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Edition du 22 Décembre 2010



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Bab-El-Oued s’offre un week-end avec Aït Menguellet
Le poète a toujours quelque chose à dire…
22 Décembre 2010

Lounis Aït Menguellet incarne certainement le personnage qui condense les tonalités subversives du poète et la sagesse mesurée de l’«amousnaw» ou du philosophe-savant si cher à Mouloud Mammeri.

Ce maître de la chanson et de la musique kabyles donnera sous l’égide de l’ONCI deux concerts à Alger deux jours de suite, soit jeudi et vendredi, 23 et 24 décembre à 19h 30 à la salle Atlas de Bab-el-Oued.
Lounis Aït Menguellet incarne certainement le personnage qui condense les tonalités subversives du poète et la sagesse mesurée de l’ « amousnaw » ou du philosophe-savant si cher à Mouloud Mammeri. Ses débuts se confondent avec les premiers épanchements de la jeunesse kabyle, qui a émergé à la fin des temps héroïques et des exils. Fini la guerre, fini les émigrations temporaires et les relents nostalgiques envers un pays qui incarnait presque tout, et la terre et la femme, érotisé à outrance jusqu’à faire de l’amour une idée presque abstraite. Aït Menguellet est d’abord un lieu et une mémoire. Il est resté fidèle au terroir à un moment où beaucoup d’artistes de sa génération n’ont pu résister à l’appel insistant de la mondialisation. Depuis qu’il a commencé à composer ses chansons, le poète n’a pas quitté Ighil Bamas, le village qui l’a vu naître en pleines montagnes du Djurdjura. On n’a pas beaucoup cherché à comprendre comment le jeune chanteur va braver les interdits de sa société, la raison tiendrait peut-être au fait qu’on connaissait déjà l’histoire de nombre d’artistes qui l’avait précédé sur le même terrain. Des histoires qui sont en somme semblables en leur rudesse et qui plus est, lorsqu’elles concernent des artistes femmes. Avec Lounis l’amour se personnalise et gagne en lyrisme. Les figures féminines prennent de l’épaisseur, on est à l’époque des 45 tours et des Wiza, des Djamila, des Ya Tejra Illili (laurier-rose) et des Ma troud (Si tu pleures), on est à ce moment où le poète est encore inconscient de son talent, mais dont il va au fur et à mesure des succès s’apercevoir petit à petit. Les premiers échos de sa notoriété lui parviennent alors qu’il est enfermé pour le service militaire dans une caserne constantinoise. Il dut en sortir avec une chanson emblématique à l’époque : S-zallamit i-hetbegh (C’est avec les allumettes que j’égrène mes jours). Les années 70 se passent presque dans l’exploration de la gamme des relations amoureuses. La séparation d’avec la bien-aimée promise à un autre avec Al waldin aneft-iyi (ô parents, laissez-moi), l’attente amoureuse et impatiente avec Urdjagh (j’ai attendu), la passion éperdue avec Ketbagh isem-im(j’écris ton nom) sont là pour exalter la noblesse du sentiment amoureux. L’artiste ne sacrifie pas pour autant aux thèmes plus emblématiques de la société kabyle exaltant l’appartenance à l’identité berbère, cela a commencé d’abord à transparaitre au travers de la symbolique sportive avec la chanson JSK. Si au niveau de l’orchestration, la musique devient plus soignée à mesure que l’artiste avance dans sa carrière, elle restera longtemps limitée à 2 ou 3 instruments : une guitare et un instrument de percussion, le plus souvent une derbouka ainsi qu’une flûte. La polyphonie pour autant ne manque pas dans les morceaux d’Aït Menguellet. Il ne faudrait pas y voir que de la simplicité dans cette manière de procéder. La recherche de l’authenticité souvent engage son auteur dans une entreprise de restitution de ce qui lui semble être des sonorités locales. Le tournant des années 80 avec le Printemps berbère trace une ligne de rupture avec l’œuvre précédente. Plus philosophique avec A dunit-iw (ô ma vie), plus politique avec Askouti (le scout), le nouveau répertoire s’enrichit de mille nuances sur le registre de la revendication berbère. Mais une autre étape s’ouvre en 2000 avec Inna-d umaghar (Le vieux a dit) qui marque le désenchantement et une reconsidération du militantisme berbère, de la politique et du sens de la vie. C’est dire que le poète a toujours quelque chose à dire, une conscience à…

Par : LARBI GRAÏNE

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