C’est quoi le droit chemin ?
Être sur le droit chemin ne veut pas dire se retirer dans un monastère pour se consacrer exclusivement et uniquement à l’adoration d’Allah ; c’est plutôt s’inscrire dans une logique constante et soutenue en vue de faire émerger une société humaine qui adore et vénère Allah, exalte soit-Il, qui se répand et se disperse dans tous les continents tout en se conformant strictement à Ses orientations, une société qui coopère dans le meilleur et dans le pire pour empêcher l’humiliation de l’opprimé, l’exclusion du déshérité, l’injustice des tyrans ou l’empiétement des droits des autres.
Cependant, des déviations et des écarts de conduite aussi graves que précis ont toujours emmaillé les longs siècles passés ! Avant de les passer en revue et de tracer leur tour et leur contour, qu’on nous permette de souligner un fait important : seuls les premiers prédécesseurs constituent une source et un exemple à suivre. Dans ce cadre, j’avoue admirer la parole attribuée à Ibn Massoud (qu’Allah soit satisfait de lui) qui aurait dit que : « Quiconque cherche à suivre un exemple doit jeter son dévolu sur quelqu’un qui est déjà décédé car celui qui est encore vivant n’est pas à l’abri de la tentation ! Il s’agit, bien entendu, des Compagnons de Mohammed (SAW) : fleurons de cette Oumma, ils étaient les plus purs de cœur et d’esprit, les plus versés dans la science et les plus simples dans leurs attitudes et leurs comportements. Ce sont eux qu’Allah (le Très Haut) a choisi pour tenir compagnie à Son Prophète et pour la mise en place de Sa religion. Reconnaissez-leur leur mérite, suivez leur trace et imbibez-vous, autant se faire que peut, de leur morale et de leurs méthodes car ils étaient sur la bonne voie, celle du droit chemin ».
Certains parmi ceux qui ont en eu marre de voir les déviations de l’époque contemporaine se faufiler parmi les Musulmans ont, pour y échapper, envisagé de revenir à un passé proche ou lointain de quelques siècles ! Je rétorque à ceux-ci qu’ils ne doivent pas réfléchir de la sorte car notre idéal réside au premier siècle seulement. En effet, le Prophète (SAW) a dit : «Quiconque parmi vous vivra après moi verra beaucoup de divergences, accrochez-vous donc à ma Sunna et à la sunna des califes biens-guidés après moi, mordez y de toute vos dents. »
Il va sans dire que ce qui est recommandé ici ce n’est pas de suivre leur exemple ou leur façon de monter les chevaux et les chameaux ou de faire la guerre avec l’épée et la lance ! Au contraire ! Ce qui est vivement conseillé c’est de les suivre dans leur abnégation et leur impartialité ainsi que dans leur crainte et leur préférence pour lâu-delà !
En fait, pour appréhender la réalité on a mis au point des moyens civils et militaires illimités. Il incombe donc aux adeptes du Message de bien connaître et maîtriser ces moyens. D’ailleurs, concernant les actes purement dévotionnels, les Oulémas n’ont pas manqué de montrer ce à quoi on doit s’en tenir du point de vue forme et fond. Pour le reste, c’est une autre paire de manches.
La justice est toujours la justice, même si des dispositions aussi nombreuses que variées ont été, au fil des âges, prises pour faire en sorte que ceux qui en manquent puissent en bénéficier. N’a-t-on pas dit « que les infortunes qui arrivent aux hommes sont proportionnelles aux turpitudes qu’ils commettent ».
Le principe de la consultation (la Shoura) est le même partout même si les garanties accordées pour que chacun puisse exprimer sa propre pensée ou résister à la tyrannie varient avec le contexte et les confessions.
Aujourd’hui on a vu des organes de propagande faire l’éloge de diverses sectes et confessions, utilisant des méthodes si attrayantes que si on ne les devance pas ils auront le pas sur nous et nous aurions alors agi uniquement envers notre religion, affaibli nos arguments de défense de nos droits et, plus grave encore, nous aurons à répondre devant Allah des excès commis par les extravagants.
Comment se fait-il qu’il y ait des déviations ?
Le droit chemin étant donc reconnaissable et saisissable par la raison et par les chaînes de transmission traditionnelles pourquoi alors en dévier ?
La réponse est bien simple : à cause de la nature des êtres humains! Nous faisons des erreurs et c’est tout à fait normal! Ce qui l’est beaucoup moins, c’est le fait qu’on y persiste et signe !
Mais il y a encore plus grave ! Il y en a qui empruntent la voie de la déviation sans s’en rendre compte ! Ou, peut-être, s’estiment-ils sur le bon chemin.
En effet la déviation, qu’elle soit morale, sociale ou politique, prend naissance quelque part à partir d’un point donné puis elle se développe formant alors avec la ligne droite un angle aigu, de sorte que si l’on mesure la distance entre la ligne de déviation et la ligne droite elle fera un doigt, puis elle s’étirera et deviendra un empan. Ensuite, avec le temps, la distance entre les deux lignes continuera à s’étirer jusqu’à devenir un ou plusieurs miles et, en conséquence, l’éloignement de la vérité sera remarquablement tangible et visible !
La déviation défectueuse ne se situe pas à un seul niveau ; il se peut qu’il y ait plusieurs raisons à celle-ci, que les chemins tortueux soient, par exemple, plus nombreux, que les piliers de l’islam se démantèlent un à un à cause du silence lâche souvent observé et des suspicions qui se sont étalées et propagées sans restriction aucune.
En raison des déviations héritées de génération en génération et de l’ignorance qui s’est généralisée, les repères du droit chemin ont failli disparaître si Allah n’avait pas assigné à quelqu’un la tâche de prendre soin de Sa religion pour la renouveler, lui garder son éclat et la défendre contre les aléas de tout bord.
A la mention du mot «religion» la première chose qui saute à l’esprit des hommes est la métaphysique et les recherches futuristes particulièrement énigmatiques dans ce domaine.