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Edition du 29 Décembre 2010



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Comment identifier un requin meurtrier
29 Décembre 2010

En regardant les photos de l’attaque, en étudiant les plaies et les morceaux de dents restés dans le corps de la victime, ou en se fiant à des témoignages.
Dans le cas des attaques de Charm Echeikh on s’appuie sur des photos qui servent de preuves. Les experts pensent qu’un seul requin longimane (plus communément appelé «requin à aileron blanc») est responsable de deux des attaques. En effet, des photographies prises avant et pendant les deux attaques montrent un animal aux caractéristiques physiques semblables. Bien qu’il n’y ait aucun moyen de retrouver la trace de ce requin, les scientifiques ont une idée précise de son apparence et pourraient l’identifier si, d’aventure, ils venaient à le croiser.
Il est très rare que des requins à aileron blanc sévissent dans les eaux égyptiennes. Les experts sont souvent obligés de croire à des chimères et de se limiter à déterminer l’espèce du squale responsable de l’attaque, sans aller jusqu’à décrire l’aspect de l’animal. Les photos étant rares, les biologistes marins se rabattent sur les récits de témoins oculaires (qui décrivent la taille, la couleur et les marques corporelles du requin mis en cause) – des bases peu fiables, malheureusement. Tout baigneur qui s’est retrouvé à proximité d’un requin dangereux a tendance à largement surestimer la taille de l’animal. Autre réalité à faire froid dans le dos, 85% des personnes attaquées par un requin ne le voient pas.
Un examen des morsures peut s’avérer plus utile, car la dentition des requins est très variable d’une espèce à l’autre. A partir du diamètre des blessures, les scientifiques peuvent parfois déterminer la taille du squale. En fonction des déchirures de la chair humaine autour des entailles, on peut déduire les mouvements qu’a effectués le requin au moment de l’attaque. Par ailleurs, certains requins, en particulier les petits, sont assez souples pour secouer vigoureusement leur tête au moment de l’attaque. En analysant les marques de morsure ainsi que les zones où les dents du squale ont rayé les os de la victime, on peut savoir si le tranchant des dents est lisse ou dentelé.
Naturellement, si une partie des dents est restée logée quelque part sur le corps de la victime, c’est un indice majeur. Sans doute la clé qui permettra d’établir quelle espèce est à l’origine des morsures. D’ailleurs, il n’est pas rare que la dent d’un requin se brise, puisque les squales sont des poissons cartilagineux dont les dents ne sont pas enracinées dans des os (comme chez l’homme). Une mâchoire de requin ressemble à un tapis roulant fait de dents; lorsqu’une dent antérieure se brise sur un phoque, une planche de surf ou un humain, il y en a une autre juste derrière pour la remplacer. Si les scientifiques arrivent à identifier l’espèce responsable d’une attaque sur des baigneurs, ils peuvent éventuellement consigner cette information dans une base de données telle que le Fichier international sur les attaques de requin à des fins scientifiques – en général, cela ne va pas plus loin. Le fait de savoir à quoi ressemblent les requins meurtriers de Charm el-Cheikh n’est pas d’une grande utilité: les requins sont des animaux de passage, qui traînent rarement autour de la même plage pendant très longtemps. Par ailleurs, le mythe du méchant requin dévoreur d’hommes est maintenant passé de mode. Même Peter Benchley, l’auteur du best-seller Les Dents de la mer [qui a inspiré la saga éponyme en quatre volets, a reconnu tardivement qu’il n’avait pas rendu service aux requins en les dépeignant comme d’impitoyables monstres marins.


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