Rencontré en marge des essais presse de la Peugeot 508 organisés à Alicante (Espagne), M.Pierre Paul Mattei nous explique comment le constructeur français tente de se hisser à un niveau supérieur en matière de qualité automobile tout en se maintenant au rang de constructeur généraliste. Le projet 508 est pour lui une illustration parfaite du renouveau de la gamme Peugeot qui mettra en avant les avancées technologiques du Lion sans pour autant pénaliser les futurs acquéreurs en matière de tarifs.
Peut-on dire enfin que le haut de gamme français, celui de Peugeot en particulier, prend enfin son envol avec le lancement de 508 ?
La 508, il faut bien la remettre dans son contexte, est un véhicule qui remplace la 407 dans les gammes de prix de la 407. Maintenant c’est vrai que nous avons l’ambition d’arriver sur le podium des ventes du segment et de devenir la référence des constructeurs généralistes. Donc forcément, nous avons monté tout notre savoir-faire et notre niveau d’exigence au plus haut en nous imprégnant et en intégrant plein d’équipements de finition et de process de montage du haut de gamme y compris les équipements, notamment de la vision tête haute, de la climatisation quadri zone qui sont des éléments généralement n’existant pas dans le segment M2, c’est vraiment du haut de gamme, la 508 se nourrit de tout cela.
La 508 est une approche de référence pour une Berline de généraliste, mais il ne faut pas se tromper de cible…c’est une voiture qui s’inscrit dans le segment de la 407 c’est-à-dire dans le segment M2 et qui a pour ambition de devenir la référence dans ce segment-là. Ce qui est sûr c’est que la 508 amorce une nouvelle approche en terme de raffinement et de finition, tout comme elle amorce une nouvelle génération de style sans trahir l’héritage de l’identité Peugeot notamment avec les nouveaux codes de Peugeot comme les phares très expressifs, une bouche unique forcément plus petite et plus travaillée que sur une 407, en remettant plus de couleurs caisse pour ramener de la solidité, de la qualité perçue et pour suggérer la robustesse réelle de la voiture.
Certains éléments de SR1 ont été repris sur la 508. Doit-on s’attendre à un élargissement de cette démarche sur les futurs modèles de Peugeot ?
Oui parfaitement. SR1 c’est un manifeste de style qui donné un peu la voie et des indications sur le cap qu’on va suivre. La 508 ne va pas aussi loin que SR1 dans le traité, mais ce qui est important, je reviens à l’identité de marque, si vous prenez une 407 qui a été fondamentale en style pour nous, puisqu’elle a été le déclenchement d’un nouveau cycle de style, c’est elle qui a amené la bouche unique et les grands phares effilés et on voit que toute la gamme qui a suivi, que ce soit de petites ou grande voitures, reprenait cette thématique. On est donc arrivé à la fin de ce cycle.
Avec 508, je dirais qu’il fallait qu’on réamorce un nouveau cycle, mais sans perdre tous ces codes, et si vous regardez bien SR1, vous voyez bien qu’elle va plus loin que 508 mais reprend exactement les mêmes codes. Donc le traité change, la manière de mettre en scène les différents éléments change, chaque élément devient plus petit, plus raffiné et précieux, 508 le fait déjà de manière considérable par rapport à 407 et SR1 et nous projette dans l’étape encore d’après mais toute ces voitures sont dans la même lignée et restent indéfiniment des Peugeot. Effectivement, au fur et à mesure qu’on avancera on intégrera de plus en plus d’éléments que l’on peut voir sur SR1, mais qu’on a pu voir sur le concept CAR HR1 qui a un parfum de famille aussi.
Dimensions des feux, de la calandre, le capot moteur galbé, est-ce que ce sont là les principales caractéristiques du nouveau style Peugeot ?
Oui c’est un peu ce que je vous disais tout à l’heure. SR1 s’identifie avec des bouches encore plus petites et des projecteurs plus fines. Cela est une volonté de style de venir sur quelque chose de moins ostentatoire, moins violent et plus raffiné, c’est donc revenir sur des éléments plus petits. Certes, cela est conditionné par la capacité à le faire d’un point de vue technologique parce que pour faire de tout petits projecteurs il faut une certaine technologie pour y arriver et donc 508 est à mi-chemin entre une 407 et une SR1, mais clairement on part sur cette voie là et les différentes technologies d’éclairage qui sont en train d’êtres développées vont nous permettent d’aller encore plus loin. Et c’est pareil pour l’entrée d’air, il faut que l’on soit capable de développer une technologie et une configuration technique, mécanique avec le moteur et le système de refroidissement qui nous permettent de réduire les entrées d’air tout en gardant l’efficacité en étant capables de tirer, par exemple, des caravanes dans des conditions pénibles en montagne notamment dans des pays chaud, donc cela nous amène à développer de la technologie, et le downsizing. Vous voyez que la 508 est une voiture qui est plus grosse que la 407 mais mieux équipée, plus fine et plus légère.
La montée en gamme de Peugeot ne risque t-elle pas de perdre des parts de marché sur certain pays émergents comme l’Algérie où l’une des plus importantes caractéristiques du marché demeure l’accès à l’automobile ?
Il y a clairement une ambition de monter en gamme pas seulement sur quelques véhicules mais sur l’ensemble de la gamme de Peugeot. Si vous regarder bien la 508, c’est une voiture qui est beaucoup plus ‘’haut de gamme’’, mieux finie mais dont les gammes de prix restent très proches de celles de la 407. Notre ambition c’est de monter tous les niveaux de gamme de Peugeot mais en restant dans un niveau de prix accessible et c’est valable aussi pour les petites voitures qui vont venir comme la remplaçante de la 207 qui sera dans le même esprit, autrement dit on reste un constructeur généraliste.
Par ailleurs, cela n’empêchera pas d’avoir peut-être quelques modèles qui, eux, seront un peu plus élitistes avec des prix beaucoup plus élevés. Mais si vous voulez monter en qualité et en équipements, c’est une donnée qui va devenir probablement transversale avec les moyens de communication qu’on a maintenant qui fait que tout le monde veut accéder à une automobile pas dégradée. C’est donc notre ambition de monter toute l’image de la marque et la qualité du produit, mais rester une marque accessible.
Vous êtes l’une des personnes qui a donné vie à la 508. Quel est votre sentiment aujourd’hui en voyant enfin la voiture sur les routes ?
On est particulièrement fier de la 508 parce que d’abord c’est un projet qui a été bâti par une équipe totalement soudée. Au fur et à mesure qu’on développait la 508, il y a eu des changements dans la société: A la direction générale, au marketing même au style. Tous cela a créé des turbulences mais l’équipe qui a conçu la 508 (l’équipe du style, du produit marketing ou l’équipe technique) est restée la même du début jusqu’à la fin durant quatre ans et demi.
On avait un objectif précis, on savait exactement la voiture qu’on voulait faire, on voulait ramener une pureté absolue, de l’élégance, du bon équilibre et de l’harmonie en rehaussant le niveau de qualité. C’est exactement la voiture qu’on voulait faire et ça nous a tous réunis et soudés, ainsi on est allé jusqu’au bout de ce qu’on voulait faire sans changer les idées en route. Et c’est pour cela qu’on a aujourd’hui une voiture qui est complètement homogène.
Dans la 508, on trouve l’élégance et la simplicité. On ne s’est pas amusé à faire une planche de bord trop sportive ou trop typée avec un extérieur très épuré. De même, on a choisi les équipements sans trop gaver la voiture inutilement et faire une décoration de carnaval. J’ai tout le temps pris en exemple l’image des belles montres, on remarque toujours que les plus belles se sont toujours les plus simples et quand elle sont valorisantes vous pouvez les regarder dix ans après elle sont toujours aussi belles, toujours aussi simples, et on est très fier d’avoir réussi ça avec la 508 sans perdre notre identité.
On savait qu’il fallait faire une voiture plus simple, plus épurée mais en fait c’est très compliqué de faire du simple parce que finalement ça peut devenir rapidement ennuyeux et fade et de l’autre côté on ne pouvait non plus pas faire une voiture avec un caractère sportif parce que 508 n’est pas une sportive, ce n’est pas une RCZ. Il fallait qu’on trouve la balance entre l’expression, l’identité et les caractères de Peugeot et la sobriété, l’élégance et la classe, et on est très fier de ce qu’on a réussi sur 508.