La salle El Mougar d’Alger accueillera aujourd’hui à partir de 16 heures « Oye Luna ! » une pièce du metteur en scène français Richard Dermarcy, ancien professeur à la Sorbonne, docteur en sociologie qui a eu à obtenir le chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
Connu pour être partisan d’un théâtre « des merveilles », Richard Dermarcy, 68 ans, s’est beaucoup intéressé au continent noir. Joueront d’ailleurs dans la pièce d’aujourd’hui à côté du Portugais Antonio Da Silva au moins quatre comédiens issus de l’Afrique subsaharienne : Franck Ndakouzou, Modeste Nzapassara (Centrafrique), Afonsina Ngau-Domingas (Angola), et Mariana Ramos (Cap Vert). Anticolonialiste invétéré, Richard Demarcy croit en la « circulation artistique » dans le sens d’un mouvement d’échanges entre les expériences théâtrales de par le monde. Au reste le dramaturge français à un point faible pour l’Afrique lusophone, (s’exprimant en portugais) pour avoir participé à la révolution des Œillets, (avril 1974) qui a été à l’origine de la chute de la dictature de Salazar.
Un projet lui tient à cœur : dresser le pont entre l’Afrique francophone et l’Afrique lusophone et entre ces deux dernières et l’Europe. Pour lui « la bataille pour le théâtre, c’est dans la durée qu’elle se joue, c’est dans les compagnies et le voyage des œuvres, qui doivent tourner, venir, revenir, repartir entre l’Europe et l’Afrique pour construire des ponts.
C’est indispensable, culturellement d’abord, politiquement ensuite, et c’est une bataille au quotidien pour faire entendre la nécessité de cette circulation artistique » a-t-il déclaré à « Africultures ». Richard Demarcy croit que la maladie du théâtre « c’est le national » en soulignant la dimension plutôt « internationale » du 4e art comme du cinéma auxquels il réfute d’accoler le qualificatif de « national ». « Oye Luna !» relate l’histoire (qui s’inspire d’un conte portugais « Les deux bossus ») de deux bureaucrates devenus bossus à cause des multitudes de dossiers qu’ils vont devoir traiter.
Cette histoire qui semble tirée d’une réalité très connue s’imbrique pourtant au fantastique avec cette incursion d’une sorcière qui déteste les dimanches. Les deux énergumènes auront la vie sauve que lorsqu’ils s’extrairont de leur univers de rond-de-cuir paperassier en allant humer l’air frais de la nature…ça donne la mesure de l’art de Richard Demarcy qui, soucieux de l’authenticité et de l’actualité d’un thème, choisit de ne pas sacrifier la dimension mythique.