D’aucuns évoquent avec une certaine nostalgie leur enfance et se remémorent leur maison natale, leur quartier, leurs camarades de classe, leurs jeux puérils… Ces souvenirs indélébiles d’une période lointaine qui remonte souvent à l’époque coloniale sont empreints d’auto-satisfaction car à cette époque, il fallait se contenter du strict minimum. Néanmoins, l’esprit de solidarité, d’entraide et de fraternité prévalait et ce n’était pas un vain mot.
Des retraités ayant résidé dans des maisons traditionnelles implantées jadis à Bab Souk sur les hauteurs de la ville de Guelma, dans des chambres individuelles destinées à chaque famille qui disposait de toilettes collectives et d’une fontaine dans la cour, se retrouvent aujourd’hui dans des squares ou jardins publics. Pauvres mais dignes durant leur enfance, ils se rendaient chaque matin auprès du marchand de beignets de la place de la fontaine pour y acheter ces beignets croustillants, ruisselants d’huile qu’ils ramenaient à la maison pour les déguster avec leur café au lait. Les bambins du quartier achetaient volontiers de petits beignets, des zlabias et des makrouds confectionnés par des professionnels, notamment des Tunisiens.
Les gargotiers de la place Salluste ne désemplissaient pas. ils accueillaient chaque matin des vagues de travailleurs, de collégiens et de clients qui venaient déguster les fameux bols fumants de pois chiches et de " loubia " , haricots blancs, agrémentés d’épices et de pieds de veau. L’ambiance était conviviale, les prix très abordables et chacun s’en retournait repu et comblé !
Les autochtones se rendaient aussi dans des boutiques qui servaient des verres de " leben " , lait fermenté qu’ils sirotaient eaccompagnés des tranches de pain recouvertes de beurre frais. Les ouvriers, les gens modestes et des enfants étaient de fidèles clients de ces crèmeries d’antan.
A présent, ces commerces disparaissent au fil des ans au grand dam des riverains qui assistent impuissants à l’extinction de ces lieux conviviaux et bon marché. Toutefois, quelques échoppes subsistent, mais elles ont perdu leur cachet d’antan, leur chaleur, leur simplicité. C’est la rançon du progrès !