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Edition du 23 Mars 2011



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Pr S. Nafti, chef de service phtisiologie au CHU Mustapha, au Midi Libre
«Les ados précoces à la cigarette»
23 Mars 2011

L’année 2011 est placée sous le signe de la lutte contre le tabac. L’objectif est de sensibiliser la population en général et les jeunes en particulier. Il faut dire que nos ados sont de plus en plus précoces à prendre leur première cigarette, et même s’adonner au cannabis. Un programme a été élaboré pour combattre ce fléau. Le Professeur Slim Nafti, chef de service phtisiologie au CHU Mustapha Bacha revient sur la question dans cet entretien qu’il nous a accordé.

Midi Libre : L’année 2011 est placée en Algérie sous le signe de la lutte contre le tabagisme ; en quoi consiste ce programme ?
Pr Salim Nafti : Nous sommes en train d’organiser des sessions de formations de médecins qui viennent de toutes les régions du pays. Nous avons déjà formé quatre groupes, à raison de 60 médecins par groupe. Nous sommes déjà à 240 médecins tous grades et tous modes d’exercices confondus, c’est-à-dire secteurs privés et secteurs publics. Il y a des généralistes, des spécialistes, des cardiologues, des gynécologues, etc. qui sont tous mobilisés dans la lutte anti-tabac.
Pour réaliser ce programme, il faut une certaine compétence. Donc, il faut une formation préalable, un suivi avec une évaluation et il faut être en relation avec un centre de référence. Nous, je pense que nous sommes un centre de référence dans la lutte anti-tabac, car nous sommes les premiers à avoir ouvert une consultation anti tabac. Il reste juste un petit problème d’organisation. C’est-à-dire cette lutte anti-tabac et cette consultation anti-tabac peut se faire dans le secteur public, c’est un programme que nous avons élaboré mais qui n’est pas encore mis en application ; nous pensons le réactiver car cette année la Société algérienne de la phtisiologie a voulue faire en sorte que nous dédicasson toute l’année 2011 à la lutte anti tabac.
Nous voulons renforcer la formation des médecins, sensibiliser la population, particulièrement les jeunes, contre le danger du tabac et pour ceux qui veulent arrêter, nous leur offrirons une aide au sevrage. Avec cette année donc, nous pensons toucher tous les secteurs de l’éducation, c’est-à-dire tous les paliers : primaire, secondaire, lycée, jusqu’à la faculté. Nous avons déjà commencé il y a deux années à l’université avec monsieur le Recteur afin de faire en sorte que l’université algérienne soit une université sans tabac afin que nos futurs cadres ne soient plus fumeurs et soient à l’abri des maladies liées à ce poison. Mais nous pensons aussi aller vers les milieux sportifs. Nous avons demandé d’organiser un marathon à Alger et nous attendons l’autorisation du ministère de la Jeunesse et des Sports et de la wilaya d’Alger. Donc, cette année, nous espérons qu’elle sera une année phare pour mobiliser surtout cette jeunesse contre ce fléau. Les gens fument la cigarette, utilisent la chique, car il faut dire que tous les ex-fumeurs se mettent au tabac à chiquer. Ils pensent que la chique est moins toxique que la cigarette, or c’est faut. Et en plus, il y a les autres drogues ou addictions comme le cannabis qui devient de plus en plus fréquent en Algérie, que ça soit en milieu scolaire ou hors scolaire.

Selon vous le cannabis est entré dans le milieu scolaire, voire on trouve même la drogue dans le primaire. Qu’en est-il au juste ?
Oui, malheureusement, un écolier sur 10 consomme du cannabis, et au lycée, ce sont à peu près 15% des lycéens qui consomment régulièrement de la drogue. Donc, nous avons de gros travaux à faire et il faut que l’on sensibilise ces jeunes du danger du cannabis, car c’est une drogue au même titre que la nicotine. Nous voulons faire en sorte de réduire le danger, réduire ces pathologies, car si on construit aujourd’hui, on prévient les maladies de demain.
L’Algérie doit être un pays qui doit s’investir beaucoup dans la prévention. Car si nous attendons que ces jeunes développent des maladies liées à la consommation du tabac et du hashich, tels que les cancers du poumon, du larynx, de la bouche, bronchites avancées… Il nous faudra des milliards et des milliards pour prendre en charge tous ces malades, alors que la prévention et la lutte anti-tabac nous éviteront tout ça. 25 maladies peuvent être évitées par l’arrêt du tabac, sans oublier les problème liés à l’économie. Nous allons faire des économies considérables car il faut rappeler que la SNTA ne produit que 10% de la consommation locale.

Vous dites que la SNTA ne produit que 10% de tabac, le reste est importé…
80 à 90% du tabac sont importés, donc les dépenses en devises sont très importantes et ce n’est même pas l’Algérie qui en profite mais ce sont les importateurs, sans oublier la contrebande qui active à nos frontières. Nous sommes entourés de spet pays où il y a une très grande contre-bande, et tout rentre par les frontières du Sud. Donc, pour lutter radicalement contre ce fléau, il faudra renforcer la surveillance douanière et policière à nos frontières. En outre, les cigarettes qui sont importées du Sud sont très très toxiques. Les produits de contre-bande sont des produits contrefaits. Il y a des usines implantées en Maurétanie qui fabriquent des cigarette qui ne sont vendues qu’en Afrique et jamais en Europe. Elles ne répondent pas aux normes de fabrication européennes. Le taux de nicotine doit être inférieur à 0,2 mg et le taux de goudron ne doit pas dépasser le 1 mg. Voilà donc les grands axes que nous essayons de développer cette année pour essayer de renforcer la lutte anti-tabac en Algérie.

Quelles sont les principales maladies directement liées à la consommation de tabac ?
Tous les organes du corps sans exception peuvent être atteints par la consommation de tabac.
En plus des cancers de la lèvre, la bouche, du larynx, les poumons et la vessie, il y a aussi les maladies cardiovasculaires, le cœur et les vaisseaux, les infarctus du myocarde, les AVC, les artérites des membres inférieurs, les maladies de la peau, sans parler de la peau qui ternie et qui s’effrite, car tout l’éclat de la peau disparaît avec la cigarette.
Pour les maladies digestives, le cancer de l’œsophage, du pancréas. Pour la femme enceinte, les accouchements prématurés, les malformations des enfants car ils naissent avec des asthmes et des maladies respiratoires graves, car la nicotine traverse la barrière placentaire. Notre objectif aussi est de protéger les non-fumeurs et pour cette opération, il faut lutter contre les fumeurs en lui interdisant de fumer dans les lieux publics. Il faut interdire la cigarette partout dans le soucis de protéger les nos-fumeurs de ce qu’on appelle le tabagisme passif. C’est ça la politique de l’OMS car le tabagisme passif peut provoquer également autant de maladie que l’on rencontre chez les fumeurs.

Par : Ourida Aït Ali

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