Le Midi Libre - Supplément Automobile - ‘’Nous retrouverons notre place naturelle en Algérie’’
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Edition du 3 Novembre 2010



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Vincent Rambaud, Directeur Général de Peugeot
‘’Nous retrouverons notre place naturelle en Algérie’’
2 Novembre 2010

Rencontré en marge du mondial de l’automobile de Paris, M. Vincent Rambaud, directeur général de Peugeot, a répondu à cœur ouvert aux questions du groupe de journalistes automobiles algériens présents à cet événement. Il a mis en avant les nouvelles ambitions de la marque au lion en matière d’énergies alternatives en mettant en test une nouvelle solution diesel/hybride mais aussi électrique. M. Rambaud parlera bien évidement du marché algérien dans lequel il rêve de reconquérir le segment des pick-up.

Parlant du marché algérien, M. Rambaud dira que Peugeot a un atout considérable de par l’ancienneté de ses relations dans ce pays. ‘’Et derrière l’ancienneté de nos relations, il y a l’image et la notoriété et il y a tout ce que peut représenter une voiture Peugeot en Algérie. La Chine est un plus gros marché comparativement au marché algérien c’est vrai, mais je dirai qu’on ne peut pas dire que Peugeot arrive à créer un lien avec les consommateurs chinois sur le plan affectif humain et de notoriété, que celui qu’on peut avoir avec un pays comme l’Algérie’’ a déclaré M. Rambaud. Il ajoutera en disant qu’évidemment ‘’ce que je dis c’est vrai pour l’ensemble des pays de la Méditerranée et d’Afrique du Nord et évidemment aujourd’hui le marché qui était et qui est important pour la marque Peugeot est bien celui de l’Algérie. L’Algérie dans cette zone est contenue dans notre histoire et de l’histoire de la marque en Algérie, elle doit jouer un rôle particulièrement clé’’. M. Rambaud répondra aussi à un certain nombre de questions ayant relation avec les ambitions de Peugeot en Algérie et dans le monde.

On constate que Peugeot ne profite pas justement de sa légitimité sur notre marché pour exploiter tout son potentiel…
Je partage votre raisonnement, je dirai que ces dernières années Peugeot n’a pas été au bout de ce que la marque pourrait faire dans ce pays, cela pour différentes raisons. Une bonne partie de nos produits répondait aux attentes des besoins du marché et c’est très bien, les clients algériens qui ont acheté des voitures Peugeot sont heureux et fiers de rouler avec, mais je dirai qu’il y a des besoins spécifiques des clients en Algérie différents de ce qu’on peut trouver ailleurs, c’est pour cela qu’on travaille aujourd’hui dans ce sens là et c’est un axe de développement fondamental pour la marque d’être capable pour toute la zone du bassin méditerranéen et en particulier l’Algérie, d’avoir des produits qui vont nous permettre de retrouver notre place naturelle.

Peugeot aujourd’hui parle d’internationalisation, mais on se rend compte que certains produits sont exclusivement destinés à des marchés bien spécifiques, ne pensez-vous pas que c’est contradictoire avec votre politique ?
C’est toute la complexité de notre métier, la difficulté pour un constructeur c’est de faire deux choses à la fois. Essayer de faire des produits qui correspondent à l’attente des besoins de chaque client dans chaque pays, les attentes sont différentes car les spécificités du marché sont différentes : l’état des routes, le climat, le revenu moyen des habitants du pays ne sont pas les mêmes ainsi que les habitudes et le nombre d’enfants moyen dans les familles … Les besoins ne sont pas strictement les mêmes, donc il y a une nécessité d’un côté de s’adapter aux différents marchés si on veut bien répondre aux attentes du marché.
Dans un autre côté, on est dans une industrie de masse où le volume est très important si on veut avoir des produits rentables, il faut avoir beaucoup de volume et donc il faut essayer de faire le plus possible les mêmes produits un peu partout, donc les deux choses sont contradictoires évidemment. 
Ce qu’on essayera de faire par exemple avec la 508 pour l’Europe et le reste du monde (dont l’Algérie) et puis pour la Chine, c’est de concevoir un produit selon les attentes des clients. La clé c’est d’essayer de concevoir un produit qui répondra aux besoins de toutes les régions. Après, on pourra faire quelques modifications pour l’adapter encore mieux mais dès le départ on a une voiture qui est bien, répond aux besoins des uns et des autres. C’est ça la logique vers laquelle l’on va, c’est une nouvelle dynamique, ce n’est pas forcément quelque chose qu’on a très bien fait mais on est dans une nouvelle dynamique, l’idée c’est de penser nos produits dès l’origine pour les différents marchés d’une façon à être capable par la suite de les adapter pour les différents marchés dont l’Algérie. 
Aujourd’hui, on va fabriquer une nouvelle berline tricorps qui sera adaptée pour les besoins des pays du bassin méditerranéen, c’est un produit dont je suis extrêmement attaché, mais il a fallu qu’on la pense pour être destinée à plusieurs pays et en même temps pour être capable de développer la même voiture en Russie, en Amérique latine et en Chine avec des problématiques très différentes.

Peugeot a lancé un pick-up sous l’appellation « Hoggar » qui ne sera pas commercialisé en Algérie, quelle en est la raison ? 
L’appellation Hoggar a un autre sens au Brésil et qui évoque les pays nordiques, il n’est pas commercialisé en Algérie aujourd’hui. Au Brésil, le marché des petits pick-up est très important, on a voulu être présent, c’est le cas aujourd’hui avec le Hoggar.
Economiquement, aujourd’hui on ne peut pas l’importer en Algérie, on ne peut pas développer exactement ce type de véhicules pour le marché de l’Afrique du Nord mais ça ne veut pas dire qu’on ne reviendra pas sur le marché des pick-up en Algérie, ça fait partie de mes rêves.

Vous parlez des automobiles Peugeot en évoquant la montée en gamme de la marque, est-ce que ce n’est pas paradoxal à cause du risque d’être pénalisé sur les marchés d’accès au premier véhicule ?
Le but de la marque Peugeot est, partout où elle se trouve, de répondre au meilleur niveau de satisfaction et d’attente des clients. Il faut que les produits soient adaptés aux marchés et une fois ces produits positionnés en termes de gamme, il faut que le niveau de qualité qu’ils apportent aux clients par rapport à leurs attentes ne les déçoit pas. Il faudra pour nous que le client trouve en sa voiture ce qu’il attendait. On doit avoir un niveau d’exigence très élevé, plus élevé que par le passé et c’est ce que nous entendons par ‘’la montée en gamme’’ notamment dans les marchés européens.
  Si maintenant on raisonne par rapport au marché algérien, le challenge est de proposer une voiture qui doit s’adresser à un public large, à la fois abordable pour le client et en même temps dotée d’un niveau d’exigence de qualité au maximum, c’est cela la montée en gamme.
On ne peut pas faire une voiture dont les possesseurs, quels que soient leurs pays, ne soient pas profondément prêts à l’acquérir. Nous on veut partout, en Algérie comme ailleurs, avoir à la fois beaucoup de clients avec des parts de marchés importantes et je crois justement qu’en Algérie on a tout ce qu’il faut pour avoir ce résultat, mais on veut que nos clients soient fiers de rouler dans une Peugeot. Peu importe si on a dû s’adapter pour être à un niveau abordable dans ce marché, le plus important est que le client ait une Peugeot, c’est ça une montée en gamme et une marque de référence.

Ceci n’a donc rien à voir avec le concept ‘’low coast’’ ?
Non, je crois vraiment que c’est un concept réducteur. Ce qu’on veut en permanence, c’est que nos clients soient fiers de rouler dans nos voitures, qu’ils soient algériens, chinois, russes ou brésiliens, il faut qu’ils soient fiers.

Durant votre intervention, vous avez parlé de l’avenir en évoquant l’hybride et l’électrique… Selon vous, quelle est la voie la plus plausible ?
L’environnement est un vrai sujet incontournable, il est vécu de façon plus ou moins importante suivant les pays et suivant les régions, mais c’est un sujet incontournable d’abord pour des raisons concrètes et puis pour des raisons politiques ou psychologiques.
Ce que nous croyons chez Peugeot, c’est qu’on ne pourra pas relever les défis de l’environnement pour l’avenir avec une seule réponse. C’est très difficile de dire que c’est l’électrique qui fera l’avenir ou pas, mais il y a une chose sur laquelle je suis sûr, c’est qu’il faut que nous ayons plusieurs réponses.
Il faudra qu’on ait une réponse électrique adaptée à un certain type de clients, qui est urbain, qui a les moyens (car la solution électrique n’est pas gratuite) et qui cherche plutôt de petites voitures. Ce qui veut dire que ce type de client ne doit pas avoir une famille nombreuse, qu’il n’ait pas envie de partir loin de la ville… Ces conditions nous poussent plutôt à proposer en premier lieu ce type de voiture à une clientèle dont le profil est professionnel.
Si on parle d’hybride, on s’adresse à un client qui cherche une offre plus polyvalente, comme c’est le cas avec la 3008 hybride qui est une voiture un peu luxueuse qui ne s’adresse pas à tous les clients bien sur. C’est un véhicule qui permet de bénéficier à la fois de la technologie diesel (qui est la plus économique actuellement notamment sur autoroute) associé à une nouvelle technologie écologique et puis lorsqu’on est en ville, nous bénéficions du zéro émission grâce à l’électrique. Vous avez donc un mix absolument extraordinaire en plus vous bénéficiez de 4 roues motrices. La 3008 hybride est une offre assez luxueuse mais totalement polyvalente.
C’est comme cela qu’on pourra décliner un certain nombre de réponses adaptées à chaque fois.
Vous savez qu’il y a certaines régions dans le monde où l’on ne trouve pas un carburant diesel de bonne qualité, il va falloir pour ces clients qui sont aussi nos clients, trouver une solution pour les satisfaire. Donc, à chaque fois, il faut vraiment avoir une solution adaptée. On pense qu’effectivement l’hybride diesel est sur ses lancées et on est extrêmement fier d’être le premier constructeur à commercialiser un hybride diesel au monde c’est quand même quelque chose d’assez extraordinaire et aussi parce qu’on est convaincu, et c’est assez naturel vu qu’on est historiquement numéro un en diesel, qu’on est aussi historiquement numéro un en hybride, il est donc assez normal qu’on soit les premiers sur l’hybride/diesel.
Je pense qu’il faut rester tout de même modeste et qu’il faut continuer à travailler dans tous les secteurs. Une chose est sûre, dans 10 ou 20 ans, il y aura encore beaucoup de moteurs thermiques, et donc ces moteurs thermiques il faudra qu’on leur fasse faire plus de progrès et on travaille et on investit beaucoup là-dessus et j’avoue qu’actuellement c’est spectaculaire les progrès qu’on arrive à faire sur les moteurs thermiques.
Vous savez, on fait énormément de progrès sur l’aérodynamique en améliorant constamment l’aérodynamique des voitures, on fait des progrès avec nos partenaires en matière de pneumatiques afin de réduire la consommation des véhicules, on allège le poids des voitures, il faut travailler dans tous les domaines parce que le défi est important. Je ne sais pas qui aura le dernier mot, l’électrique ou l’hybride/diesel, mais la certitude pour moi est qu’on doit travailler pour être les meilleurs dans chacun des deux domaines.

Depuis 2010, vous avez adopté un nouveau style, que vous inspire la nouvelle image stylistique ?
Vous savez, j’ai presque envie de vous renvoyer la question. Lorsque vous voyez une voiture comme SR1, qu’est-ce qu’elle vous inspire ? Moi ça m’inspire simplement beaucoup d’émotions.
La caractéristique d’un style réussi c’est d’abord un style qui s’inscrit à la fois dans son époque et en avance sur son époque, c’est-à-dire quand vous voyez une voiture comme SR1 moi je ressens à la fois les caractéristiques des lignes du style lui-même, très pures, très raffinées, très élégantes et en même temps l’élégance d’une certaine façon très simple.
Quand je regarde SR1, je sens ce lien qui est un peu une caractéristique de Peugeot entre toute l’histoire de la marque car on reconnaît rapidement Peugeot et en même temps ça me projette dans l’avenir, c’est-à-dire qu’on se dit cette voiture là est la voiture dont je rêve pour demain et c’est ça le style réussi.

Vous avez présenté le nouveau concept HR-1 au mondial de Paris. Est-ce que Peugeot va s’intéresser de plus près aux Crossovers compacts ? Est-ce la réussite du 3008 qui vous donne l’envie de vous lancer dans le segment ?
D’abord, HR-1 est un concept. Chez Peugeot, un concept n’est jamais neutre ou gratuit, on ne peut pas bosser comme ça sur une voiture rigolote à montrer seulement sur un salon. Si on présente un concept pareil c’est qu’on a une idée derrière la tête et c’est l’occasion pour nous de la confronter un peu aux gens qui viennent le voir, sentir les réactions et à travers ça on décide après exactement ce que l’on doit faire.
Je crois qu’il y a plusieurs idées dans HR-1. Il y a à la fois l’idée d’un petit crossover, une chose qui est très intéressante avec ce véhicule notamment pour moi, je vous donne vraiment un ressenti personnel,  c’est que c’est une voiture, vous avez probablement vu le film et vous avez vu la voiture, quand on voit le film on le voit surtout à l’extérieur avec de très beaux paysages alors c’est pas en Algérie mais ça aurait pu l’être naturellement, et quand on la voit comme ça on se dit j’aimerais bien être dans cette voiture là, dans ce crossover, on se voit bien à travers la nature faire un long trajet…etc et puis en même temps quand vous voyez la voiture vraiment, vous prenez conscience de sa taille, c’est une petite voiture extrêmement compacte donc ça veut dire que c’est une vraie citadine. Et quand vous regardez à l’intérieur, vous voyez que c’est une voiture totalement connectée et totalement moderne, enfin qui correspond totalement à la façon de vivre et de penser de la génération moderne qui n’est malheureusement plus la mienne, et donc c’est une voiture extrêmement belle, moderne…et du coup c’est un objet extrêmement polyvalent, et je disais tout à l’heure pour 3008 Hybrid 4 c’est une voiture qui est aussi extrêmement polyvalente et qui peut répondre à beaucoup de besoins et voilà c’est un peu cette idée là que l’on recherche avec HR-1. Pour être tout à fait honnête, on ne sait pas encore quel sera l’avenir pour HR-1 et puis si je le savais je ne vous le dirai pas vous le savez bien, là on l’occurrence je ne le sais pas donc je n’ai pas de problème donc voilà c’est un peu les idées que l’on travaille avec HR-1.

Est-ce que la maison mère est satisfaite des résultats obtenus par Peugeot Algérie ?
Oui, absolument. Je crois que les performances sont là, je ne vous dis pas ça parce que le principal responsable est là, mais effectivement on est très satisfait mais ce n’est pas simple, tout n’est pas simple là bas. Je crois qu’il faut se bagarrer sur différents sujets et ça me ferait d’autant plus plaisir de vous dire que la maison mère, comme vous dites, est satisfaite de ce qui se passe en Algérie, parce que je sais que ce n’est pas tous les jours très simple.

Par : Hamid ABBASSEN

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