, a hérité d’une grande partie de l’art de Cordoue, Séville et Grenade, selon des sources historiques qui indiquent que " les rois zianides ont encouragé les Andalous à venir s’installer à Tlemcen".
Par conséquent, plusieurs savants, érudits et artistes trouvèrent une place honorable au sein de l’Etat zianide occupant des postes supérieurs, ce qui permit de développer plusieurs domaines dont l’art, a-t-on rapporté.
Après la chute de Grenade en 1492 qui fut le berceau de la musique andalouse, plusieurs de ses musiciens et chantres vinrent s’installer dans la capitale des Zianides ce qui permit de constituer de nombreux clubs et orchestres ayant contribué grandement à la relance du patrimoine musical en instituant une véritable école de l’art andalous.
Cheikh Larbi Bensari fut l’un des pionniers qui avaient porté le flambeau de cet art en le sauvegardant jalousement à l’époque du colonialisme français, en représentant l’Algérie dans diverses occasions dans des villes arabes et islamiques comme le Caire, Damas, Istambul.
Illustres figures de l’art andalou
D’autres figures artistiques avaient également émergé à cette époque, à l’instar de Cheikh Abdelkrim Dali, Cheikh Redouane, Cheikha Tetma et El Hadj Mohamed Bouali.
Les efforts de ces figures illustres de l’art andalous ont encouragé la création de plusieurs associations et orchestres dont "Riad El Andalous", "Gharnata", "Ahbeb cheikh Larbi Bensari", "El Kortobia" et "El Mouahidia".
Ces associations sont devenues au fil du temps de véritables écoles de formation pour les amateurs de cette musique en l’absence d’un conservatoire, comme l’a souligné un musicien qui demeure, par ailleurs, optimiste quant à la réalisation d’un centre d’études andalous dans la région de Mansourah par le ministère de la Culture.
Ce patrimoine musical authentique bénéficie d’une attention particulière dans la manifestation "Tlemcen, capitale de la culture islamique", qui prévoit un bon nombre de colloques, de festivals, de films documentaires et des expositions dans ce domaine.
Parmi ces rencontres, le festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes, le Festival national de la musique hawzi et le colloque international sur "La poésie et la musique andalouse : l’école de Tlemcen comme exemple". Il est également prévu la projection de plusieurs films documentaires mettant en exergue le patrimoine immatériel comme le chant andalou, hawzi et le chant fémnin connu sous le nom "hawfi".
Ces festivals et colloques sur la musique classique constitueront une opportunité pour les amateurs de cet art séculaire de faire la distinction entre la musique andalouse qui a vu le jour dans la ville de Grenade avant de se déplacer vers des villes arabes du Maghreb et d’Orient et le hawzi qui est né et développé à Tlemcen et transmis de génération en génération de manière orale, demeurant jusqu’à présent sans aucune transformation ou déformation.
Selon certains musicologues, le hawzi diffère de l’andalou dans la langue utilisée puisqu’il est chanté en dialecte et rythme locaux puisqu’il utilise le berouali.
Le printemps inspirateur du chant hawzi
Les thèmes abordés dans le chant hawzi sont souvent liés à la nature eu égard au grand attachement de ces poètes à la beauté naturelle, ce qui a permis de créer un genre poétique appelé "rabiiyate" en relation avec le printemps, inspirateur des poètes et des artistes. Le chant hawzi aborde aussi certains aspects romantiques, sociaux et religieux.
Cependant, le thème qui se taille la part du lion dans ce genre musical est sans conteste celui de la nostalgie au pays, comme chez Ahmed Bentriki (19ème siècle) qui vécut hors du pays.
La poésie hawzi ne diffère pas beaucoup de la poésie arabe ancienne puisqu’elle a conservé l’ancien concept de poésie puisqu’il donne une autonomie à chaque ver de la qacida dont certains comportent un proverbe ou un dicton.