Le Midi Libre - Société - La réparation passe d’abord par les excuses de l’homme
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Edition du 15 Novembre 2010



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Me Sabrina Kemache, psychologue au Midi Libre
La réparation passe d’abord par les excuses de l’homme
10 Novembre 2010

Midi Libre : On parle de la femme battue, la femme victime, mais peut- elle être un peu responsable de cette violence subie ?
Sabrina Kemache : Moi je ne parle pas de responsabilité, je parle plutôt d’un désengagement conflictuel qui s’installe au sein du couple, et lorsqu’on parle de violence il faudrait parler au pluriel. Il y a la violence physique, verbale, psychologique et qui souvent forment un bloc, et elles sont tellement imbriquées l’une dans l’autre au point que cela devient carrément une habitude, voire un mode de vie de tous les jours. Dans ce cas là, la femme prend tellement le pli. A force de laisser faire le mari, elle oublie qu’une spirale infernale s’installe. Comme on l’appelle communément, après une violence s’ensuit la lune de miel qui est en fait fausse. Apres coups ou injures, l’homme a tendance à culpabiliser, il cherche à apaiser sa femme on lui offrant un cadeau, des fleurs, alors la femme se dit que son mari a réparé son acte impulsif, mais en vérité les dégâts ne se réparent pas ainsi. On retrouve aussi chez la femme un petit peu ce coté maso, elle se laisse donc, elle croit qu’en adoptant ce comportement elle négocie mieux avec le sexe opposé, or c’est une erreur, en plus cela fait perdre la crédibilité de la femme et franchement ce n’est pas la bonne manière de négocier avec son agresseur, en outre ça la place dans une position de faiblesse et l’homme prend le pli et se permet de la violenter.

Comment justement mettre un terme dès la première violence ?
La femme doit avoir suffisamment de courage pour revenir à la charge lorsque l’orage est passé. Elle doit discuter, demander des explications à son agresseur pour mettre un terme à cette violence et comme disait le proverbe « c’est en discutant que jaillit la lumière ».
Cela dit, ce qu’il ne faut jamais oublier, c’est que lorsqu’un homme insulte ou lève la main sur sa femme, sœur, ou dans certains cas sa mère il y aura toujours une deuxième, troisième fois et ainsi de suite.
Il ne faut pas que la femme laisse passer cette première violence, quand bien même qu’il s’agisse d’une parole mal placée, un geste, la femme doit comprendre qu’il ne s’agit en fait que des préliminaire d’un acte violent.
Mais la femme à été éduquée de cette manière comment pourrait-elle changer ?
Oui, il est vrai que nos mères et grands-mères nous ont inculqué cette suprématie de l’homme. D’abord, entre la fille et le garçon la maman privilégie toujours ce dernier, inconsciemment elle est en train de réfaire le même schéma. Dans notre jeunesse on a toujours ressenti cette frustration sans pour autant pouvoir réagir. Mais de nos jours, on comprend le coté pervers de la chose.

En tentant de cerner ce comportement violent de l’homme envers la femme, peut-on dire que « l’homme est naturellement bon et que c’est la société qui le corrompt» comme disait «Rousseau» ?
Pour cerner le comportement de cet «homme violent, il faut toujours revenir en arrière pour piocher dans son passé. Il faut dire que chaque personne a vécu une histoire individuelle. Il y a ceux qui ont grandi avec ce sentiment de suprématie, il s’autorise à la faire parce qu’il a vu son père se comporter de la sorte envers sa mère. Il y a d’autre qui ont été victimes de violence dans leur enfance et reproduisent le même schéma.
D’autres personne qui ont été violentées dans leur prime enfance à l’age adulte pour effacer ces stigmates d’une enfance violentée feront exactement le contraire, en essayant de prodiguer à leurs entourages les meilleurs soins. Et là c’est réparateur pour la génération future. Car on peut dire que c’est trans-générationnel et l’homme a compris que c’est la meilleure façon pour préparer un meilleur terrain pour sa descendance.

La femme battue peut-elle se reconstruire un jour sans garder des séquelles psychologiques à vie ?
Il est très difficile pour une femme qui a vécu dans un milieu violent d’effacer les séquelles morales. Ce n’est pas du jour au lendemain, et par enchantement qu’elle se réveillera un jour guérie.
Pour qu’il y est réparation il faut qu’il y est le pardon de la part de l’homme et pour qu’il est pardon, il faut qu’il y est reconnaissance. Malheureusement ce n’est pas toujours évident car ce processus demande beaucoup d’efforts, de volonté et d’amour.

Par : O. A. A.

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