Le Midi Libre - Culture - Mohya revient la semaine prochaine
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Edition du 5 Décembre 2010



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Festival national du théâtre amazigh
Mohya revient la semaine prochaine
5 Décembre 2010

Peu connu à l’échelle internationale parce que n’appartenant pas à la sphère culturelle des « grandes langues », Mohya, de son vrai nom Abdallah Mohya, reviendra la semaine prochaine à la faveur de la tenue du 10 au 18 décembre prochain à Batna de la seconde édition du festival national du théâtre amazigh.

Né en 1950 à Azazga dans la wilaya de Tizi-Ouzou, Mohya a traduit plus d‘une vingtaine d‘œuvres théâtrales universelles vers la langue berbère. Il est mort en 2004 à l‘âge de 54 ans à Paris, des suites d‘un cancer. Il s‘est installé en France dès 1973 après avoir décroché l‘année précédente une licence sanctionnant des études supérieures en mathématiques. Inscrit par la suite à l‘Ecole d‘ingénieurs en hydraulique en France, on ne sait pas ce qui adviendra de ses études, on sait par contre qu‘il a travaillé comme veilleur de nuit dans un hôtel parisien du 7e arrondissement avant d‘ouvrir un magasin d‘alimentation générale à Paris. Mais Mohya a débarqué en France avec dans sa valise une somme importante de maximes, proverbes et adages qu‘il a recueillis aux quatre coins de la Kabylie ainsi qu‘un ouvrage de J.-M. Dallet réunissant des proverbes sous le titre «Akken qqaren medden» (comme les gens disent). Il adjoindra aux proverbes de Dallet ceux réunis par ses soins et les publiera en 1978 dans un numéro de la revue «Tisuraf». Ce sera le Groupe d‘études berbères activant à l‘Université Paris VIII (Vincennes) qui lui offrira le cadre pour sa recherche. En rejoignant ce groupe, Mohya devient un des animateurs des publications de ce groupe : le «Bulletin d‘études berbères» (BEB) et «Tisuraf». A partir de 1983, il va animer la troupe théâtrale «Asalu» avec qui il monte un atelier de traduction-adaptation. Mohya fut aussi poète, nouvelliste en kabyle et a travaillé énormément sur la culture orale en réadaptant et réactualisant des textes émanant de la tradition kabyle. S‘il a écrit des nouvelles, celles-ci ne sont connues que parce qu‘il les a éditées sous forme de cassettes audio en 5 volumes. Ces cassettes ont connu un immense succès, on se souvient de quelques unes : «Tamacahut n ileghman» (histoire des chameaux), «Tamacahut n Iqannan» (histoire des nains), Tamacahut n yeghyal (histoire des ânes), Wwet ! (Frappe donc !) etc. Les nouvelles demeurées inédites n‘ont pas fait l‘objet de diffusion sonore. Aussi ses poèmes composés dans les années 1970 ont-ils eu une grande postérité, repris par le chanteur Ferhat, ils connaîtront une large diffusion auprès du public à l‘image d‘ «Ammarezg-nneg !» (ô quelle joie !). Idir, Takfarinas, Malika Domrane ont, pour leur part aussi chanté les poèmes de Mohya. Si ce dernier ne fera pas partie de la troupe qui osera en 1973 jouer en langue kabyle la pièce de K. Yacine «Ddem abaliz-ik a Muh !» (Mohammed prends à valise» au festival de Carthage, néanmoins, Mohya suivra de près ces événements. Les autorités de l‘époque avaient en fait autorisé cette troupe d‘étudiants de Ben Aknoun à se produire à Tunis qu‘après avoir reçu des assurances qu‘elle allait donner un spectacle en langue arabe dialectale. Très affecté par cette situation, Mohya commence alors à entreprendre la traduction vers le kabyle des pièces de théâtre étrangères.
La première pièce qu‘il a traduite est celle de Jean-Paul Sartre «Morts sans sépulture», il publiera avec la collaboration de Moumuh Loukad, une seconde de cet auteur «La P. respectueuse». En 1974 il adaptera Bertolt Brecht, plus précisément sa pièce «L‘exception et la règle» qui devient « Llem-ik, ddu d ud‘ar-ik», le texte est publié sur 42 pages. Il serait fastidieux de donner la liste des œuvres théâtrales adaptées en kabyle par Mohya. Citons quelques unes par exemple la très populaire «Muhend u Caâban» Il l‘a tirée de la pièce «Le ressuscité» de l‘écrivain chinois Lu Xun (ou Lu Sin). «Tacbaylit» la pièce très connue a été tirée de «la Giara» (la jarre) de Pirandello . La célèbre pièce «Partuf» qui a amusé longtemps la galerie kabyle a été tirée de Tartuffe de Molière et «Caâbibi» de «Ubu Roi» d‘Alfred Jarry. «Am win yettrajun R‘ebbi» très populaire aussi nous vient de «En attendant Godot» de Samuel Beckett alors que «Si Lehlu» nous vient de « Médecin malgré lui de Molière ». Au fil de ces réalisations Mohya est parvenu à donner ainsi de la visibilité au théâtre d‘expression amazighe. Nous récoltons aujourd‘hui le fruit de son travail au profit de la revendication berbère

Par : LARBI GRAÏNE

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