Le Midi Libre - Midi Alger - Un service qui va mal, très mal !
Logo midi libre
Edition du 6 Fevrier 2011



Le Mi-Dit

Caricature Sidou


Archives Archives

Contactez-nous Contacts




Urgences du CHU Mustapha-Bacha
Un service qui va mal, très mal !
6 Fevrier 2011

Parler d’urgence dans ce service est un non sens car l’on a réllement le temps de mourir mille fois avant de se voir pris en charge.Désolant ! Pitoyable ! aucun qualificatif n’est trop fort pour définir la situation de chaos régnant au sein de ce service.

Nous avons été mené, dans la soirée du 31 janvier dernier, à nous rendre au service des urgences du Centre hospitalo-universitaire Mustapha-Bacha. Nous en sommes revenus encore plus malades, après avoir fait le triste constat que ce service va très mal. Aucune organisation, du moins en apparence, parler d’urgence dans ce service est un non sens puisqu’on a réellement le temps de mourir mille fois avant d’être pris en charge. Désolant ! Pitoyable ! aucun qualificatif n’est trop fort pour définir la situation régnant au sein de ce service qui reçoit un flux important et incessant de patients. Tout d’abord il faut mettre en exergue la superficie ridicule pour un service de cette importance, l’un des plus importants du CHU, puisque les premiers diagnostics y sont effectués et tout le monde sera d’accord pour dire que dans certaines pathologies un diagnostic rapide est plus que vital. Mais dans ce service, rien ne semble «urger». Malades et accompagnateurs, qui s’entassent dans un magma humain se pressant dans l’unique salle et d’où sourdent les gémissements plaintifs des malades, affichent un stoïcisme à toutes épreuves. Mis à part les accidentés de la route ou quelques cas jugés très graves et qui sont directement dirigés vers les blocs opératoires, les autres «urgences» peuvent attendre durant des heures une prise en charge médicale. Une dame sur une chaise roulante, accompagnée de ses deux fils, était là à attendre alors qu’elle était à peine consciente. L’angoisse de ses fils était percéptible mais ils ne pouvaient rien faire pour la soulager. Un autre patient, un homme d’un certain âge allongé sur un brancard, semblait quant à lui oublié de tous. Quelqu’un avait certainement pris la peine de «remiser» la civière sur laquelle il gisait au fond de la salle pour ne pas gêner les va-et-vient. Ce patient venu d’une autre wilaya, est resté ainsi pendant des heures sur son brancard de souffrance dans la même position sans oser se plaindre ou n’ayant peut-être pas la force de le faire. Nous nous sommes approchés de lui pour voir s’il était encore vivant, il nous dira dans un souffle qu’il attendait son transfert vers le CHU Lamine-Debaghine (ex-Mayot). Il nous explique qu’il est là depuis midi. Il était encore là à... 21h30. Il faut rendre toutefois justice aux médecins, déjà pas très nombreux, et qui devaient faire face à un afflux considérable, mais surtout une désorganisation totale. Les stagiaires étaient là pour faire leurs premières armes, les malades mal en point n’étant pas trop regardants sur le statut de la personne les auscultant, pourvu qu’elle soit en blouse blanche. Un proverbe de chez nous ne dit-il pas «yetaâlam lahfafa fi ras litama» (apprendre la coiffure sur la tête des orphelins). Certes ces stagiaires doivent bien se lancer dans le bain, ils sont là pour cela, mais un diagnostic peut souvent être vital et c’est pour cela que ces stagiaires doivent être encadrés. L’un d’eux, après avoir ausculté une patiente enceinte, qui se plaignait de douleurs irradiant du ventre vers le dos, se verra orienter vers le service des os sans toutefois qu’il ne prenne la peine de lui remettre une lettre pour son confrère appelé à la prendre en charge, certainement pour ne pas trop engager sa responsabilité. Heureusement que la bonne étoile de cette dame était là à veiller sur elle puisqu’un «médecin», de passage, voyant son état l’a aussitôt prise en charge. Ce médecin est intervenu, à temps, pour ce cas, mais plusieurs autres patients n’ont malheureusement pas eu cette chance. Les proches des malades n’étaient pas avares de critiques et répétaient à l’envi «que les personnes proches et aimées de Dieu sont celles qui n’aurront jamais à fréquenter un hôpital !» L’un d’eux nous affirmera que la pitié a déserté nos hôpitaux. Il nous dira qu’«un médecin a vu mourir son propre père sous ses yeux. Quelques minutes plus tard je l’ai vu souriant et sirotant un thé en compagnie de ses collègues».Est-ce à dire que ces médecin, à force de côtoyer la souffrance et la mort sont devenus imperméables aux sentiments humanitaires.

Par : Hassiba Abdallah

L'édition du jour
en PDF
Le Journal en PDF
Archives PDF

El Djadel en PDF
El-Djadel en PDF

Copyright © 2007 Midilibre. All rights reserved.Archives
Conception et réalisation Alstel