Une belle soirée de musique andalouse vous attend à la salle Ibn Zeydoun, Ryadh El Feth, à Alger le jeudi 3 février 2011, à 19h avec à l’affiche le spectacle de la troupe Les deux Andalousies dirigé par Marc Loopuyt, musicien, spécialiste de l’oud et du rebab et enseignant de musique berbéro-arabe et turque à l’Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne.
Marc Loopuyt a séjourné en Andalousie où il s’est initié au "Cante Jondo flamenco" avant d’aller chez les Berbères de l’Atlas marocain pour y étudier le oud (luth) dans la pure tradition nord-africaine. Après 4 ans passés dans la montagne, il passa encore quelques années à Fès, où il se frotta à Abdelkrim Raïs et à Ustad Massano. Il ne put résister à la visite de l’Orient, tour à tour, il se rendit en Arabie, au Golfe, en Jordanie, la Syrie, l’Irak et enfin la Turquie où il a appris l’art du maqam auprès de Cinuçen Tanrikorur, grand maître du oud. II a à son actif deux CD en soliste qui ont décroché deux prix. (Choc au Monde de la Musique, Diapason d’Or) et deux CD avec "Suspiro del Moro" (Diapason d’Or et Choc au Monde de la Musique). Pour revenir au spectacle de jeudi, il a ceci d’original qu’il met en dialogue l’Andalousie du Nord et l’Andalousie du Sud, celle du flamenco et celle de l’andalous. Venue de France, la troupe comprend aussi Thomas Loopuyt, (guitare ancienne, oud), l’Algérien Nacer Hamzaoui (chant arabo-andalou, mandole), Mohamed M’Sahel, (percussions), le Marocain Abdelatif Bouzbiba, (violon, chant arabo-andalou), José Montealegre, (chant flamenco, guitare), Laura Clemente, (danse flamenca) et Sylvie Chapel, (danse orientale). Tout en n’excluant pas la création et l’improvisation, le répertoire alterne des morceaux chantés et dansés et des morceaux en clair dans le respect des règles traditionnelles. Les tableaux, graves, joyeux, sensuels, ou tristes, sont puisés de l’arabo-berbéro-andalou (el’ ala), du maghrébin populaire (cha’abi et aïta), de l’oriental (baladi et quoudoud) ainsi que du mauresque, musique qui renvoie à l’époque du triomphe des chrétiens d’Espagne sur les musulmans. C’est un voyage entre deux rives, que sépare le détroit de Gibraltar (Djabal Tarek) du nom du général berbère qui avait au Moyen-âge conquis la péninsule ibérique. La musique réunit le sud et le nord du détroit en ce point où les deux expressions trouvent le moyen de se fusionner par la danse, ou le chant. Il suffit que le rythme ou le mode se rejoignent pour voir les deux univers se fondre en l’un unique. Ça donne la siguiriya, la zambra ou le chant mélismatique… La première Andalousie habite l’âme des chrétiens d’Espagne ; la deuxième est une image historique qui agrée les Arabes, les Berbères et les juifs de l’Afrique du nord. Les chants populaires de la région d’Algesiras où est enterré le soufi marocain Ibn Mashish inspirent encore les musiques de fêtes de Tanger et de Tétouan. En fait la compagnie réalise un travail de juxtaposition et de mariage entre les musiques mystiques provenant des deux traditions liées à l’une et l’autre rive de la méditerranée. La langue arabe véhicule des odes mystiques du Maghreb et de l’Orient ainsi que la poésie arabo-andalouse de medh (hommages au Prophète), tandis que la langue espagnole, déploie des coplas (poèmes), de villancicos (chants de Noël), du cante jondo ou chico (chant profond ou léger), des campanilleros (chants de clocher) ou des sevillanas biblicas. Les spécialistes pensent que l’ensemble du répertoire illustre l’adage « vox populi, vox dei » (La voix du peuple est la voix de Dieu.). Parmi les titres des morceaux qui seront sans doute interprétés, on peut citer "Sur nous la pleine lune s’est levée", poème chanté en 621 à Médine en l’honneur du Prophète. « Sevillana » qui évoque des thèmes de l’Ancien Testament. Nouba Ramal Maya sur le Prophète. Le "fana" des soufis (Maroc), "Zambra" Fraîcheur du soir : Instrumental. « Cheikh AI Alaoui (Mostaganem) "L’amour m’a rendu esclave de la beauté de Léila », 8 "Javera" "Salomon écrit à la reine de Saba » etc. A ne pas rater absolument.