Le Midi Libre - Midi Kabyle - Les lumières sombre d’un génie
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Edition du 18 Septembre 2010



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Abdelwahab Mokrani peintre
Les lumières sombre d’un génie
15 Septembre 2010

Né en 1956 à Jijel, en petite Kabylie, un huit janvier 1958, Abdelwehab Mokrani fut élève de l’Ecole nationale des Beaux-arts d’Alger durant trois année avant de rejoindre l’Ecole supérieure des Beaux-arts de Paris, de 1976 jusqu’en 1982. Il participa à une première exposition collective à la foire internationale d’Alger en 73, puis en 80 dans l’enceinte de l’école même. Diplômé, et désormais pétris dans l’art, il devint pensionnaire de la Villa Abdeltif à Alger. Vite, il est invité en résidence pour une année à la Cité internationale des Arts à Paris. Sa première exposition personnelle, il l’organisa au centre culturel de la wilaya d’Alger en 1981. Jusqu’en 1998, ses toiles n’ont pas quitté les cimaises des galeries. En 1990, la Galerie Issiakhem (aujourd’hui, Isma) exposait ses toiles et ses dessins exécutés pour « Vision du retour de Khadidja à l’opium », un recueil de poésies d’Amin Khan. Deux ans plus tard, les Centres Culturels Français d’Algérie présentaient à leur tour ses illustrations pour « Le Voyage », un poème de Charles Baudelaire. Du centre socioculturel Gérard Philipe en 1982, le Château de Chaudon, en 1993, il ira de salles en salles, de ville en ville jusqu’à à la bibliothèque Anatole France en 1998 en passant par la galerie George Bernanos. Il participa à une dizaine d’expositions collectives qui le menèrent de la galerie du centre culturel de la wilaya d’Alger, passant par le musée Picasso d’Antibes, l’Exposition universelle de Séville… Jusqu’à la galerie Nadjet Ovadia de Nancy.
Encline au gris et au sombre, sa peinture ne connait de couleurs que rarement. Il dit qu’il peignait son paysage intérieur, telles qu’étaient ses états d’âmes, et si elles reflétaient l’ambiance extérieurs, elles ne seraient que moroses car, dit-il, la situation n’est jamais propice à l’art. Aussi dès 1997, il prit son barda et se fixa à Paris après avoir tenté ce qui était possible ici en Algérie, en période d’inculture et de terreur, de surcroit. Il dut partir comme la plupart des artistes sont partis, la conjoncture l’y contraignant, emportant avec lui sa palette comme seule arme de combat comme seule pitance, son oxygène de survie, tel qu’il aimait à le préciser, dans un exil déroutant, déshumanisant.
Il se refuse d’être ce peintre des occasions, celui que l’on ressort pour tel ou tel événement, un objet d’ornement en quelque sorte. Dans sa période d’exil en France, son statut de réfugié dont on usait à mauvais escient a plus gêné son esprit d’artiste dilettante et désintéressé qu’excité l’enclin somme toute légitime du gain facile. Lui il se veut autre, indépendant, exposant quant il le veut et quand il le peut car, avoue-t-il, il n’est guère prolifique et souvent se retrouve-t-il à court de toiles. Son indépendance, n’a d’égale que sa sincérité et celle de son art, un art expurgé des fioritures, sains. Une symbiose, une fusion née d’un enchevêtrement de traits au premier jet obtenant en final ces silhouettes, ces formes informes qui pourtant laissent transparaitre un pouls, une vie !  Lui, parle de figures humaines, constantes, omniprésentes dans chacune de ses esquisses même si ces œuvres parlent âmes tourmentées quand le mouvement qui en ressort montre le degré de vie de ses êtres à deviner.
Toujours insatisfait, à la quête du singulier, de l’insolite , recherche et prospection, oscillant entre peinture à l’huile et autres formes et supports, c’est dans le papier qu’il étale avec panache son savoir faire avec un ajout de sincérité et d’attouchement «  Je suis tactile et charnel, caressant » dit-il pour argumenter son amour pour ce produit rêche et chaud qu’est le papier.
Fixer un visage sur une feuille, une toile. Graver la face humaine de l’homme en témoin indélébile, y dessiner de sa mine sombre une expression qui relate son état d’âme… L’homme, ou de la femme plutôt, demande à la Psyché: - Miroir mon beau miroir, suis-je belle ? « En fait, moi, je peins la réponse: l’image qu’il renvoie »
Ni soumis, ni assujetti, Mokrani ne passe pas son temps à rechercher des dates d’exposition. Il dessine et peins par à-coup, comme le dit si bien Lounis Ait Menguellet «  la création vient au bon vouloir de l’inspiration. Il apprécie Rambrant comme Bendaoud pour le clair obscur, la période semi abstraite de Belanteur et de Hocine Ranouh, mais surtout Issiakhem qui lui inspire ces formes tourmentées qui lui hantent l’esprit, Maître qu’il a connu de son vivant et a qui il a rendu hommage dans une expos particulière à laquelle l’a sollicité le Musée national des Beaux arts.
Mokrani se défend d’être sous l’influence d’une école, tout en s’enorgueillant de prendre un peu de chacune. « Quand on copie un auteur c’est du plagiat, quand on copie plusieurs, c’est de la recherche, dit Courteline ». Electron libre, que ce soit dans le choix du style, du thème ou de la palette, Il dit s’intéresser au simple détail de la vie de tous les jours, à une situation anodine, un fait banal… Tout cela compose le terreau dont il s’inspire, son matériau brut dont il en extrait la quintessence. Mystique ? Non, se refuse-t-il ! Même si les mots comme initiatique, spectres, silhouettes… reviennent dans ses langages et ses toiles, la peinture n’est-elle pas remplie de mystères ?
Après un retour en France à partir de 1997, Abdelwehab Mokrani vit et travaille à nouveau à Alger depuis 2004.

Par : N. B.

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