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Edition du 11 Octobre 2010



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Cités abandonnées dans la capitale
Un véritable refuge de délinquance
11 Octobre 2010

Des cités achevées ou abandonnées sans finitions finissent par devenir le repaire des délinquants de tout bord, alors que des milliers de familles sont entassées sous des tentes ou des chalets en ruine en l’absence de logements.

Le problème des habitations inoccupées, notamment les citées achevées un peu partout dans différentes communes algéroises, reste toujours à l’ordre du jour dans la capitale. Un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur engendrant mille et un soucis. Des cités achevées ou abandonnées sans finitions finissent par devenir le repaire des délinquants de tout bord, alors que des milliers de familles sont entassées sous des tentes ou des chalets en ruine en l’absence de logements ! Au moment où des centaines de milliers d’habitants végètent dans des conditions inhumaines dans des habitations de fortune, des centaines de milliers de logements restent inoccupés, à l’image de la cité de Chéraga ou encore la cité El-Merdja, dans la commune de Baraki, qui abrite 600 logements vides et qui s’est transformée en refuge pour les délinquants, ou la cité des 170 logements, dans la commune d’El-Achour, qui, elle aussi, est devnue un autre refuge pour ces délinquants dont la majorité est très jeune. Habité par quelque 40 familles seulement, il y a près de trois ans maintenant, le quartier des 170 logements est loin d’être un endroit paisible et sûr pour ses habitants qui vivent dans la crainte d’être agressés ou cambriolés par ces voyous qui ont envahi le reste des logements inoccupés sans que cela semble inquiéter les autorités concernées.

Une absence totale de sécurité
Il faut dire que la prostitution et le commerce des stupéfiants, selon certains habitants dudit quartier qui nous ont contactés, sont devenus monnaie courante dans ce quartier, chose qui n’a fait qu’augmenter les peines et la peur de ses habitants. "Depuis que j’habite ce quartier il y a près de trois ans maintenant, j’ai toujours eu peur de sortir de chez moi et laisser la maison et je n’ai jamais permis à mes enfants, surtout mes deux petites filles, de sortir dans le quartier ou aller quelque part toutes seules par crainte d’être agressées par ces jeunes, en l’absence de sécurité", nous dira un père de famille avant d’ajouter : "Nous ne cessons de solliciter les forces de l’ordre, gendarmes et policiers pour qu’ils effectuent des brigades en permanence et voir ces intrus qui gâchent notre vie et dérangent notre quiétude au quotidien." Il faut signaler que ledit quartier ne dispose toujours pas de toutes les commodités de vie, tel le gaz de ville, et aujourd’hui, plusieurs appartements, notamment ceux abandonnés, connaissent quotidiennement des masses électriques et plusieurs fois des câbles ont explosé, ce qui a terrifié les habitants.

Des logements en attente d’attribution
Il faut rappeler que selon les chiffres avancés par des organisations nationales, quelque 400 mille habitations sont fermées dans la seule capitale. Des cités entières achevées restent vides, à l’instar de la très belle cité située dans la commune de Chéraga, réalisée grâce à un don qatari et qui n’a jamais été attribuée en dépit de la forte demande en logements. Plusieurs autres cités achevées ou sans finitions sont abandonnées par les responsables locaux, telle la cité El-Merdja, dans la commune de Baraki. Au moment où cette cité demeure "interdite" depuis plus de 20 ans, des milliers d’habitations précaires poussent comme des champignons dans la localité et dans toute la capitale. Alors qu’avec seulement quelques menues retouches, cette cité pourrait contribuer à tirer des centaines de familles de la misère et de la précarité. Les habitants de la commune de Baraki, comme des milliers d’autres dans plusieurs localités, affichent leur incompréhension et colère face à cette situation ambiguë. «Notre quartier n’abrite à présent que des délinquants», nous dira un sexagénaire.

Le silence des autorités
Notre interlocuteur n’a pas manqué de signaler sa déception concernant le silence des autorités locales, pourtant sollicitées à maintes reprises pour prendre en charge ce problème, reprendre les travaux du projet fini à presque 90% et soulager ainsi les peines des citoyens. Certains habitants ne manqueront pas de mettre l’accent sur la célérité d’intervention de ces mêmes autorités au moment où certains "mal-logés" ont tenté de squatter ces appartements abandonnés. Les riverains revendiquent le droit à plus de sécurité, affirmant qu’ils n’osent même plus laisser leurs enfants jouer à proximité de cette cité. Nous avons contacté les autorités locales de Beraki pour trouver des réponses aux préoccupations des citoyens à propos de ce projet oublié, leur réponse est celle-ci : «Ce projet fait partie des "failles" des assemblées précédentes. La commune de Baraki compte récupérer ce projet, mais avant cela, il faut d’abord régler sa situation administrative pour bien déterminer les responsabilités et ne pas se heurter à d’éventuels problèmes à l’avenir.» Mais jusqu’au jour d’aujourd’hui, aucune mesure n’a été encore prise.

Des cités vandalisées
Il faut noter, par ailleurs, que l’incivisme des citoyens a, de son côté, beaucoup participé dans le retardement du projet, puisque des inconscients ont saccagé la plus grande partie du matériel mis en place avant d’être abandonné par l’entreprise de réalisation.
Portes, fenêtres, sanitaires et même les câbles électriques et les conduites d’eau et de gaz de ville ont été dérobés, ce qui obligera les autorités locales en cas d’une éventuelle décision de reprise de travaux d’y consacrer un important budget, nous dit-on. Le même sort le connaît la cité dite 850 logements, dans la commune de Bourouba, qui a été abandonnée alors qu’elle était dans un stade très avancé des travaux, en fin 2008, pour un éventuel "désengagement de l’entreprise de réalisation", apprend-on auprès de sources proches des responsables de la commune et qui devient aujourd’hui le berceau de différents fléaux et maux sociaux. Cela sans parler des milliers d’habitations de particuliers fermées et abandonnées pendant des années.
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Par : CHAFIKA KAHLAL

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