Le Midi Libre - Culture - Un métier indispensable mais dévalorisé
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Edition du 20 Fevrier 2011



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Projectionniste de cinéma
Un métier indispensable mais dévalorisé
19 Fevrier 2011

Le métier d’opérateur projectionniste de cinéma, sans lequel de précieuses œuvres cinématographiques formeraient juste des bobines de films prisonnières de grosses boîtes, se trouve "marginalisé" au moment où -paradoxe- le 7e art algérien vit une phase de réhabilitation salutaire.

La fermeture de nombreuses salles de cinéma à Alger et dans bien d’autres régions ainsi qu’une crise aiguë de la production cinématographique sont assurément à l’origine d’une léthargie ayant affecté le monde du cinéma en Algérie, sans épargner bien sûr le métier de projectionniste pourtant doublement indispensable: pour le passage du film à l’écran et pour l’entretien du matériel de projection. Cette situation a fait naître une "réticence" chez les jeunes en formation dans les métiers du cinéma, constatent Slimane et Mabrouk, projectionnistes en activité, rencontrés par un journaliste de l’APS à la cinémathèque d’Alger, leur lieu de travail depuis plus de trente ans. A les entendre, l’avenir de ce métier — dont la mission principale réside dans la vérification de l’état de la copie du film, le montage des bobines, le réglage de l’image et du son pendant la projection, en plus de veiller au bon état du matériel — ne s’annonce pas prometteur, c’est le moins que l’on puisse dire, car il est sous-estimé voire négligé, déplorent-ils. Même s’ils saluent "l’intérêt" que porte le ministère de la Culture au développement du cinéma en Algérie, à l’image de la récente loi sur le cinéma, les deux orateurs soulignent l’importance de l’ouverture d’établissements spécialisés afin d’assurer une relève à cette activité nécessaire et de redonner au métier de projectionniste toute sa place. Ces deux passionnés de salles obscures estiment que la formation des jeunes stagiaires et apprentis dans le métier de projectionniste s’impose au même titre que la motivation et l’encouragement des plus expérimentés. Après tant d’années passées au service du cinéma, avec ses moments de gloire et de galère, ils voient dans leur classement administratif actuel une forme de "mépris". "Peut-on imaginer une salle de cinéma sans projectionniste? Notre métier est assurément vital, important et nécessaire. Hélas, il est sous-estimé et ne bénéficie d’aucune reconnaissance", se plaint Slimane, "déclassé" contre son gré comme agent d’administration principale. "Rien à voir avec les métiers du cinéma", précise-t-il. Pour Mabrouk, reconverti malgré lui comme agent de bureau, l’avenir du métier qu’il exerce "par passion", est "sombre et loin d’être prometteur". "Jusqu’à l’an 2000, sur ma carte professionnelle était porté la mention +opérateur+. Depuis, j’ai été converti en agent de bureau malgré le fait que j’exerce toujours la même fonction de projectionniste. Voyez-vous un peu comment ce métier est considéré? Pour moi, son avenir est sombre", s’est-il désolé.

Petite lucarne, grandes idées
Habitués à suivre les films depuis la petite lucarne de leur cabine de projection tout en restant attentif à la moindre défaillance technique, ils préconisent un retour, par la grande porte cette fois, de tous les métiers d’appoint au cinéma si l’on veut relancer le 7e art national. Ils soulignent à cet égard l’importance de tenir le projectionniste informé des évolutions technologiques en la matière à travers des stages de perfectionnement afin d’acquérir des connaissances actualisées. Par ailleurs, Mabrouk et Slimane qui, durant leur carrière, ont côtoyé de grands noms du cinéma algérien et international, comme Mohamed Lakhdar Hamina, Lamine Merbah, Merzak Allouache ou encore Youcef Chahine, précisent que le projectionniste peut également exercer son métier dans des musées, associations culturelles, bibliothèques et autres établissements. Sillonner les établissements scolaires pour mettre en contact direct les lycéens avec les œuvres cinématographiques dans la perspective de développer en eux l’amour du cinéma et l’esprit d’analyse et de critique, est un vœu émis par Slimane qui rappelle que ce genre d’activités étaient courantes dans les années 1970 et 1980. Inquiets mais non défaitistes, nos deux projectionnistes nourrissent l’espoir de voir un jour le cinéma algérien s’épanouir et devenir plus productif. Au delà de la reconnaissance de leur métier, ils espèrent aussi voir des salles rouvertes, des projections de films régulières et surtout un public passionné et fidèle. En un mot, le grand retour du cinéma.

Mini-panorama de la jeune peinture algérienne à Alger
Une exposition collective regroupant des œuvres de jeunes plasticiens se tient jusqu’au 5 février à l’espace "Ezzou’Art Galerie" du Centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar (Alger), sous le titre "La couleur dans tous ses éclats". Cette exposition qui se veut, selon les organisateurs, un mini-panorama de la jeune peinture algérienne, regroupe une quarantaine d’œuvres, d’une vingtaine d’artistes, réalisées selon diverses techniques et différents styles. Dans le style figuratif, on relève notamment des peintures de Khettab Aissa et de Brahim Merdoukh mettant en relief la splendeur des paysages du Sud algérien ainsi que des aquarelles de Madina Kermiche dédiées à la Casbah d’Alger. Les plasticiens Amel Daoudi, Samia Boumerdassi et Mohamed Labidi, pour leur part, ont choisi le style semi-abstrait pour évoquer respectivement la nature, la cité et l’univers en optant pour une palette classique composée de couleurs primaires. Outre les paysages et sites, l’exposition comprend des œuvres autour de thèmes très variés dont des scènes de vie d’antan, à l’instar de l’œuvre de Abderrezak Hafiane qui évoque la vie bédouine et le travail dans les champs mis en valeur notamment par Badreddine Djeraoui qui a peint avec beaucoup de poésie la cueillette des olives en Kabylie. Le patrimoine culturel immatériel occupe aussi une grande place dans cette exposition qui "immortalise" les différentes traditions comme la danse et les cérémonies séculaires dont celles du mariage traditionnel, ainsi que la fantasia.
Le portrait est également présent dans cette exposition à travers les tableaux de Lila Aziri, de Nawel Bellal, de Abderrahmane Chaouane, de Kaci Zahia, et de Kermiche Abdelkrim qui a aussi mis en exergue la richesse de l’artisanat algérien et particulièrement le costume féminin ainsi que la bijouterie de la région des Ouled Naïl.

La poésie de Ben M’saïb déclinée en calligraphie
L’ode "El wecham" (Le tatoueur) du poète tlémcenien Mohamed Ben M’saïb est revisité à travers des calligraphies de l’artiste Rédha Khouane exposées à la galerie d’art "Art 4 you" d’Alger. Intitulée "H’rouf el bali" (Lettres de sagesse), en hommage au grand poète du Malhoun, l’exposition, qui se poursuit jusqu’à début mars, offre au visiteur l’intégralité des vers de cette célèbre poésie, écrite au 18e siècle. Ce poème a été interprété par plusieurs chanteurs de différents styles de musique (Bédouin, Hawzi et Chaâbi). Utilisant l’encre de Chine et le fusain, Rédha Khouane, calligraphe autodidacte natif de Cherchell, a rassemblé et écrit les couplets du poème dans les styles Maghribi avec ses multiples variantes et le Kufi (de Kufa en Irak). L’exposition comprend les différentes lettres de l’alphabet arabe accompagnées des couplets du poème +El wecham+ avec des couleurs, formes et techniques très variés, afin de "donner à la calligraphie un cadre contemporain", explique l’artiste, biologiste de formation. La calligraphie, un art ancré dans la tradition à la fois littéraire et spirituelle permet à l’artiste de "capturer", d’abord, des mouvements, des formes et des couleurs et de les transformer ensuite en lettres apparentes sur différents supports. Ce sont les émotions dégagées par les vers poétiques que cet artiste souhaiterait partager et pour qui la calligraphie représente une "géométrie de l’âme" par laquelle, dit-il, le calligraphe "étale ses lettres toute en harmonie et en fluidité". Le répertoire poétique de Ben M’saïb, décédé en 1768, comprend quelque 3.000 Q’cidates. Ses textes ont été interprétés par des grands noms de la chanson algérienne, comme Maâlma Yamna, Cheikh Larbi Ben Sari, El-Hadj M’rizek et Amar Ezzahi.

"Moutazaouedj fi otla" sur les planches du TRO
Le one man show "Moutazaouedj fi otla" (Un époux en vacances), signé par Mourad Senouci, sera présenté vendredi et samedi après-midi pour la "énième fois" sur les planches du théâtre régional d’Oran, au grand bonheur des amoureux du 4e art. Véritable succès populaire, ce spectacle brillamment interprété par Samir Bouanani, un ex-professeur d’éducation physique et amoureux du théâtre, draine à chacune de ses programmations la grande foule. Les deux spectacles de ce week-end ne dérogeront certainement pas à la règle. "Moutazaouedj fi otla" met en scène un époux qui redécouvre les plaisirs de la liberté d’action durant l’absence de sa femme partie à l’étranger pour se soigner. L’absence momentanée de sa "moitié" qui le persécute et le tyrannise permet au pauvre personnage de retrouver sa vie de célibataire et de faire le point sur sa vie de couple, marquée de petites misères, de petites trahisons et autres mesquineries. La force de la pièce réside, à la fois, dans la force du texte pourtant simple dans son écriture et dans le jeu époustouflant de Bouanani, très à l’aise sur scène et n’hésitant pas à s’adapter au public qui le regarde en "sortant" un peu du texte écrit par son comparse Mourad Senouci. Cette pièce a montré que le succès d’un travail théâtral ne réside pas dans les moyens mobilisés, dans les décors et les artifices. Deux seuls accessoires (une chaise en bois et un voile en laine) sont utilisés par Bouanani pour camper son rôle, ou plutôt ses rôles, ceux du mari-martyr, de l’épouse et de la mère. L’essentiel réside dans son jeu, dans ses mimiques, dans ses expressions corporelles et dans son talent de comédien. Le duo Senouci-Bouanani a sillonné toutes les régions du pays pour présenter "Moutazaouedj fi otla", trop souvent à guichet fermé et parfois en programmant une seconde séance pour satisfaire le public, comme l’explique son auteur et metteur en scène. La pièce, qui a franchi le seuil des 100 représentations et entamé sa 5e saison consécutive, a été également présentée dans plusieurs pays dont la France et les Etats-Unis. Une autre représentation est prévue pour le 16 avril prochain au TRO, a-t-on annoncé.


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