Des salons de thé sont ouverts un peu partout à travers la capitale. Ce sont ces établissements qui sont choisis pour s’y installer après une longue journée éreintante passée à l’université. On aime bien alors s’y retrouver en été pour se rafraîchir, ou en hiver pour y prendre des boissons chaudes. Cela permet de se ressourcer, discuter, ou simplement passer le temps avant de rentrer chez soi.
Les salons de thé regorgent de couples. Pour ces jeunes, c’est l’endroit privilégié pour se mettre à l’abri des regards d’une société critique. On choisit une table, lorsqu’on a la chance d’en trouver une libre dans un coin quelque peu isolé. On prend un café que l’on sirote lentement ou une boisson «light» pour les jeunes filles soucieuse de garder leur taille de guêpe. Une tenue soignée, car bien s’habiller est d’une grande importance pour l’image que l’on offre de soi. Ces endroits sont aussi choisis pour pouvoir griller tranquillement une cigarette pour les jeune filles. La cigarette reste encore taboue en ce qui concerne la gent féminine dans une société où les pesanteurs ont creusé les sillons d’un mal être qui ronge une jeunesse assoiffée de liberté. Fumer pour une jeune fille est peut-être une façon de rejeter les poids et pesanteurs imposés au sein de leur univers un peu étouffant, une façon peut-être d’imposer leur existence. Ici on ne vient pas pour discuter de la dernière note obtenue à son examen, au contraire, on essaye
d’oublier le temps. On espère trouver l’âme sœur, une compagnie pour rompre avec la solitude, voire le prince charmant tant attendu. Noyant leur mal-être dans une ambiance saturée de fumée en sirotant un café bien corsé, les couples discutent de leur lendemain. On chuchote des mots doux avec des regards qui en disent bien plus longs. On fait des projets, on envisage une belle union en perspective, qui tiendra peut-être, ou qui s’achèvera dans la désillusion et le désenchantement, car tout peut prendre fin, et à tout moment. Qu’à cela ne tienne, on veut vivre le moment présent, oublier pour l’heure les déboires de la vie quotidienne, et quant à l’avenir c’est une autre paire de manche...