L’apparition de boutiques et d’étals informels proposant une multitude d’onguents et de baumes prétendant guérir toutes les maladies, même celles incurables a fait son apparition un peu partout dans les quartiers de la capitale. Cela pourrait ressembler à un retour aux sources, aux médecines traditionnelles, mais cela va beaucoup plus loin et peut même s’avérer dangeureux. Ces «guérisseurs» après un simulacre de consultation et avoir marmonné un verset du Saint Coran vous affirmeront que si vous prenez la préparation concoctée par leurs soins, avant ou après la prière du «fedjr», c’est selon, Dieu veillera à votre guérison par leur intermédiaire, bien sûr. Toutes les catégories sociales se côtoient en ces lieux, des malades ayant fait appel aux services de ces herboristes, interrogées, jurent leur grands dieux qu’ils doivent leur guérison à Hadj X. ou Hadj Y., car ce sont bien entendu tous des hadjis ... ces témoins avoueront toutefois avoir continué à prendre, durant leur cure «bio», le traitement prescrit par leur médecin traitant. Ces «guérisseurs» savent pertinemment qu’un malade ayant épuisé tous les recours de la médecine est prêt à s’accrocher à n’importe quelle bouée se présentant à lui. En outre ils sont loin d’être de simples Samaritains, en effet tablant sur la forte affluence féminine, ils proposent en parallèle de leurs préparations curatives le shampoing miraculeux, venu en droite ligne des Lieux Saints, la crème qui sublimera la peau et fera se bousculer les prétendants, le khol à nul autre pareil qui donnera au regard une profondeur insoupconnée et bien d’autres produits, tous dédiés à la beauté féminine. Il faut préciser qu’Alger a toujours eu ses guerisseurs et rebouteurs qui continuent d’ailleurs à exercer dans l’ombre et de se transmettre le secret des plantes médicinales de père en fils et de mère en fille sans toutefois prétendre concurrencer la médecine légale , car connaitre les vertus des plantes ne fait pas d’eux, pour autant, des médecins.