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Edition du 22 Décembre 2010



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Coup de massue en Iran sur le 7e art
22 Décembre 2010

Le cinéaste iranien de renom Jafar Panahi, proche de l’opposition, a été condamné à six ans de prison pour «participation à des rassemblements et pour propagande contre le régime», a annoncé lundi dernier son avocate. Il a également été frappé d’une interdiction de réaliser des films, d’écrire des scénarios, de voyager ou de donner des interviews au cours des vingt années à venir. Un autre jeune réalisateur, Mohammad Rasoulof, qui travaillait sur un film avec Jafar Panahi, a reçu la même condamnation. Les deux cinéastes devraient faire appel. Agé de 50 ans, Jafar Panahi, l’un des cinéastes de la «nouvelle vague» iranienne les plus connus à l’étranger, avait été arrêté le 1er mars dernier à son domicile de Téhéran avec seize autres personnes, dont sa femme et sa fille. La plupart avaient été libérées quelques semaines plus tard. Jafar Panahi, lui, avait fini par recouvrir la liberté fin mai, après le versement d’une caution de 200.000 dollars. Pendant son séjour en prison, il avait entamé une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention. Face aux protestations internationales, le ministère iranien de la Culture avait affirmé que l’arrestation du metteur en scène était liée au fait qu’il «préparait un film contre le régime portant sur les évènements post-électoraux». Une référence aux manifestations qui avaient suivi la réélection très contestée de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009. Une accusation que Jafar Panahi a toujours démentie Jafar Panahi, connu pour ses critiques sociales grinçantes, a notamment reçu le Lion d’or à la Mostra de Venise en 2000 pour Le cercle et l’Ours d’argent à la Berlinale en 2006 pour Hors-jeu. Il a été primé à deux reprises à Cannes. Il a ainsi obtenu le Prix de la Caméra d’or en 1995 pour Le ballon blanc, ainsi que le Prix du Jury - Un Certain Regard en 2000 pour l’Or pourpre. En 2010, en raison de sa détention, il n’avait pas pu assister au festival de Cannes de mai, où il devait pourtant faire partie des jurés. En signe de solidarité avec le cinéaste, le jury avait symboliquement laissé son siège vide lors de la cérémonie d’ouverture du festival. De nombreuses personnalités ont publiquement affiché leur soutien au cinéaste au cours de l’année écoulée telles que Steven Spielberg, Martin Scorcese, Ang Lee ou encore Oliver Stone. Juliette Binoche, au moment de recevoir le 23 mai à Cannes son prix d’interprétation féminine pour son rôle dans Copie Conforme, de l’Iranien Abbas Kiarostami, avait consacré une partie de son discours à Jafar Panahi. Lundi, dans la soirée, les réactions suite à l’annonce de sa condamnation ne se sont donc pas fait attendre. Bernard-Henri Lévy a ainsi expliqué que Téhéran venait «d’inventer le délit de synopsis» et avait «déclaré la guerre à ses artistes et à sa société civile toute entière». «Il faut trouver le moyen de faire entendre raison à ce régime devenu fou», a affirmé le philosophe, appelant à la mobilisation de «la communauté des cinéastes, du festival de Cannes et du ministre de la Culture». Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, a de son côté annoncé qu’il allait rapidement mettre en place un comité de soutien.

Les intellectuels français réagissent
Le ministre de la Culture français, Frédéric Mitterrand, a exprimé son indignation, qualifiant la condamnation de Jafar Panahi de "pseudo-jugement". Pour le philosophe Bernard-Henri Lévy, le réalisateur a été condamné "sur le soupçon d’avoir l’intention de réaliser un film sur le Mouvement vert (l’opposition lors de l’élection présidentielle en 2009). Son seul crime est d’avoir soutenu [Mir Hossein] Moussavi", le candidat de l’opposition, a-t-il indiqué à l’AFP. De son côté, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a immédiatement appelé à agir vite, et cherchait à organiser rapidement un comité de soutien avec la Cinémathèque française et la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, présidée par le réalisateur Bertrand Tavernier.


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