La commune de Bounouh a été créée lors du découpage administratif de 1985. Située au pied du Djurdjura, cette commune est frontalière de Ain Zaouia, Frikat et la wilaya de Bouira. Avec ses dix mille habitants, Bounouh possède également l’une des plus prestigieuses zaouïas du pays.
C’est la zaouia du Cheikh Ben Abderahmane, ce dernier serait né aux environs de 1715 au village Baâli dans la commune de Bounouh. Il étudia les sciences cultuelles à la Zaouia de Cheikh Essedik Ouarab Nath Irathen, ensuite il se déplaça à Alger, puis à El Azhar au Caire (Egypte). Il passera un quart de siècle à apprendre la chariaâ et les sciences de l’islam. Il apprendra le fiqh chez Cheikh Mohamed Salem El Hafnaoui. Découvrant en lui de nombreuses capacités, ce dernier le chargera d’une mission au Soudan pour aider les gens de ce pays à suivre le chemin de Dieu en leur apprenant le Coran et la Sunna. Après cette mission, il retournera en Egypte où il continua à prier auprès de son maître. En 1769, il rentra en Algérie. C’était donc à Ath Smaïl qu’il édifiera une zaouïa où il dispensera l’enseignement du Coran et apprendre aux disciples la méthode El Khaloutia. Après quelques années, il ressentit le besoin de dispenser son savoir à un large public. Il s’installa alors à El Hama (Alger) où il édifia sa zaouïa. En homme pieux, le cheikh recommandait aux gens de suivre le Coran et la Sunna du Prophète Mohamed (QQSL). Il mourut en 1793 après avoir réussi sa noble mission. Aujourd’hui les deux zaouias de Bounouh et d’Alger qui portent son nom, sont toujours des lieux de pèlerinage pour beaucoup de gens notamment durant les fêtes religieuses. On l’appel d’ailleurs Bou Qabrine ou le saint aux deux tombeaux.
Revenant à la vie quotidienne des habitants de Bounouh, ces derniers espèrent toujours leur part du développement à commencer par une régularité dans leur alimentation en eau potable qui reste le problème quasi sempiternel dans cette région. Selon les villageois, cette denrée est rare aussi bien à Bounouh que dans les autres villages et cela dure depuis des décennies. Actuellement Bounouh est alimenté à partir de captage de sources et forages de Helouane et de Thala Oullili en l’attente d’une solution définitive avec cette eau qui arrivera du barrage de Koudiat Asserdoun dans la wilaya de Bouira.
On compte à Bounouh, outre le siège de l’APC, un collège, et plusieurs écoles primaires éparpillées à travers le territoire de la commune, une agence postale, un centre de santé et un médecin privé. Après ça, tirez le rideau, il n’y a rien à voir. Certes, le village est électrifié et la route qui y mène de Boghni par Tala Oullili est bien entretenue, les autres voies d’accès étant en cours de réfection. On a cette douloureuse impression quand on se rend dans cette commune, que les gens ne vivent que grâce à l’apport de l’émigration. L’agriculture étant absente dans cette région une vue de l’esprit. Les rares terres agricoles appartiennent aux communes de Boghni, de Aïn Zaouïa et de Frikat. Seules quelques huileries procurent des emplois pour quelques personnes durant les quelques mois ou semaines qui suivent la récolte des olives.
Et en dépit de tous ses problèmes, Bounouh est par excellence le village de Farid Ali, de Moh Saîd Oubelaïd ou d’Oukil Amar, grands chanteurs kabyles dont les mélodies continuent à bercer les générations.
Par : Nawel Ben.