Une conférence qui paraît intéressante s’ouvre aujourd’hui au Centre culturel français d’Alger. Elle a pour intitulé « Maghreb et Moyen-Orient dans la mondialisation ». Programmée de 17h à 19 h, elle sera donnée par le géographe Bouziane Semmoud, docteur d’Etat, professeur à l’Université Paris 8 et chercheur au CNRS.

La problématique est formulée ainsi : « Source majeure d’énergie, siège d’un des conflits politiques les plus tenaces du XXe siècle, le Maghreb Moyen-Orient est au cœur des enjeux mondiaux (…) la mondialisation au Maghreb Moyen-Orient recompose ainsi territoires et sociétés et produit, au contact de jeux d’intérêts locaux, à la fois convergence libérale et reflux de la diversité culturelle ». A coup sûr c’est une lecture des événements dont la région est actuellement le théâtre que le conférencier va tenter de proposer au public algérois.
Parmi les questions qu’on pourrait se poser : est-ce que la chute des régimes dictatoriaux et dilapidateurs des ressources de leurs pays va avoir pour conséquence de déboucher sur des alternatives démocratiques suffisamment fortes pour qu’elles puissent accroître la place et le rôle des sociétés civiles dans la vie publique ? Au cas d’une réponse positive, on peut supposer que l’ouverture du champ politique est de nature à favoriser la réaffirmation des identités minorées. Au Maghreb, les Berbères, déjà très actifs, ne vont-ils pas inciter à la redéfinition des identités nationales telles que conçues par leurs Etats respectifs ? La même question pourrait être posée à propos du Moyen-Orient qui, lui, surtout abrite en plus des minorités culturelles (Kurdes, Coptes et Arméniens) de nombreuses minorités religieuses (druzes, chrétiens, chiites, alaouites, maronites, etc.).
Les Etats post-coloniaux vont-ils se disloquer et donner lieu à de nouvelles entités étatiques ? Et que deviendra la question palestinienne dans tout cela ? Pour autant la mondialisation est portée par un mouvement d’uniformisation culturelle dont le soubassement est constitué par la poussée libérale. Désormais, le monde cherche en termes d’économie et d’ambition de développement à se « conformer aux normes internationales ». Femmes et hommes, entreprises se plient à ce nouveau Dieu. Les réseaux sociaux, dont facebook, la télévision satellitaire, les nouvelles technologies participent désormais à la construction de nouveaux imaginaires. Les valeurs propres à la société de consommation se propagent à l’échelle planétaire, l’habitant d’un coin des plus reculés du Sahara aspirera à vivre en Europe sans se sentir aucunement dépaysé. Question qui coule de source.
Si les mouvements insurrectionnels qui agitent le Maghreb et le Moyen-Orient sont inspirés par l’extérieur, quelle part d’authenticité ils peuvent en recéler ? Les sociétés occidentales ont su certes se développer au contact du monde extérieur, mais il faut dire qu’au moment où elles prenaient de l’essor, le mouvement de mondialisation n’avait pas encore atteint la vitesse actuelle. Nos sociétés ont-elles le temps de se penser et de mûrir le changement ?