Un Salon du collectionneur sera organisé du 8 au 25 janvier 2011 au Centre des loisirs scientifiques, rue Didouche-Mourad à Alger. Le vernissage aura lieu samedi prochain à 15h. Cette belle initiative est le fait de l’Établissement Arts et Culture de la wilaya d’Alger.
Dix collectionneurs présenteront leurs plus belles pièces, des pièces qui appartiennent à différents domaines : Cartes postales, timbres postaux, dinanderie, poterie, bijoux berbères, monnaies anciennes et pin’s. «La vente des objets exposés n’est pas autorisée tant que durera l’exposition» a indiqué le commissaire de l’exposition, joint par téléphone. «Le collectionneur est libre de vendre s’il le désire une de ses pièces, mais ça sera après la clôture de la manifestation» a-t-il précisé. Les collectionneurs d’objets en Algérie, s’ils existent, n’ont pas trouvé cependant de cadres publics les plus à même de leur permettre de s’exprimer et en même temps de valoriser leur travail, qui à l’occasion pourrait trouver un prolongement. Collectionner des timbres, tableaux de peinture, des médaillons, des livres anciens, des poupées, etc., demeure comme tous les arts une activité pratiquée en solo, dans le secret et l’isolement jusqu’à ce qu’une opportunité se présente de les exposer. En l’absence d’un espace public, la collection peut se dissiper avec la mort du collectionneur. En effet quand le père de famille vient à disparaître alors qu’il a laissé dans les tiroirs des objets rares qu’il a réunis sa vie durant au gré de ses périples professionnels ou privés, ces objets passent aux mains des descendants ou héritiers qui souvent n’ont pas conscience de la valeur de la collection ou n’ont pas la même sensibilité artistique que le défunt. Ces descendants vont donc se la départager, chacun prenant son «dû» comme s’il s’agissait d’un gâteau. Beaucoup de familles algériennes détiennent des collections de toutes sortes, mais il est difficile de dire si toutes les estiment à leur juste valeur. Bien sûr «l’esprit collection» a partie liée avec une certaine aisance, une certaine classe sociale et avec une certaine disponibilité intellectuelle et matérielle. Ceux qui viennent visiter nos sites naturels, comme celui du Hoggar dans l’extrême sud du pays, ne lésinent pas sur les moyens pour retourner chez eux avec dans les bagages, des pierres et autres roses des sables qu’ils ont dû ainsi arracher à notre sol. C’est dire que la collection est toujours le résultat de quelque aventure et de quelque rapt. Un rapt souvent payant pour les sociétés qui leur réservent une place. En Algérie, «l’esprit collection» vient de commencer à peine de pénétrer les institutions culturelles publiques. Le Mama (Musée national d’art moderne et contemporain d’Alger) a donné l’exemple. En associant les collectionneurs privés à l’exposition des œuvres du peintre Issiakhem, il a rappelé que ceux-ci peuvent contribuer à une manifestation d’utilité culturelle et publique. Chez nous, c’est la philatélie qui semble avoir eu, en premier, voix au chapitre. Les premiers salons de collectionneur qui ont été organisés, ont ciblé surtout les timbres poste. Ainsi en est-il des salons de Sétif, de Ouargla ou d’Oum el- Bouaghi. À noter que l’initiative de l’Établissement Arts et Culture renoue avec une tradition qu’avait instaurée son ancêtre, à savoir le Comité des fêtes de la ville d’Alger. La tradition malheureusement ne s’est pas trop renouvelée depuis, puisqu’il n’y a eu que deux salons, l’un organisé en 1992 et l’autre en 1998.