L’alerte a été donnée cette semaine et les entrepreneurs à l’est du pays sont sur les dents. Echaudé par les expériences précédentes ayant souvent abouti à la paralysie des chantiers, Nabil Kessar, responsable au niveau de l’Union des entrepreneurs de l’Est craint le pire. "Il y a une hausse vertigineuse subite des prix du rond à béton. Ce qui peut se traduire par une pression dans l’activité des chantiers de construction. C’est devenu cyclique ces hausses imprévisibles. Les programmes, notamment le logement social ou le LSP, risquent d’en pâtir. Cette inflation récurrente des prix des matériaux de construction a généré d’innombrables problèmes pour les entrepreneurs ayant en charge des programmes scolaires ou sociaux " dénonce-t-il et d’ajouter amer : « déjà le plus gros de nos approvisionnements en acier est fourni par les opérateurs privés ou par les circuits informels, vu les faibles quantités livrées sur le marché légal par l’usine ArcelorMittal. Les fournisseurs privés, eux, pratiquent des prix qui dépassent parfois tout entendement. Il y a urgence à réguler sérieusement le marché. Selon la même source, le prix du quintal du rond à béton a dépassé depuis une semaine les 9.000 DA, soit presque le double des anciens prix pratiqués jusqu’ici. Il a même frôlé la barre de 10.000 DA affirment certains.
Cette spéculation effrénée sur le marché d’un produit stratégique résulte, selon certains observateurs avertis, d’un manque flagrant de services de contrôle du circuit commercial livré à une véritable mafia du rond à béton. "Les pratiques mafieuses existent d’où la prépondérance de l’informel et des transactions sans factures. Nous sommes soumis au diktat implacable de cette mafia qui contrôle toute la chaîne commerciale de l’acier. Ils ont même des complices au niveau des centres commerciaux à Skikda et ailleurs. Il est est à rappelé l’affaire des 100 milliards de TVA détournés avec la technique des franchises délivrées par le fisc et qui a fait un grand scandale dans lequel ont été éclaboussés nombre de fonctionnaires» fulmine un important entrepreneur de la région d’Annaba. Les entrepreneurs sont convaincus que cette situation a été créée par un important stockage du rond à béton dans des entrepôts clandestins, ce qui a provoqué un vide subit sur le marché qui, à son tour, a flambé.