Dans la commune d’Iflissen, la paix se conjugue à tous les temps. Les actions terroristes ou le banditisme ne se signalent presque jamais dans les 38 villages de cette commune. Ici, « l’honneur de la tribu » est défendu avec détermination. Les gens circulent de jour comme de nuit en toute quiétude. Pourtant, cette commune est située dans une région difficile puisqu’elle n’est pas loin de la redoutable forêt de Mizrana et puis tout près des maquis qui donne sur la région d’Azeffoun.
Le secret du maintien de ce climat de sérénité dans cette commune de 38 villages est lié à la mobilisation citoyenne et aussi à l’absence de complicités locales qui pourraient éventuellement faciliter le mouvement des terroristes islamistes voire l’organisation et l’exécution d’attentats terroristes. La région est dotée d’un fort tissu  de comités de villages bien organisés. Ces derniers ne restent jamais de marbre lors des situations difficiles.
La preuve a été donnée et de manière triomphale en novembre 2009. Au moment où personne ne s’y attendait, un citoyen de la région est kidnappé par un groupe armé. Il s’agit d’un propriétaire d’un restaurant situé sur le littoral. Aucun ne s’attendait à ce qui allait suivre cet enlèvement qui était le énième dans la wilaya de Tizi Ouzou. En effet, depuis l’année 2006, les kidnappings perpétrés par les groupes terroristes sont devenus légion. Le scénario est devenu familier et routinier : on kidnappe, on appelle la famille, cette dernière verse la rançon et l’otage est libéré, puis au suivant... Mais cette fois-ci, à Iflissen, les événements allaient prendre une toute autre tournure vraiment inattendue. En vingt-quatre heures, les habitants des 38 villages se sont soulevés comme un seul homme et il y avait une seule phrase sur toute les lèvres : « Libérez notre concitoyen saint et sauf et sans versement de rançon ». Les médias, et même l’ENTV qui, auparavant ne médiatisait pas ce genre d’événements, se déplacent en masse à Issenadjen, village de l’otage. Ce dernier et le courage de ses habitants ont occupé la Une des journaux pendant plusieurs jours pour dire que quand l’union est là, la terreur recule et change de camps. L’otage a été relâché saint et sauf et sans versement de rançon 72 heures plus tard. Un fait inédit dans la wilaya de Tizi Ouzou depuis le début des enlèvements. Issenadjen et toute la région d’Iflissen ont donné l’exemple à suivre et à méditer qui fera tache d’huile en Kabyle où désormais les kidnappings ne se déroulent plus dans le silence total.