Le Midi Libre - Culture - Iguerbouchen ressuscité à Tizi-Ouzou
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Edition du 20 Décembre 2010



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Concours de musique classique
Iguerbouchen ressuscité à Tizi-Ouzou
20 Décembre 2010

Mohamed Iguerbouchen est un immense musicien, malheureusement peu connu ou carrément méconnu par les jeunes Algériens d’aujourd’hui. Pourtant, il s’agit d’un monstre sacré de la musique classique universelle. C’est afin de le faire connaitre aux jeunes que l’association culturelle qui porte son nom, créée dans sa région natale, Tizi-Ouzou, a lancé depuis quelques jours un concours de musique classique. La première édition vient de se clôturer à la maison de la culture de Tizi-Ouzou avec la participation de plusieurs écoles de musique, venus de plusieurs régions du pays dont Alger, Bouira et Batna. C’est dans un climat festif que se sont déroulées ces journées artistiques, avec notamment l’organisation de plusieurs concerts de musique classique avec la troupe Ikhulaf Iguerbouchen, la chorale avec Adrar n’Ath Qdia, ainsi que des élèves de différentes écoles. C’est sans doute le gala de clôture, abrité par la grande salle de la maison de la culture Mouloud- Mammeri qui a constitué l’apogée de cette manifestation culturelle ayant permis à de nombreux talents de trouver une tribune pour s’exprimer. Plusieurs chanteurs talentueux, mais encore méconnus car débutants ont égayé un public nombreux. Mais c’est sans doute le jeune chanteur Chérif Douzene qui a le plus retenu l’attention. Ce dernier possède en effet une voix très belle. Il a interprété avec brio plusieurs chansons du géant de la chanson kabyle moderne Takfarinas dont l’immortelle Way telha. Il a aussi charmé l’assistance avec de nombreux préludes dont ceux de Takfarinas et certains de Kamel Raiah. Lors de la cérémonie de clôture, le président du jury du concours de musique classique Mohamed-Iguerbouchen a adressé des recommandations aux organisateurs parmi lesquelles on pourrait retenir celle consistant à décaler ce rendez-vous à l’été car « c’est durant cette période que les élèves des écoles de musique sont le plus à même d’être disponibles pour y prendre part ». Le président du jury a aussi proposé que le concours bénéficie d’une plus grande médiatisation et de l’organisation de plus de conférences pour bien meubler le calendrier. Aussi, le même orateur a suggéré qu’une présélection soit organisée au niveau de toutes les écoles de musique à l’échelle nationale avant l’événement. Quant au directeur de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, El Hadi Ould Ali, il a annoncé que le ministère de la Culture a inscrit le projet d’une école de musique au profit de la wilaya. Mohamed Iguerbouchen à la mémoire duquel ce concours national sera dédié chaque année est né le 19 novembre 1907 à Aït Ouchen dans la région d’Azeffoun. Enfant, il passait le plus clair de son temps à jouer à la flute mais en même temps, il prenait ses études à cœur. C’est à Alger qu’il perfectionnera ses connaissances en musique en assistant trois fois par semaine à des concerts. Il apprendra à jouer du piano et le solfège. Sa surprenante mémoire lui permettra de rejouer des airs qu’il n’a entendu qu’une seule fois. Mohamed s’inscrit un peu plus tard en Angleterre au Norton Collège puis à l’Académie royale of music de Londres où il recevra l’enseignement du célèbre professeur Livingston. En 1924, il rentrera au conservatoire supérieur de Vienne où il suivra les cours du rénovateur de la musique classique autrichienne, Alfred Grunfeld. Il présentera son premier concert à l’âge de 17 ans, le 11 juin 1925, au niveau du Lac Constance à Bregenz de l’Etat libre de Bâle, en Autriche. Et il obtiendra le premier prix d’instrumentation et de piano. Iguerbouchen écrira plus de 160 rapsodies d’inspiration et d’héritage algérien. En 1928, il composera la musique du film Aziza de Mohamed Zinet et en 1937, il cosignera avec Vincent Scotto la musique du film Pépé le Moko de Jean Gabin et J. Duvivier. Plusieurs autres films verront leurs musiques composées par Iguerbouchen comme Les plongeurs du désert, Cirta de Tahar Hennache, Le palais solitaire, l’Homme bleu, etc. Iguerbouchen présentera, pendant des années, des émissions radiophoniques en kabyle sauvant ainsi de l’oubli des chanteurs et des chants amazighs.

Par : LOUNES BOUGACI

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