Le Midi Libre - Culture - L’autre berceau des Fatimides
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Edition du 14 Fevrier 2011



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Forterese naturelle de kef tazrout
L’autre berceau des Fatimides
14 Fevrier 2011

Culminant à plus de 1.000 m, "Kef Tazrout", dans la wilaya de Mila, a constitué depuis la préhistoire une forteresse naturelle pour les populations qui se sont établies dans cette région. Aujourd’hui, ce mont situé à 7 km au nord-ouest de Ain Melouk, où fut fondée la première maison de l’Hégire des ismaélites, est devenu un site archéologique de premier ordre de la wilaya de Mila. Selon Amar Nouara, responsable de l’antenne de Mila de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés, c’est dans cette forteresse naturelle que s’établirent les prosélytes de l’école ismaélite, fondateurs de la dynastie des Fatimides, avant de rejoindre Ikdjen, près de Beni-Aziz, dans la wilaya de Sétif. C’est là que fut installé le quartier général de Abou Abdallah le fatimide lorsqu’il entreprit de conquérir à sa doctrine la tribu des Kotama qui joua un rôle déterminant dans la fondation de la dynastie des fatimides en l’an 902 de l’ère chrétienne. Le site situé près de la mechta de Ain Bezat conserve les traces des nombreuses civilisations qui s’y sont succédé depuis la préhistoire, à la période fatimide en passant par la période romaine. Concernant cette dernière période, les vestiges sont aussi nombreux que variés, comme les inscriptions incrustées dans la pierre, notamment un important passage gravé racontant l’histoire d’une dame noble d’origine berbère qui portait le nom de Antonina Sator Nina et qui a vécu au 1er siècle de l’ère chrétienne sous l’empereur Antonin le Pieux. Au sein de la forteresse de Kef Tazrout, dont le nom signifie en berbère la colline rocheuse, il a également été découvert deux sites funéraires romains et des mosaïques. Le site qui s’appelait également "la ville"’, avait une porte d’accès aménagée à même le rocher et qui est toujours empruntée par les habitants de la localité pour déposer des offrandes et autres rituels témoignant de l’importance des lieux dans la mémoire collective. C’est dans cette endroit au relief accidenté que s’est réfugié, pour une période, le leader fatimide soutenu par la tribu des Kotama, qui organisa ensuite une attaque contre la cité voisine de Mila qui fut la première ville de la dynastie Aghlabide à tomber sous la coupe des fatimides. Ces derniers fondèrent par la suite, en 920, leur Etat à Mahdia en Tunisie avant que le chef de file El Mouez li din Allah ne déplace sa capitale en Egypte où il fonda le Caire et édifia la mosquée d’El Azhar grâce aux bras de la tribu de Kotama. La preuve que la forteresse de Tazrout fut une place importante est également donnée par les traces qu’elle a laissées dans des publications de l’époque où elle fut notamment citée dans le livre du voyageur Ibn Haouqel "Voies et royaumes". Dans son jardin implanté sur le versant de la colline, un agriculteur privé a découvert des mosaïques multicolores et exhumé, en creusant un puits, un bassin de 5 m de long, 3 m de large et 1,5 m de profondeur, ainsi que des restes de canalisations qui laissent supposer l’existence d’un bain romain à cet endroit. De nombreuses inscriptions et écritures latines ainsi que des sites funéraires trouvés ici laissent également supposer l’existence d’un village romain d’une superficie de 10 hectares, situé non loin de là, sur la colline donnant sur la mechta Naâmoune où de grandes quantités de pierres ont été réutilisées par la population locale pour la construction de leurs habitations. Une canalisation en terre cuite a également été mise au jour lors d’une crue de l’Oued Lahdjar Lahmar séparant la forteresse de Kef Tazrout du village romain. La canalisation en question acheminait l’eau depuis une source encore en service à ce jour et portant le nom de Ain Essatha Esseghira. Ce site d’une très grande importance historique, au potentiel touristique certain, mérite, estiment des habitants de cette région, d’être mis en valeur et ses vestiges archéologiques conservés, au même titre que les nombreux autres sites archéologiques de la wilaya de Mila dont 7 seulement sont classés.


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