La décision de Moh Cherif Hannachi était somme toute prévisible car la mesure prise la veille par la FAF le prive de toutes ses prérogatives et ce, pour une période de deux années.
Devant des journalistes présents hier matin au stade de Tizi Ouzou, Mohand Cherif Hannachi n’a pas mâché ses mots. Sa colère semble être montée d’un cran après la décision du bureau fédéral de le suspendre pour une durée de deux années en tant que président de la Jeunesse sportive de Kabylie. Cette décision, s’il elle venait à être notifiée officiellement, priverait Hannachi même du droit d’animer des conférences de presse au nom de la JSK et d’assister au match du club. Même si Hannachi a pris la précaution de préciser que son retrait de la tête d’un des clubs les plus titrés d’Algérie n’était que temporaire, tout porte à croire qu’il s’agit d’un nouvel épisode du feuilleton qui oppose Hannachi au président de la FAF depuis plusieurs semaines. Moh Cherif Hannachi a textuellement déclaré : « Je me retire de la tête du club temporairement jusqu’à la tenue de l’assemblée générale ». Cette dernière aura probablement lieu en février ou mars 2011, selon le calendrier des activités de la direction de la JSK. Jusqu’à hier à la mi-journée, la suspension de deux ans par la FAF à l’encontre de Hannachi était encore au stade de la rumeur. Une information qui tendait à se confirmer de plus en plus en fin de journée. Hannachi a décidé de nommer un intérimaire qui gérera les affaires courantes du club jusqu’à la tenue de l’AG. Il pourra s’agir de Doudene Karim, président de la section football, de Mustapha Ouaked, vice-président ou bien de Boukhari Said, secrétaire général. C’est du moins les précisions ajoutées par Hannachi. Pour ce dernier, sa décision a pour objectif d’épargner son club des problèmes qui auront à surgir. Il a argué ainsi sa décision par « la volonté de ne pas pénaliser la JSK ainsi que par un besoin de repos et de retrouver la sérénité ". Moh Cherif Hannachi a insisté, en revanche, sur un point qu’il juge essentiel : « Même après mon retrait, je m’exprimerai en conférence de presse chaque fois qu’on s’attaquerait à la JSK". Concernant la décision de sa suspension prise par la FAF, Hannachi, qui préside aux destinées de la JSK depuis une vingtaine d’années, a révélé qu’il n’a reçu aucune notification à ce sujet. Il a aussi indiqué qu’il pourrait s’agir d’une rumeur « propagée par le président de la ligue régionale du football".
Hannachi a accusé Raouraoua de « gérer unilatéralement la FAF, avec la complicité des membres du bureau fédéral ». Il a également estimé n’avoir « commis aucun impair qui lui vaudrait une telle sanction ». « Dans le cas où cette sanction serait réelle, elle ne peut être considérée que comme une réponse de son auteur à mon refus du chantage », a martelé Moh Cherif Hannachi. Ce dernier a ajouté : « Je refuse de payer les billets d’avion pour le transport de mon équipe, car c’est le ministre du secteur lui-même qui a chargé le premier responsable de l’instance fédérale de régler la facture », a-t-il insisté.
Hannachi s’est longuement attardé sur l’information faisant état de sa suspension, qui est à l’origine de cette sortie médiatique inopinée et à laquelle n’ont assisté que les journalistes qui étaient sur place au moment de sa tenue : « Je continuerai à considérer que c’est une rumeur, tant que je ne suis pas entendu par la commission de discipline de la FAF qui reste la seule instance habilitée réglementairement à prendre une telle mesure ». « Dans le monde entier la ligue nationale de football est gérée par les clubs adhérents, sauf chez nous où cette structure est squattée par une poignée de gens qui n’ont rien à voir avec le football", a enchaîné Hannachi sur un autre registre. « La mésentente » entre les présidents des clubs, dont la plupart soutiennent la ligue plutôt que de se solidariser entre eux dans l’intérêt du football national, constitue aux yeux de Hannachi la preuve de ce qu’il avance.
Hannachi a réitéré son soutien pour les 28 clubs amateurs qui sont à leur quatrième journée du boycott du championnat régional et a invité « les parties concernées à se mettre autour d’une table pour trouver la solution adéquate, plutôt que de menacer les clubs concernés de rétrogradation en division inférieure, ce qui équivaut à une injuste sanction de plus de 3 mille jeunes ».
L.B.