Les conséquences du piratage et de la contrefaçon ont fait l’objet d’un débat jeudi à Oran, à l’occasion de la projection d’un documentaire intitulé "Le piratage ou la mort programmée de la culture en Algérie" du réalisateur Abdelhafidh Boualem. Ce phénomène a eu des conséquences directes sur la disparition de centaines de maisons d’édition et dans leur sillage de dizaines de milliers d’emplois, a souligné ce cinéaste, invité à présenter son travail au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran. Artistes, éditeurs, créateurs et le directeur régional de l’Office des droits d’auteur (ONDA), étaient unanimes à souligner la gravité de la situation et les effets néfastes de cette situation sur la vie difficile de l’artiste.
L’image la plus poignante et la plus représentative est celle du chanteur Bouteldja Belkacem, celui qui a révolutionné le raï avec Bellemou. Atteint d’une grave maladie, ce dernier ne dispose d’aucune ressource financière alors que ses œuvres sont pillées en toute impunité. Les extraits du film présenté au public ont permis de mesurer l’ampleur du problème. Chaque vendredi, Tahtaha, place mythique de M’dina djedida d’Oran se transforme en un gigantesque "lieu de piraterie", où plus de 40.000 supports copiés (DVD et CD) sont proposés à la vente, relève ce travail documentaire. M. Houari Boucif, directeur régional de l’ONDA, interviewé par le réalisateur, a estimé que "toutes les institutions doivent intervenir et s’investir pour faire face à cette hémorragie".
Lors du débat, le réalisateur a indiqué que le piratage et la contrefaçon sont devenus "une véritable industrie qui échappe au contrôle". Il a également mis le doigt sur la régression que connaît l’espace de l’audio et du DVD à Oran. La métropole de l’ouest du pays compte aujourd’hui trois maisons d’édition contre 75 dans les années 80. "Deux éditeurs ont décidé de changer carrément de créneau. L’un a investi dans la restauration et l’autre compte se lancer dans le tourisme", a indiqué M. Abdelhafidh Boualem en ajoutant que le nombre de supports déclarés à l’ONDA est passé de 10 millions dans les années 80 à un million aujourd’hui. Cette rencontre-débat a été organisée par l’équipe de recherche du CRASC "Champs culturels et mondialisation en Algérie".