Cheïkh Salah est un herboriste. Connaissant bien les plantes et leurs compositions chimiques, il prépare des potions contre différentes maladies. Car, comme il l’affirme, chaque plante est prescrite selon la pathologie à soulager.
Midi Libre : Vous êtes herboriste, avez-vous été formé pour ça ?
Cheïkh Salah : Oui, j’ai fait une formation au Canada où je m’y suis rendu pour quelques mois. Et comme j’aime beaucoup la nature, je me suis toujours intéressé à la botanique. J’ai suivi une formation sur la phytothérapie qui était d’ailleurs libre et gratuite. Donc, en étudiant les végétaux, j’ai pu acquérir les bases essentielles de la médecine par les plantes que connaissent bien nos ancêtres.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la phytothérapie ?
La phytothérapie est la médecine qui guérit par les plantes. La plante est une composition chimique, et chaque composition chimique de plante a un effet sur une pathologie bien déterminée. Par exemple, si vous prenez les grenades, on y trouve du tanin que l’on peut utiliser pour les ulcères et les hémorragies. D’autres plantes contiennent de la coumarine, une substance qu’on utilise pour réduire le cholestérol.
Comment se fait la préparation de ces potions ?
C’est selon la composition d’une plante qu’on détermine la préparation de la tisane et quelle pathologie elle va guérir. C’est-à-dire, si vous voulez faire une tisane avec 4 ou 5 plantes, il ne faut pas qu’il y est la redondance du même composant, sinon vous tombez dans l’excès, donc il faut respecter le dosage.
Si vous avez besoin d’une plante contre les maux d’estomac, généralement on utilise la réglisse (alguessous), mais il faut la réglementer en dosage. Par exemple, il faut 20 g pour un litre d’eau, et ne pas dépasser 2 à 3 g par jour, car cette plante prise à forte dose risque d’augmente la tension artérielle.
Il y a aussi une durée de traitement qu’il faut respecter, sinon on peut provoquer d’autres maladies. On utilise également les feuilles d’artichaut, elles sont excellentes pour le bon fonctionnement du foie. Citons aussi la saponaire, un arbre à partit duquel on prépare le savon (saboun dzayere). En le mélangeant avec 7 plantes concordantes, on obtient un produit qui aide à évacuer les graisses. Vous avez aussi la vigne rouge qu’on utilise pour améliorer la circulation sanguine et elle est très efficace contre les varices. Le giko bibola, qu’on appelle en arabe (ginka), est prescrit pour donner un coup de pousse à la concentration.
Ces plantes poussent-elles chez nous ?
Bien sûr, pratiquement 80% des plantes on les trouve Ici. Mais il faut dire que la phytothérapie est une pratique utilisée empiriquement dans notre pays. Ce n’est pas un spécialiste herboriste qui fait la cueillette sur une base scientifique. En plus, nous ne disposons pas de matériels nécessaires pour préparer ces plantes. Il y a toute une procédure à respecter afin que les végétaux conservent toutes leurs qualités. Il y a aussi un autre volet : la plante ne doit pas être cueillie un jour de pluie. Elle doit être séchée à l’ombre… Ici, il y a des confusions, les plantes se ressemblent, particulièrement lorsqu’elles sont séchées.
Donc, comment faites-vous pour vous approvisionner en plantes ?
Pour tout vous dire nous, nous avons préféré l’importation. Nous travaillons avec une maison spécialisée en la matière, en l’occurrence, la maison Caillot en France qui est installée depuis 1860. Nous recevons ces plantes bien traitées, bien déchiquetées, faciles donc à utiliser. Là- bas on a cet avantage, et il y a même ceux qui font la culture intensive des plantes médicinales. Ces plantes, nous les recevons donc toutes prêtes à l’emploi avec leurs indication, composition, dosage… En outre, nous les recevons aussi avec un certificat phytosanitaire.
Y a-t-il une forte demande sur les plantes phytosanitaires ?
Oui, la demande est forte, mais la clientèle préfère acheter les plantes là où elles se vendent moins cher. Ils ne sont pas conscients de toute la procédure que cela exige pour les réaliser, donc ils ne veulent pas mettre le prix.
Un dernier mot…
J’insiste sur une chose : avant de procéder à la médecine douce, il faut toujours se renseigner auprès de spécialistes, car les plantes, tout comme les médicaments, peuvent avoir des effets secondaires.