Le film "Hors-la loi" de Rachid Bouchareb, qui a suscité un tollé lors de sa présentation au festival de Cannes, en mai dernier, sera présenté lundi soir en avant-première à Marseille, au milieu de menaces de nostalgiques de l’Algérie française de s’opposer à cette présentation.
L’oeuvre, une fiction relatant le quotidien de trois frères qui, à partir d’un même évènement (8 mai 1945 Ndlr), ont pu faire des choix différents, est prévue pour sortir en salle le 22 septembre 2010. Pour l’historien Henri Pouillot, joint au téléphone par l’APS, ces menaces émanant de l’extrême droite et des nostalgiques de l’Algérie française ont pour but de faire interdire la projection du film au prétexte de "trouble à l’ordre public", les manifestants menaçant de recourir aux fumigènes et autres ...pioches. Ce film, rappelle-t-il, en se référant à Rachid Bouchareb lui même, ne se veut pas être un documentaire historique, mais une fiction, inspirée par des faits historiques réels.
"C’est une úuvre artistique, et à ce titre, en France, le droit à l’expression se doit de rester intangible. Ce film recèle d’énormes qualités", a-t-il affirmé. M. Pouillot a reconnu que "toutes les scènes qui sont montées dans ce film correspondent à des réalités qui se sont produites à un moment ou à un autre. Ce sera donc une révélation pour une partie du public d’apprendre ainsi une partie de l’histoire récente souvent occultée".
Dans un entretien paru dimanche dans "Ouest-France", le réalisateur Rachid Bouchareb s’est réfusé à "toute retouche" du film. "Pour qui et pour quelle raison (le ferais-je) ? Parce que quelques personnes ont dit sans l’avoir vu qu’il posait problème", s’est-il intérrogé. Pour lui, l’heure est à l’écriture "sereine" de l’histoire.
"Au lieu de vivre une guerre de mémoires, il faudrait qe des deux côtés de la Méditerranée, les historiens puissent débattre et écrire l’histoire ensemble, sereinement".
APS