Chaque personne, qu’elle soit adulte ou enfant, a besoin d’un moment de détente et de divertissement afin de se ressourcer ou tout simplement faire un petit break après avoir accompli des devoirs, des obligations personnelles, professionnelles ou sociales. La notion du loisir comprend, selon les spécialistes, notamment les sociologues, trois dimensions : temps libre, activités et liberté de choix.
Le temps libre est «le temps dont dispose une personne après s’être acquittée de ses obligations personnelles, familiales, sociales et civiques. Les activités réfèrent à la participation active d’une personne à l’une ou l’autre forme de loisir…» Quant à la liberté de choix, «elle est liée à la possibilité qu’une personne pratique des activités qui lui plaisent et qui répondent à ses besoins de détente, de repos, de divertissement ou de développement selon ses goûts, habiletés, aspirations ou ambitions».
Le loisir est aussi défini comme étant «une zone privilégiée de l’existence humaine où chaque personne peut, selon ses moyens économiques, ses goûts, talents et aspirations, déterminer l’usage de son temps libre et y insérer ses choix personnels des plaisirs et satisfactions qu’elle attend de la vie». Tout le monde est d’accord que le loisir est un espace de liberté et de détente par lequel, l’être humain peut se relâcher et retrouver ses efforts et changer ses idées.
Il faut savoir aussi que le loisir est un droit universellement reconnu depuis 1948 dans la Déclaration des droits de l’Homme adoptée par l’Organisation des Nations unies à l’effet que «toute personne a droit au repos et aux loisirs». Cette notion de droit au loisir correspond à des valeurs partagées et reconnues comme indispensables au mieux-être individuel et collectif par l’UNESCO. Il y a même une charte internationale qui justifie ce droit et tous les gouvernements et même les cultures «reconnaissent de façon accrue le droit des individus d’avoir des périodes de temps pendant lesquelles ils ou elles peuvent librement choisir leurs activités et expériences, spécialement celles conduisant au développement personnel, à l’amélioration de la qualité de vie et à la concrétisation des valeurs communautaires. La liberté des personnes et de choix sont les éléments centraux du loisir : elles doivent être librement exercées par tous».
Même du point de vu des psychologues, le loisir et la distraction «permettent à la personne, notamment à l’enfant, d’avoir un certain équilibre en réalisant ses ambitions les plus personnelles. Ils favorisent son épanouissement et le libèrent de toutes les contraintes et les pressions socioprofessionnels. Gaieté et épanouissement, tels sont les effets de ce temps si précieux aux yeux aussi bien des petits que des adultes. Le temps du divertissement est le seul moment de liberté permettant à l’être humain d’augmenter sa confiance en lui et lui permet de se ressourcer pour affronter les contraintes du quotidien. Cependant, et malgré la signature de l’Algérie à cette charte et sa reconnaissance de ce droit et aussi son engagement, selon les articles de la charte, à «assurer pour l’avenir de la disponibilité d’expériences de loisir enrichissantes en maintenant la qualité de l’environnement physique, social et culturel», les espaces de loisir et de divertissement dans notre pays restent encore très rares et les Algériens, notamment les jeunes, investissent les rues et les trottoirs de nos villes et les champs de nos campagnes pour «tuer le vide» et remplir leur temps libre. Très nombreuses sont les villes algériennes qui enregistrent un déficit criant en espaces de jeu et de loisir.
Les jeunes et les enfants passent le plus clair de leur temps à traîner en quête d’une occupation quelconque. Cette rareté est visible à l’œil nu. Dans un pays où pourtant l’élément juvénile est prédominant, l’aspect du loisir et du divertissement reste de l’encre sur du papier —la loi prévoit l’obligation de prévoir des aires de jeu dans chaque cité en construction, d’une densité de 200 logements—. C’est un vrai paradoxe qu’on arrive à expliquer péniblement. Un handicap pénalisant devant une demande croissante et pressante. «Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nos jeunes en sont réduits à improviser toutes sortes de jeux de fortune pour meubler une vacuité pesante». La place est faite pour les interminables parties de football dans les cours des cités.
Ce qui, au demeurant, cause des désagréments aux cités. Comme une carence n’arrive jamais seule, les espaces ludiques ou supposés tels ne respirent plus la santé. Le matériel est endommagé, voire parfois complètement détérioré, ceci sans omettre l’aspect sécurité qui n’est pas souvent pris en considération.
Les enfants, en particulier, sont aujourd’hui les plus touchés par ce manque terrible de lieu de divertissement et de loisir. La majorité de nos quartiers à travers toutes les villes de notre pays, même les plus grandes à l’instar de la capitale, souffrent du manque d’aires de jeux et d’espaces de détente pour les enfants. Même si des jardins publics existent dans de nombreuses communes, ceux-ci manquent d’aménagements et d’infrastructures pour enfants. «Nos enfants ont besoin, notamment durant les périodes des vacances scolaires et les week-ends, de s’amuser et d’extérioriser leur énergie débordante, de jouer et simplement d’être heureux mais en l’absence d’aires de jeux dans nos quartiers, nos petits ne font que traîner dans les rues, jouer au foot dans la rue en exposant leur vie à un danger certain», nous dira une maman abordée à Alger-Centre.
Il faut dire qu’à part les parcs d’attraction qui existent dans quelques grandes villes du pays seulement, nombreuses wilayas, villes et villages sont placés sous le signe d’endroits ennuyeux. «Dans les wilayas de l’intérieur, par exemple, et sans parler de l’extrême sud ou les montagnes, nos gosses ne cessent pas de se plaindre d’ennui et de la routine qui fait aujourd’hui partie de notre quotidien.
Il faut bien dire que pour plusieurs Algériens, le divertissement est un luxe qu’ils «ne peuvent tout simplement pas se permettre», nous diront des parents dont le budget très serré ne laisse pas à réfléchir aux sorties et aux loisirs. Mais aussi, il faut bien reconnaître que très nombreuses sont ces communes algériennes dites pauvres qui n’arrivent même pas à assurer les infrastructures de base à leurs habitants, que dire alors des aires de jeux et des endroits de divertissement même en pleine capitale.
Il faut aussi dire que même si certaines infrastructures sportives existent, elles ne sont pas destinées aux enfants ou même pas ouvertes au long de toute l’année. Quant aux espaces privés, à l’instar des salles de jeu, ils demeurent assez dangereux pour les enfants en l’absence de tout contrôle parental. Il faut dire, en dernier, que les autorités concernées doivent pallier ce manque pour tenter de stopper cette violence et cette agressivité qui demeurent aujourd’hui, apparemment, le seul refuge des jeunes pour s’extérioriser.