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Edition du 18 Décembre 2010



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Dotée pourtant d’un littoral de 15 km
Iflissen, une commune lésée
15 Décembre 2010

Il faut deux heures de route pour se rendre de Tizi Ouzou à Agouni Moussi, le chef lieu de la commune d’Iflissen. Cette dernière, située près de Tigzirt sur mer, est une région féérique avec pas moins de quinze kilomètres de littoral.

Sise entre la grande bleue et une infinité de champs verdoyants, Iflissen, si elle est un havre de paix, n’en demeure pas moins une localité où le développement tarde à venir. Avec dix huit mille habitants, Iflissen attend toujours sa part de développement. En plus de la pénurie d’eau qui touche plusieurs villages de la commune, d’autres problèmes sont vécus quotidiennement par les citoyens de cette localité qui, en d’autre temps et en d’autres lieux, auraient été une grande région touristique.
Si de grands villages comme Taksebt, Issenadjen, Tizi N temlelt ne sont pas concernés par le problème d’alimentation en eau potable, d’autres en revanche en sont fortement pénalisés comme Tiguertala, Ait Youcef et Iqenach. Dans ces bourgades l’eau revient une fois par hasard, nous confient des habitants. La raison principale de cette situation, qui perdure même en hiver, est que l’eau du barrage de Taksebt n’est pas encore arrivée ici. «Pourtant, les responsables nous l’ont promis pour cette année (2010) mais les promesses sont rarement tenues», affirme un autre citoyen.
Par ailleurs, la région d’Iflissen accuse un retard flagrant en matière de couverture sanitaire. Les rares infrastructures qui existent ne sont même pas dotées du minimum requis. Au niveau d’Agouni Moussi, le chef lieu communal, il existe un centre de santé mais dont les prestations ne brillent pas forcément, de l’avis des citoyens approchés et qui ne cessent d’endurer le martyre car pour les soins, ils doivent au moins se déplacer jusqu’au secteur sanitaire de la ville de Tigzirt où, toujours de l’avis des citoyens, la situation est de loin meilleure. « Le minimum de matériel n’est pas disponible au centre d’Agouni Moussi. Il y a aussi le probème de la disponibilité des médecins qui n’est toujours pas pris en charge », expliquent quelques habitants de la commune. Une région frappée de plein fouet par le phénomène du chômage qui n’épargne presque personne. En tout cas, rester au village est synonyme d’oisiveté car il n’y a aucun tissu économique générateur d’emplois dans la région. Ni agriculture ni tourisme, malgré les 15 kilomètres de mer et les vestiges romains du village Taksebt. La quasi-totalité des habitants travaille en dehors du chef lieu de la commune. La majorité sont contraints de faire le déplacement quotidiennement jusqu’au chef lieu de la wilaya de Tizi Ouzou afin de gagner leur croute. Mais cela nécessite de gros frais. Rien que pour le transport, le travailleurs doit débourser au moins 200 dinars pour se déplacer car un aller simple vers Tizi Ouzou nécessite 100 DA avec une escale incontournable à Tigzirt et quatre heures de trajet. C’est une galère donc que de vivre à Iflissen et de travailler à Tizi Ouzou. D’autres préfèrent louer au chef lieu de wilaya pour éviter la navette mais là aussi les frais montent. Mourad qui travaille à Tizi Ouzou a loué un studio à 8.000 DA donc, le tiers de son salaire est dépensé pour assurer un gite sans compter les frais de restauration. Un plat de lentilles à 100 DA. Il dépense au moins 300DA par jour pour se nourrir. Ce qui reste de sa paie, ce sont des miettes, avoue-t-il. « Je travaille juste pour la forme », plaisante-t-il.
La commune d’Iflissen n’est pas non plus gâtée sur plan de l’animation culturelle et artistique. Le chef lieu est doté d’un semblant de centre culturel qui sommeille la majorité du temps pour se réveiller par exemple à l’occasion du 20 avril, anniversaire du printemps berbère et abriter des activités folkloriques sans aucune portée durable, comme des expositions d’articles de journaux et de photos relatant les événements en question. « Dans notre commune, il n’y a ni théâtre ni cinéma. C’est le désert culturel au sens propre du terme », nous confient deux jeunes étudiants qui ne se rendent que rarement chez eux pendant le weekend car, arguent-ils, « il n’y a rien d’autre que l’angoisse à récolter là-bas, chez-nous ».

Par : LOUNES BOUGACI

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