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Edition du 18 Décembre 2010



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Professeur BelKacem Chafi, gynécologue obstétricien
3 mille nouveaux cas de cancer du col de l’uterus enregistrés chaque année
24 Novembre 2010

Une conférence sur le cancer du col de l’utérus sera organisée, les 23, 24 et 25 novembre 2010, au EHU d’Oran, durant laquelle des spécialistes vont essayer de mettre le point sur cette pathologie afin de sensibiliser la population. En Algérie, 3 mille nouveaux cas sont enregistrés chaque année. Selon les statistiques établies par le Professeur Belkacem Chafi, éminent gynécologue obstétricien, 900 mille nouveaux cas sont enregistrés chaque année dans le monde avec 300 mille décès par an, soit une femme sur trois en meurt de cette pathologie.

Les 2/3 restants des femmes atteintes souffriront d’une morbidité grave (cachexie, douleurs importantes…). Les causes de cette maladie, qui est la deuxième cause de mortalité après le cancer du sein, sont multiples, dont les infections vaginales mal soignées. Pourtant, un diagnostique précoce, qui consiste à faire des frottis, peut guérir à 100% cette pathologie. Mais malheureusement, par manque de surveillance en Algérie, les femmes consultent tardivement ce qui peut parfois être irréversible. «Toute femme devient à risque de CCU dès son premier rapport sexuel puisque L4HPV est amené dans les voies génitales de la femme par le sperme. Il s’agit bien d’une infection sexuellement transmissible», affirme le Professeur Chafi. Un vaccin préventif de 2 types existe déjà depuis 2006, mais ce vaccin n’est efficace que s’il est administré chez une jeune fille ou jeune femme et ce, avant tout rapport sexuel, c’est-à-dire avant de contracter une infection à HPV. Pour connaître un peu ce qu’est cette maladie, les facteurs de risques, ainsi que la prévention, écoutons le Professeur Chafi qui a eu l’amabilité de répondre à nos questions relatives à cette pathologie.


Midi Libre : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le cancer du col de l’utérus ?
Pr Chafi : Le cancer est une maladie de la cellule. La cellule est l’unité de base de la vie. Il existe dans le corps humain plus de 200 types de cellules différentes (musculaires, immunitaires, nerveuses…) qui ont chacune un rôle précis.
C’est grâce à la multiplication des cellules que le corps humain peut grandir jusqu’à l’âge adulte, que les cellules mortes sont remplacées et que les blessures cicatrisent. Cette multiplication cellulaire est tout à fait normale et indispensable à la vie. La cellule cancéreuse est une cellule qui a fait l’objet de plusieurs modifications. L’organisme répare ces modifications subies par les cellules qu’elles soient accidentelles ou liées au vieillissement. Les capacités de l’organisme à réparer ces modifications et à éliminer les cellules anormales s’affaiblissent naturellement avec l’âge. Plusieurs types de ces modifications sont nécessaires avant qu’une cellule ne devienne cancéreuse. Cela étant, le corollaire d’un processus complexe irréversible peut prendre plusieurs années. La cellule devenue cancéreuse ou maligne a perdu toutes ses capacités de réparation. Cette cellule se multiplie de façon incontrôlée dans un organe du corps humain et finit par former une masse que l’on appelle "tumeur maligne". Cette tumeur prendra le nom de l’organe qui la portera : cancer de l’utérus, de l’ovaire, rein, foie… En l’absence de traitement, le cancer se développe localement pendant longtemps mais les cellules de ces tumeurs malignes peuvent avoir tendance à migrer dans d’autres parties du corps et à s’y développer donnant ainsi de nouvelles tumeurs : on parle alors de "métastases". Ainsi, plus le cancer est laissé sur place et plus il détruira l’organe qui le porte, les organes voisins et un peu plus tardivement d’autres organes à distance. C’est pour cette raison que plus on traite un cancer diagnostiqué précocement, meilleures sont les chances d’avoir un bon résultat et il faut donc savoir qu’en l’absence de traitement adapté, tout cancer risque d’évoluer, se compliquer et devenir rapidement mortel.

Quelles sont les femmes à risque ?
Bien que les facteurs de risque du CCU soient nombreux, à savoir :
- Rapports sexuels précoces avant 17 ans ;
- Mariage avant 20 ans ;
- Plus de 5 enfants ;
- Le premier enfant avant 20 ans ;
- Un niveau socio-économique bas ;
- Des partenaires sexuels multiples ;
- Partenaires ayant eux-mêmes de multiples partenaires ;
- Contraception orale de longue durée chez une femme "HPV positive" ;
- Le tabagisme aussi bien actif que passif ;
- Des infections génitales à répétion, dont les infections à HPV, surtout 16 et 18 ;
- Diabète, déficience immunitaire (SIDA) ;
- Corticothérapie de longue durée…
On peut dire que toute femme devient à risque de CCU dès son premier rapport sexuel puisque le HPV est amené dans les voies génitales de la femme par le sperme. Il s’agit bien d’une infection sexuellement transmise.
Cette dernière va générer une maladie qui sera le CCU.

Peut-on dire qu’il s’agit d’un problème de santé publique ?
Il s’agit effectivement d’un problème de santé publique par sa fréquence :
900 mille nouveaux cas chaque année dans le monde avec 300 mille décès par an, soit une femme sur 3 atteintes en meurt. Les 2/3 restants des femmes atteintes souffriront d’une morbidité grave ( cachexie, douleurs importantes,…).
Le cancer du col de l’utérus est classé 8e au rang des cancers féminins en nombre de nouveaux cas et au 15e rang en nombre de décès. En Algérie, il est classé au 2e rang après le cancer du sein qui prend la première place malheureusement.

Dispose-t-on de bons moyens curatifs ?
Oui, nos moyens sont certainement les mêmes que partout dans le monde sinon plus importants par rapport à beaucoup de pays

Le taux de guérison permet-il d’être optimiste ?
Concernant la thérapie, c’est oui, mais malheureusement, nos patients, par défaut de dépistage et de sensibilisation sur le sujet, arrivent toujours tardivement à des stades où le traitement devient impossible et d’un mauvais pronostic

Comment peut-on prévenir cette pathologie ?
Deux moyens sont à notre disposition : la vaccination et le dépistage précoce qui permet la guérison à 100%.
En effet, son incidence est de 8.9 pour 100.000 femmes années en Algérie ;en France 5.6 /100.000 et 16,9/100.000 femmes années en Martinique ; 16/100.000 au Maroc et 3.2 en Arabie Saoudite ; 5,6 à 9,5/100.00 femmes années (Alsace). Le dépistage se fait par le FCV (frottis cervico vaginal) chez la femme de 25 à 65 ans en rythme triennal : 1 frottis/3 ans, après 2 frottis à 1 an d’intervalle. En France, il n’existe pas de programme national de dépistage, par contre en Algérie, le programme national existe depuis 2002. Un dépistage arrivant à 80 % entraîne une réduction d’incidence à 2,5 %/an pour les femmes de 25 à 69 ans.

Peut-on espérer un vaccin ?
Le vaccin n’est plus de l’ordre de l’espoir, mais il existe déjà et ce, depuis plusieurs années ; depuis 2006 exactement. Il en existe 2 types. Les 2 types agissent en prévention primaire, en s’attaquant l’un aux 2 virus oncogènes retrouvés dans la genèse du CCU, à savoir le HPV 16 et le HPV 18 ; on dit alors qu’il est bivalent. Et le 2e vaccin qui s’attaque à 4 HPV, c’est-à-dire non seulement les 16 et 18 du CCU mais également aux HPV 6 et 11 de façon à prévenir également les tumeurs bénignes type «Condylomes Acuminés» qui se développent au niveau de la sphère génito-urinaire : vagin, vulve, petites lèvres, méat urinaire, grandes lèvres, région péri anale et anus. On dit alors que c’est un vaccin quadrivalent.

Quelles sont les indications de ce vaccin ?
Ce vaccin n’est efficace que s’il est administré chez une jeune fille ou jeune femme et ce, avant tout rapport sexuel, c’est-à-dire avant de contracter une infection à HPV. On parle alors d’administration de vaccin à des personnes HPV Naive pour dire HPV négative.Pour cela, les pays européens les ont mis en vente pour être administrés chez les jeunes filles de 12 ans en Italie, 15 ans en France … mais à condition qu’elles n’aient jamais eu de rapport sexuel infectant.

Comment utiliser ce vaccin ?
Le vaccin est administré en 3 injections. Après une première, on injecte le 2e deux mois après et la 3e injection est faite au 6e mois.

Par : Ourida Ait Ali

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