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Edition du 2 Mars 2011



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Professeur M. A. Habel, spécialiste en PMA, au Midi Libre
«La stérilité totale n’existe pas»
2 Mars 2011

Le professeur Habel est un gynécologue obstétricien des plus anciens d’Algérie. Il est spécialiste de la Procréation médicalement assistée. Dans sa clinique, il en a vu des cas d’infertilité, il pratique donc la P.M.A. Il revient sur la question et dans cet entretien qu’il a volontiers accepté de nous accorder, il nous explique comment cela se passe. Ecoutons- le.


Midi Libre : La stérilité dans le couple traduit-elle une impossibilité irréversible de procréer ?
Pr. Habel : Non. Ce terme de stérilité dans le couple n’est plus utilisé maintenant, car les moyens de procréer avec les nouvelles techniques ont beaucoup évolué et donnent de bons résultats. On parle plutôt d’infertilité. Autrefois on parlait de stérilité dans le couple, et c’est la définition qu’on donnait aux étudiants en médecin. Ce qu’il faut savoir, c’est que la stérilité totale n’existe pas.
Par exemple, dans les pays européene, il existe des banques de donneurs de spermatozoïdes pour les hommes qui sont atteints d’une stérilité irréversible, mais chez nous, cette technique est interdite pas la loi et la religion. Chez les femmes aussi, à partir d’un certain âge, la femme n’a plus d’ovules ou souffre d’une insuffisance ovarienne. Dans ce cas spécial, la femme peut faire appell à une parente qui accepterait de lui donner un ovule. Cela est également interdit chez nous. Par contre, il y a une perspective d’avenir qui va être acceptée chez nous, c’est la greffe des ovaires, peut-être que d’ici quelques années, elle sera introduite.

Après combien de vie commune dans le couple doit-on parler d’infertilité ?
Avant, c’était deux années communes sans enfant. Maintenant, on est revenu là-dessus ; on ne mesure pas de la même manière ce problème chez un couple de 20 ans ou pour un couple de 30 ans. Si c’est un couple de 20 ou 25, on peut attendre 2 ou 3 années. Mais actuellement, les gens se marient tard. En outre, les femmes travaillent, leur carrière professionnelle passe avant, donc elles attendent 36 ans pour se décider à enfanter. Or, c’est un peu tardif. Donc mariage tardif, désire d’enfant rapide. Il ne faut pas attendre deux ans pour faire les premiers examens de routine afin de détecter un éventuel problème et trouver vite des solutions.

Une fois que le couple consulte, quels sont les examens demandés en premier recours ?
Lorsque le couple consulte, pas spécialement un spécialiste en procréation médicalement assistée mais un gynécologue, on demande un premier bilan chez l’homme.

Pourquoi ces premiers examens sont d’abord demandés chez l’homme ?
Il faut le rappeler, l’homme est le plus touché par la stérilité avec 60 % de stérilité contre 30 % chez la femme et à peu près 10 à 17 % chez les deux. Donc, pour être plus clair, il y a plus d’hommes infertiles que de femmes. De ce fait, la première consultation s’adresse à l’homme.

Les examens sont-ils effectués étape par étape, c’est-à-dire du plus simple au plus compliqué  ?
Oui, d’abord on demande un examen très simple chez l’homme qui est le spermogramme qui peut se faire facilement dans n’importe quel laboratoire du territoire national. Si tout est normale dans son spermogramme, là on peut commencer à explorer du côté de son épouse. Selon l’âge de la femme, on commence des investigations assez sérieuses, on demande, d’abord, un bilan hormonal pour voir si elle ovule normalement. Ce bilan est simple lui aussi à réaliser. Ensuite, on effectue la radio des trompes qui est d’ailleurs un examen fondamental. Cet examen permet de savoir si les organes génitaux de la femme sont normaux. Ci c’est le cas, on peut comprendre qu’elle n’ovule pas bien, donc on fait un petit traitement pour stimuler l’ovulation. Ce traitement médical règle souvent ce problème. Au bout de 2 ou 3 mois, on n’est pas surpris de voir une grossesse. Mais parfois, après 6 mois voire plus, le traitement ne marche pas, donc on est obligé d’aller plus loin.

C’est-à-dire aller plus loin ?
Lorsque le spermogramme de l’homme est bon, on demande un test de migration de spermatozoïdes, afin de voir quelle est la qualité de ces spermatozoïdes, leur mobilité, leur morphologie, enfin s’il y a un problème ou pas. Du côté de la femme également, lorsque ces premiers bilans sont bons, on fait une exploration chirurgicale, c’est-à-dire une célioscopie qui consiste à placer une caméra dans l’utérus de la femme qui permettra de tout détecter. Cela se fait d’ailleurs dans un bloque opératoire et sous anesthésie générale. Si on arrive à détecter le problème, donc on le traite et on obtient une grossesse. S’il n’y a rien donc, on doit comprendre qu’il s’agit d’une infertilité non expliquée.

Donc vous avez recours à la Procréation médicalement assistée dans ces cas de «stérilité non expliquée»…
La Procréation médicalement assistée ne se fait pas uniquement dans des cas de stérilité non expliqués. On peut la pratiquer aussi chez une femme dont les trompes sont bouchées suite à des maladies infectieuses, telles que le chlamydia, car dans ces cas-là, il n’y a plus rien à faire et on va directement vers la PMA. Dans d’autres cas, c’est l’homme qui présente un problème qu’on ne peut pas traiter avec les moyens classiques, donc on se voit obligé de recourir à une PMA.

Et quel est le taux de réussite ?
Cela dépend de l’âge de la femme. De 25 à 30 ans, le taux de réussite peut aller jusqu’à 30 %. A partir de 35 ans, ça commence à chuter pour atteindre les 15 % et à partir de 40 ans, c’est 5 % et à partir de 45 ans c’est 0 % et ce, pas uniquement chez nous, mais dans tous les pays du monde. Donc, plus jeune le couple consulte, plus jeune, on fait les investigations, et plus jeune on obtient un taux élevé de réussite.

Pouvez-vous nous expliquer sommairement ce qu’est la PMA ?
Il y a au moins trois techniques : la première est la plus simple, c’est l’insémination artificielle. Nous la pratiquons chez nous depuis déjà près de 30 à 40 ans. Mais les résultats sont minimes, puisqu’on n’obtient que 8 à 10 % de réussite. Dans ces cas d’échec, on va vers la fécondation in vitro qui est plus complexe, d’un point de vue technique, matériel et bien sûr elle est beaucoup plus coûteuse. Avec des résultats qui ne dépassent pas les 25 à 30% dans les meilleurs centres. Cette pratique consiste à stimuler les ovules chez la femme, et au bout de 15 jours on les retire sous anesthésie générale. Une fois ces ovules obtenus, on les remet à un laboratoire très performant. Ce laboratoire utilise deux méthodes : la première, qui est la plus classique, est de mettre ces ovules en contact des spermatozoïdes et on obtient alors des embryons au bout de 24 à 34 heures. Mais si nous n’avons pas beaucoup de spermatozoïdes, on injecte directement un spermatozoïde dans l’ovule et on obtient un embryon ou, en fonction de nombre d’ovules, on peut obtenir 4 à 6 embryons. On peut placer 1 à 2 dans l’utérus et les autres ils sont congelés afin de les utiliser pour une autre tentative en cas d’échec de la première. Cela a pour but de ne pas refaire les mêmes démarches qui sont aussi coûteuses que compliquées. Il faut dire aussi que les résultats ne sont pas toujours satisfaisants car ils ne dépassent pas les 25 à 30 % de réussite.

Ces centres n’existent pas dans les hôpitaux, pourquoi ?
Eh bien oui, et c’est dommage. Seuls les privés exercent ces techniques. L’investissement est très lourd, alors que les résultats obtenus sont dérisoires et la prise en charge et les traitements qui en découlent ne sont pas remboursables par la sécurité. On espère dans les années à venir que la PMA soit introduite dans les hôpitaux. O.A.A

Par : ourida ait ali

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