La préservation et le classement du patrimoine manuscrit a été au centre d’une journée d’étude ouverte dimanche à Naâma à l’initiative du secteur de la culture. Lors de cette rencontre, organisée avec le concours du centre d’archives de Naâma et le laboratoire des manuscrits de l’université d’Oran, une pléiade de spécialistes, de représentants du mouvement associatif et d’intéressés du patrimoine, issus des wilayas du sud-ouest du pays, ont abordé plusieurs questions ayant trait aux moyens et techniques de préservation du manuscrit. Les participants se sont penchés sur la méthodologie de classification des manuscrits, les moyens de protection des manuscrits restant dans les bibliothèques publiques et des familles, ceux se trouvant dans les laboratoires d’analyse d’anciens manuscrits et ceux en possession des spécialistes. Les communications scientifiques présentées à cette journée d’étude ont souligné la richesse et l’importance des manuscrits du sud du pays ainsi que leur apport dans la formation de la civilisation, de la culture et de l’identité nationale. Le Pr. Salah Ben Guerba de l’université d’Oran a mis en valeur l’importance de ce fond documentaire rare qui enrichit des dizaines de bibliothèques de manuscrits à travers le pays, notamment au niveau des écoles coraniques et des zaouïas. Selon l’intervenant, la plupart des zaouïas se situent dans les régions sahariennes, ce qui a entraîné la dégradation de leurs manuscrits, en raison des conditions climatiques rigoureuses qui influent sur l’état des manuscrits, en l’absence de conditions de préservation. Ces facteurs n’ont pas été les seuls à avoir contribué à la négligence de ce patrimoine, explique l’intervenant qui cite aussi le fait que certaines bibliothèques n’ont pas été accessibles aux chercheurs, et les "fuites" opérées sur des manuscrits rares, vers différentes destinations. A cette occasion, les professeurs du laboratoire de l’histoire de l’université d’Oran ont mis en exergue les efforts consentis, depuis des années, pour la création de laboratoires pour la préservation et la classification des manuscrits dans plusieurs régions, à l’exemple des wilayas d’Oran, Alger, Constantine, Ghardaia et Adrar. Ces efforts viennent en réponse à la dynamisation du rôle des chercheurs en matière de protection de la mémoire collective et certains aspects de l’identité nationale, ont-ils estimé. Dans le cadre de la relance du projet universitaire portant création d’un réseau national, composé de cellules régionales, pour la préservation du patrimoine manuscrit, la préparation du lancement d’une cellule à Naâma a été annoncé. Cette cellule dépendra du laboratoire des manuscrits d’Afrique du Nord de l’université d’Oran qui aura pour mission la réalisation d’une classification pour la wilaya et la formation des chercheurs et étudiants en archéologie, en histoire et en patrimoine manuscrit. Il est prévu aussi l’organisation de stages sur l’étude des contenus des bibliothèques et l’orientation des étudiants dans l’élaboration de leurs mémoires de fin d’études en matière de classification des manuscrits de la bibliothèque nationale, selon des méthodes scientifiques modernes. Le chercheur Mabrouk Mokadem de l’association de recherches et des études historiques de la région de Timimoun a souligné, dans son exposé sur un modèle de classification et de préservation des manuscrits, le rôle des khizanate populaires des régions du Touat et du Tidikelt dans la protection des manuscrits, tout en évoquant les efforts déployés en matière de réhabilitation de quelques rares manuscrits.