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Système d’exploitation
Nokia confronté à un choix impossible dans les logiciels mobiles
12 Décembre 2010

Symbian, le système d’exploitation mobile de Nokia, voit peu à peu son avance sur son rival Android de Google fondre, mais si le géant finlandais choisit de déclarer forfait dans la course aux logiciels, il pourrait n’en retirer qu’un bref répit.

Stephen Elop, qui a pris les rênes de Nokia il y a trois mois, doit présenter en début d’année prochaine son plan pour endiguer le déclin du groupe finlandais. Certains le pressent de tourner le dos aux logiciels mobiles pour se concentrer sur la production de combinés. Le premier fabricant mondial de téléphones mobiles a tardé à réagir face au large succès de l’iPhone d’Apple, à partir de 2007, et de son kiosque en ligne App Store. Certes, le finlandais produit toujours huit combinés pour chaque iPhone vendu, mais la branche téléphonie du groupe à la pomme dégage un bénéfice plus important que celui de Nokia depuis plusieurs trimestres. Imitant le succès d’Apple, Google a lancé Android, un système d’exploitation proposé gratuitement aux fabricants de mobiles. En deux ans, le logiciel est devenu un standard pour les petits constructeurs au point d’atteindre 17% de part de marché au troisième trimestre - contre 37% au leader mondial Symbian, selon le cabinet d’études Canalys. Si cette tendance se confirme, Android pourrait devenir en 2011 la plate-forme mobile la plus utilisée au monde. "La bataille des logiciels a été remportée par Google et Apple. Nokia peut soit rejoindre le camp des vainqueurs, soit péricliter en restant dans le statu quo d’une guerre déjà perdue", juge Alexander Peterc, analyste chez Exane BNP Paribas. Le profil de Stephen Elop, ancien cadre de Microsoft, a donné du crédit à la rumeur selon laquelle Nokia pourrait équiper ses combinés d’Android ou du logiciel Windows Phone de Microsoft.

Le même sort que Dell ?
Nokia a connu une année difficile : son cours de Bourse a reculé de 15% alors que l’indice sectoriel Stoxx Europe 600 Technology a gagné 13%. Il est très possible qu’en optant pour Android, Nokia cesse d’être malmené en Bourse et progresse même un peu, à la faveur de la réduction de ses coûts et de l’allant donné par cette cure de jouvence.
Mais Stephen Elop a déclaré au mois d’octobre que l’utilisation d’un logiciel extérieur était un choix peu probable.
Non seulement peu probable, mais peu avisé, estime John Strand, patron de la société danoise de conseil en télécoms Stand Consult. "Le jour où Nokia choisira Android, les investisseurs vendront leurs parts", juge-t-il. "Ce sera le jour où Nokia se transformera en un Dell du marché des mobiles."

Actifs stratégiques
A ce jour, l’action Nokia se négocie à 11,3 fois les bénéfices attendus pour l’an prochain, en deçà des 16 fois d’Apple mais devant le ratio de 9,1 fois affiché par Dell. Avec un multiplicateur comparable à celui du fabricant de PC, l’action Nokia se négocierait à 6,19 euros, contre 7,495 euros en clôture jeudi. Et ce n’est pas qu’une question de valeur boursière. "Pour une société qui fait de son logiciel un actif stratégique, migrer vers Android et perdre le contrôle de son propre destin n’est pas une option viable", explique Geoff Blaber, analyste chez CCS Insight. Pour éviter de devenir un simple fabricant de combinés, Nokia redouble d’efforts pour développer MeeGo, une plate-forme logicielle gratuite pour smartphones, conçue en association avec Intel et destinée à défier Android et l’iOS d’Apple. En outre, Stephen Elop a décidé en octobre que tous les logiciels mobiles de Nokia ne seraient désormais plus développés sous Symbian, mais avec la technologie Qt, présentée par le groupe finlandais comme une plate-forme plus simple pour les développeurs tiers. Pour Adam Leach, du cabinet d’études Ovum, Nokia doit "convaincre beaucoup plus de développeurs - ceux qui travaillent actuellement avec l’iOS d’Apple et Android. Il faut que les développeurs adhèrent à l’image de Qt qu’on veut leur vendre." Un pari pas si simple : lorsqu’Alexandre de Rochefort, directeur financier du français Gameloft, a été interrogé sur les projets de son groupe, deuxième éditeur mondial de jeux pour mobile, vis-à-vis de Qt, il a déclaré ne pas connaître cette technologie.
Mais il était, à l’inverse, capable de détailler les nuances existant entre les différentes versions d’Android.


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