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Edition du 18 Septembre 2010



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Artisanat à Assaghène
Une coopérative pour conserver un pan de la mémoire targuie
18 Septembre 2010

L’artisanat targuie trouve dans les coopératives, à l’instar d’’Assaghène de Tamanrasset, ses conservateurs qui perpétuent une culture millénaire.

Implantée au quartier Assorro "lamaalmine", un repère de l’âme culturelle de la ville de Tamanrasset, Assaghène qui est la plus ancienne coopérative familiale d’artisanat traditionnel targuie, s’’est imposée au fil du temps, grâce à la persévérance et la passion que portent ses membres à ce noble métier, comme les représentants majeurs d’une tradition menacée de disparition. Cinq familles, toutes ayant des liens de parenté entre elles, se sont constituées en coopérative artisanale, spécialisée dans la fabrication de bijoux targuis, d’outils domestiques en bois et dans les travaux de cuir. Dans des ateliers de fortune, à l’aide d’outils traditionnels où le travail manuel est fortement sollicité, de jeunes artisans, tous issus de la même famille, s’attèlent à la tâche, pour honorer des commandes de bijoux targuis. Tout en continuant son travail sur une bague d’argent, en s’efforçant de sculpter le motif exigé dans la commande, M’riouet Mohamed, âgé de 29 ans, a expliqué à l’APS les secrets de cette activité qui a tendance à connaître une renaissance dans la région.
Il a soutenu que cette coopérative dans l’appellation targuie Assaghène, qui veut dire "liens", fait travailler plus de 40 personnes ayant hérité leur savoir-faire d’une tradition familiale.
Les M’riouet, Benabdellah, Bidari, Fayçal et Dakhouche ont fédéré leurs efforts pour bâtir cette coopérative artisanale qui possède, désormais, une renommée nationale et même internationale, raconte le jeune M’riouet. "Nous avons participé à plusieurs expositions aux Etats-Unis d’Amérique, en Grande-Bretagne, en France et au Portugal", a-t-il dit pour illustrer le niveau de maîtrise atteint par les artisans de cette coopérative datant d’avant 1990. "Il n’y a pas que le gain commercial qui motive l’activité d’Assaghène, car les familles, qui avaient fédéré leurs moyens dans cette úuvre, avaient comme objectif de perpétuer les traditions targuies et empêcher qu’elles disparaissent", souligne-t-il, ajoutant que "l’effort est orienté actuellement pour apporter une touche nouvelle aux bijoux targuis, tout en gardant l’authenticité de leur cachet". Un métier qui se transmet de père en fils de façon naturelle. Ce jeune diplômé en sport ne s’est pas retrouvé par hasard dans cet atelier, lui, dont les mains ont commencé à manipuler l’argent dès l’âge de 13 ans.
Juste à côté de lui, son jeune frère, technicien en informatique, s’atèle, à son tour à donner une forme à un bout de métal en argent qu’il vient juste de tirer du charbon.
"Durant mes heures perdues, je viens ici pour m’occuper", affirme ce jeune artisan qui possède, déjà, la même maîtrise de son frère dans la manipulation du métal en argent, malgré son amateurisme en la matière.
C’est dire que ce métier chez les M’riouet se transmet de père en fils, presque d’une manière naturelle.
C’est le même cas du jeune Nassereddine Benabdellah qui travaille habituellement à la radio locale de Tamanrasset, en qualité de journaliste.
Il n’a pas pu tourner le dos à ce métier qu’il a appris dès son jeune âge au sein de sa famille, au point d’occuper son temps perdu après les horaires de la radio, dans cet atelier vétuste.
Nassereddine qui est, aussi, membre de la Chambre de l’artisanat de Tamanrasset, trouve l’originalité de ce travail dans l’atmosphère qui règne à l’intérieur de l’atelier.
"Je n’éprouve pas la même aisance dans le travail des bijoux en argent que dans cet atelier", avoue-t-il, affirmant, néanmoins, que les outils traditionnels manuels gagneraient à être modernisés. C’est dans ce cadre qu’il a plaidé pour la création d’un centre de l’artisanat à Tamanrasset, avec la participation des artisans locaux, afin, a-t-il expliqué, de transmettre ce métier aux nouvelles générations. L’oncle de Nasserreddine, Benabdellah Mohamed, qui est à la tête de la coopérative depuis 20 ans, soutient, quant à lui, que l’aspect commercial "ne pose pas de problèmes", du moment, a-t-il assuré, que les ateliers s’activent quotidiennement à honorer des commandes de clients de la région ou d’autres parties du pays.
Il a expliqué qu’en plus des motifs traditionnels targuis, à l’instar de la Tirot (lettre), Dranda (le carré), la Khoumaïssa ou la croix du Sud, très prisée par les touristes, les artisans tentent d’introduire des motifs importés d’autres régions, comme les motifs des bijoux kabyles, tout en les enveloppant du cachet traditionnel propre à la région.
Assaghène, une coopérative familiale qui ne doit sa réussite qu’à la volonté de ses membres, compte mettre les moyens pour aller "le plus loin possible" dans sa quête de mettre à l’abri une partie de la mémoire de cette région.
Plus de 300 artisans continuent, en dépit des maigres saisons touristiques de ces dernières années, à conserver une partie de la mémoire targuie et attendent beaucoup de la jeune Chambre de l’artisanat de Tamanrasset.
APS


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