La Kalaâ n’ath Abbas apparaît sur la scène géopolitique vers 1510 pour disparaître à l’arrivée des Français même si la Kalaâ devait tomber définitivement en 1871 lors de l’insurrection d’El Mokrani et du cheikh el-Haddad. Le royaume a été fondé par Abderrahmane Ben Abdelaziz connu sous le nom de Sidi Abderrahmane, après que ce dernier eut fédéré les villages de la région. Située à 1.300 m d’altitude, à 50 km au nord de Bordj Bou Arréridj et à 100 km environ de Bejaïa, la Kalaâ n’était devenue accessible qu’après la construction par la France du chemin carrossable qui y mène jusqu’à aujourd’hui.
Elle fut bâtie sur le modèle du la kalâa des Beni Hammad, dont les ressortissants devaient se replier sur la région de Bejaïa pour échapper aux nombreuses incursions des Zirides et des Almohades. Le royaume des Bibans fut un pôle industriel important. La tribu des Aït Abbas est qualifiée par les historiens de tribu manufacturière. Elle fabriquait du savon, des bijoux en or et en argent, des étoffes de laine et des burnous blancs. Mais la production d’armes y était de loin la plus importante, de sorte qu’une partie des stocks parvenait au reste de l’Algérie.
On y pratiqua même une sorte d’espionnage économique, puisque les Kabyles avaient enrôlé dans leurs ateliers de fabrication d’armes des Andalous d’Espagne, des renégats et des chrétiens. Ils sortaient de ces fabriques de longs fusils et des platines qui étaient commercialisées même à Tunis. On exploitait un minerai en roche qui était traité au charbon de bois dans un bas fourneau semblable à la méthode qui avait cours en Catalogne.
D’après le Dr Shaw, les Beni-Abbas peuvent « mettre en compagne trois mille fantassins et quinze cents chevaux ». Selon la conjoncture, ce royaume s’est allié ou s’est opposé au pouvoir des deys d’Alger mais il a toujours su maintenir faire à eux une franche indépendance.
Par : L.G.